«It Never Ends» Carte Blanche à John M. Armleder

John M Armleder It Never Ends (FS), 2020 Technique mixte sur toile, chaises, 280 x 1000 cm Courtesy Galerie Almine Rech, Bruxelles / Paris et Massimo De Carlo, Milan / London / Hong Kong
John M Armleder It Never Ends (FS), 2020 Technique mixte sur toile, chaises, 280 x 1000 cm Courtesy Galerie Almine Rech, Bruxelles / Paris et Massimo De Carlo, Milan / London / Hong Kong
Initialement prévue au printemps 2020, « It Never Ends » est une invitation faite sous forme de carte blanche à John M Armleder qui, pendant plusieurs mois, développe un projet monumental d’exposition sur différents étages de l’ancien garage Citroën, avant les travaux de la plus vaste institution culturelle bruxelloise, Kanal-Centre Pompidou. John M Armleder It Never Ends (FS), 2020 Technique mixte sur toile, chaises, 280 x 1000 cm Courtesy Galerie Almine Rech, Bruxelles / Paris et Massimo De Carlo, Milan / London / Hong Kong Créée par la Région de Bruxelles- Capitale, la Fondation Kanal a porté à bout de bras le projet de reconversion du garage Citroën, situé place de l’Yser, en un pôle culturel majeur de la capitale européenne. Par le biais d’un partenariat conclu pour dix ans avec le Centre Pompidou, le site accueille notamment un musée d’art moderne et contemporain appelé tout simplement Kanal-Centre Pompidou. Que son responsable Yves Goldstein présente en ces termes : « […] c’est la conviction que l’art et la culture rassemblent dans une société qui divise de plus en plus, c’est créer un lieu où chacun se sentira chez lui. » C’est John M Armleder, l’un des artistes majeurs de la scène contemporaine, qui a été invité à investir, pour sa réouverture, ce palais de verre et d’acier – de vingt-et-un mètres de hauteur –, et plus précisément les espaces spectaculaires du showroom de l’ancien garage organisés sur six niveaux et tournés vers la ville : expositions,...

Initialement prévue au printemps 2020, « It Never Ends » est une invitation faite sous forme de carte blanche à John M Armleder qui, pendant plusieurs mois, développe un projet monumental d’exposition sur différents étages de l’ancien garage Citroën, avant les travaux de la plus vaste institution culturelle bruxelloise, Kanal-Centre Pompidou.

John M Armleder It Never Ends (FS), 2020 Technique mixte sur toile, chaises, 280 x 1000 cm Courtesy Galerie Almine Rech, Bruxelles / Paris et Massimo De Carlo, Milan / London / Hong Kong

Créée par la Région de Bruxelles- Capitale, la Fondation Kanal a porté à bout de bras le projet de reconversion du garage Citroën, situé place de l’Yser, en un pôle culturel majeur de la capitale européenne. Par le biais d’un partenariat conclu pour dix ans avec le Centre Pompidou, le site accueille notamment un musée d’art moderne et contemporain appelé tout simplement Kanal-Centre Pompidou. Que son responsable Yves Goldstein présente en ces termes : « […] c’est la conviction que l’art et la culture rassemblent dans une société qui divise de plus en plus, c’est créer un lieu où chacun se sentira chez lui. »

C’est John M Armleder, l’un des artistes majeurs de la scène contemporaine, qui a été invité à investir, pour sa réouverture, ce palais de verre et d’acier – de vingt-et-un mètres de hauteur –, et plus précisément les espaces spectaculaires du showroom de l’ancien garage organisés sur six niveaux et tournés vers la ville : expositions, installations immersives, concerts, performances, projections se succèdent en deux volets, durant sept mois – et depuis le 4 février 2021 sous une forme radiophonique afin de pallier la fermeture imposée par la crise sanitaire. Un riche programme pour participer à la promotion et à la diffusion de l’art actuel. Et se plonger dans de multiples ambiances juxtaposées, sensorielles, lumineuses. Dans une dynamique pluridisciplinaire, John M Armleder propose des dispositifs XXL qu’il a spécifiquement pensés pour le lieu, intégrant certaines de ses oeuvres déjà existantes avec de nouvelles productions ; le tout engagé dans une constellation d’événements pour mieux immerger le public à la fois dans son univers et dans celui de ceux et celles qu’il convie pour l’occasion, comme Carl Andre, Isabelle Cornaro, Sylvie Fleury, Ann Veronica Janssens, Christian Barclay, Radouan Mriziga ou encore Xavier Veilhan.

