Une grande dame du monde de l’art nous a quittée. Et nous pleurons une amie très chère. Mais Monique continuera à vivre non seulement dans nos cœurs, mais aussi à travers son œuvre. Car elle a véritablement élevé au niveau d’une œuvre d’art authentique sa vision d’une collection d’objets provenant d’origines des plus diverses dans le temps et dans l’espace et qui tous témoignent, chacun à sa manière, du génie de l’humanité. Fille de Josef Mueller, de Soleure, elle était née entourée de tableaux de Ferdinand Hodler, de Cuno Amiet, de Cézanne, de Matisse, de Braque, mais aussi d’innombrables « fétiches », comme disait son père, d’Afrique et d’Océanie. Avec son mari Jean-Paul, elle a repris le flambeau dès les années cinquante, se concentrant essentiellement sur l’art moderne et contemporain et encourageant Jean-Paul à vivre sa passion pour les arts premiers. Il en est résulté le musée genevois que l’on sait, unique au monde. Quant à Monique, sa plus grande joie était de commercer directement avec les artistes, Samuel Buri, Jean Tinguely, Jeff Koons ou Andy Warhol qui a fait d’elle un magnifique portrait. Ils sont tous devenus ses amis. Mais le but de Monique n’était pas d’amasser une collection encore plus belle et plus spectaculaire que celles de son père ou de sa tante, Gertrud Dübi-Mueller, à laquelle elle a consacré un livre très émouvant. Son but était de rendre témoignage pour les générations à venir du génie créateur d’hommes et de femmes qui ont été capables de condenser dans une œuvre un moment d’éternité. Témoigner et donc transmettre. Monique s’y est attachée toute une vie durant, accueillant des artistes, recevant des amoureux de l’art, prêtant avec une générosité sans pareil quelques-uns de ses trésors pour des expositions à travers le monde. Aussi se mêle à notre tristesse aujourd’hui un sentiment de gratitude. Merci Monique pour ce que tu nous a donné, pour ce que tu as été et que tu resteras.
Robert Kopp