Thomas Downig Untitled, vers 1965 Peinture, Acrylique sur toile Courtesy galerie Sorry We’re Closed + Sébastien Janssen

À la fois personnelle et collective – au sens où elle accueille d’autres artistes –, « It Never Ends » affirme la dimension singulière du travail du Genevois qui a toujours pensé l’art en termes de collaborations et d’amitiés artistiques. « La création d’une exposition n’est pas tellement différente de la création d’une oeuvre individuelle », explique-t-il. En effet, dès la seconde moitié des années quatrevingt- dix, Armleder a la particularité d’utiliser l’exposition même comme médium, qu’il explore au travers d’un processus parfois d’invitations, mais aussi d’accumulation d’éléments hétérogènes – visuels ou sonores –, souvent inattendus par rapport aux codes traditionnels. Ainsi, il met en scène autant d’éléments triviaux qu’artistiques, et dans ce dernier domaine ne procède à aucune séparation entre arts appliqués et beaux-arts. Sans cohérence apparente ni chronologie sont ainsi réunis de façon parfaitement décomplexée des oeuvres d’art comme du matériel acheté en grande surface, des vidéos de série B voire de série Z, des néons, pour ne citer que quelques éléments parmi d’autres. Entre un étalage ou une superposition de ses pratiques artistiques diversifiées – peinture, sculpture, photographie, performances, dessins, instal-lations –, John M Armleder refuse toute hiérarchie et joue sur un glissement entre l’abstraction et l’ornemental. Aucune oeuvre n’a en effet plus d’importance qu’une autre. Le décoratif, l’ameublement et les arts plastiques sont des notions qui s’entremêlent, par exemple, dans ses « Furniture sculptures » – dont la plus grande occurrence jamais réalisée serait présentée actuellement à Bruxelles. En somme, dans un élan démocratique, tout est pensé de sorte à ne pas faire du musée une cathédrale de la culture.

Domenico Battista Dream, 2011 100 x 100 cm © Photo : Annik Wetter

Si, en 2006, « Amor vacui, horror vacui », exposition personnelle et rétrospective au MAMCO de Genève, marquait l’apogée de cette pratique de « la salade russe », deux ans plus tard, au Centre culturel suisse à Paris, Armleder, à son tour, offrait une carte blanche au décorateur Jacques Garcia pour réaliser l’exposition qu’il signait lui-même. Autre exemple, en 2009: pour son intervention à la galerie Caratsch à Zurich, il conservait l’exposition précédant la sienne – consacrée à Olivier Mosset, avec lequel il collabore à de nombreuses reprises – et y apposait son nom. On retrouvera l’artiste de Tucson à Bruxelles, invité dans « Big Bird », dernier volet du programme orchestré par John M Armleder, dans une scénographie expérimentale réunissant également les peintres Thomas Downing et Domenico Battista. Figure historique de l’art optique, ce dernier avait déjà été invité par son cadet de deux ans sur le stand Écart à la Foire de Bâle ; un stand qui, malgré sa taille modeste,crée la surprise à chaque édition, offrant un terrain d’échanges et de discussions sans poursuivre aucun but lucratif.

Domenico Battista Stepping out N° 30, 2015 100 x 100 cm © Photo : Annik Wetter

« It Never Ends » démarre avec un imposant échafaudage agrémenté de plantes, de lumières, d’écrans, reliant le rez-de-chaussée au premier étage. Comme souvent chez Armleder, aucune salle ne fait l’éloge d’une oeuvre, mais chaque salle est un événement en soi. Cet intérêt pour le « tout sans distinctions » se nourrit des idées de Fluxus, mouvement qui ne met aucune barrière entre l’art et la vie. L’occasion ici d’intégrer des pièces historiques comme des films expérimentaux de l’époque ou les éditions Flux Boxes sorties de la collection du Centre Pompidou, contenant aussi bien des poèmes que des oeuvres miniatures, dont le principe essentiel est d’être financièrement à la portée de tout un public.

Cette manière de faire multiple, foisonnante, parfois déconcertante, entre aujourd’hui en résonnance avec l’esprit de Kanal-Centre Pompidou, qui cherche à faire émerger une forme de musée « collaboratif » dont l’identité serait constituée par celles et ceux qui y créent, jouent, performent, s’en emparent pour proposer des nouvelles formes artistiques: « Nous voulons poursuivre cet inlassable travail de construire un musée pour tous, une maison de l’art ouverte, multiple et diverse. » Alors tant mieux si « It Never Ends » est à ce jour le projet d’exposition le plus important que John M Armleder n’ait jamais été invité à concevoir.

Karine Tissot

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