STAPFERHAUS ET WALSERHAUS RÉCOMPENSÉS
Deux prix ont été décernés à la Suisse : le Stapferhaus de Lenzburg a reçu le Prix européen du musée 2020 et le Walserhaus de Bosco Gurin le Prix Meyvaert 2021. C’est à l’occasion d’un événement en ligne que ces prix très convoités ont été remis en mai 2021. Le Stapferhaus a été couronné pour son innovation intellectuelle, son exploration d’idées différentes, sa proposition de débats. Le musée pose des questions difficiles, créatives et avant-gardistes. C’est un laboratoire de l’art de vivre… Le Walserhaus, lui, se distingue par sa durabilité sociale dans un contexte rural. Il vise à préserver une culture locale, des traditions et un travail collectif. Ce sont des bénévoles qui assurent les activités proposées. Le Prix européen du musée est destiné aux musées nouvellement ouverts ou rénovés. Les musées suisses sont souvent en compétition et régulièrement honorés par ces prix prestigieux.
PARCOURS DES MONDES FÊTE SES 20 ANS
C’est le plus grand salon international des arts extra-européens, asiatiques et d’archéologie au monde. Il se déroulera à Saint-Germain-des-Prés, au cœur de Paris. Des marchands français et internationaux ont déjà confirmé leur présence. Cette édition-anniversaire sera présidée par Guy Delcourt, fondateur des éditions éponymes, grand passionné des arts extra-européens et de l’art brut. Chaque année, le Parcours réunit plus de cent cinquante exposants sélectionnés parmi les plus grandes galeries venant avec leurs plus belles pièces. C’est l’occasion de croiser conservateurs de musées, collectionneurs avertis, simples curieux, décorateurs et d’admirer des expositions pointues et thématiques où l’excellence est de rigueur. Parcours des mondes, Paris du 7 au 12 septembre 2021.
OLAFUR ELIASSON
L’artiste dano-islandais traite des questions de perception, de mouvement, d’expérience corporelle. Il remet en question la façon dont nous percevons notre environnement. Cette exposition «Life» se détache du concept naturel et selon cette approche particulière permet d’aborder des sujets d’une manière différente : faire entrer l’extérieur à l’intérieur, le paysage devient une production naturelle, la nature envahit le musée ; l’eau d’un vert éclatant, les plantes choisies avec soin, montrent que nous les humains faisons partie de systèmes plus vastes. La culture et la nature deviennent ici inséparables. «Life » n’est pas liée à une notion humaine du temps , elle ne suit aucune date fixe… La construction et la déconstruction font partie intégrante de l’œuvre d’art et c’est à cela qu’assistent les visiteurs depuis le parc, à une constante mutation. Humains et non-humains peuvent vivre cette expérience. Le soir « Life» resplendit de lumière ! L’agentivité de l’art n’est pour l’artiste ni une valeur intrinsèque, ni un noyau essentiel mais une manière d’« être au monde», le visiteur devient l’agent de sa rencontre avec l’œuvre. La question est : que se passe-t-il dans la rencontre entre l’art, le visiteur et le monde dans lequel ces chemins se croisent et qu’en est-il lorsque le visiteur est autre qu’un être humain ? Une exposition débordante de nos préoccupations concernant la nature et la culture… À la Fondation Beyeler, Bâle, jusqu’en juillet 2021.
SCULPTURE SUISSE
Cette exposition propose plus de deux cents œuvres provenant d’environ cent cinquante artistes à découvrir lors d’un parcours qui commence dans le musée et se poursuit à travers le parc attenant. C’est un aperçu général de la création sculpturale dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tradition, avant-garde, post-modernisme sont les thèmes qui ressortent de cette magnifique rétrospective où l’innovation et la diversité tiennent un rôle principal. La sculpture est un objet réel, la rencontre est une expérience, une immédiateté dans l’esprit du visiteur. Des artistes en «vogue» dès 1945 tels que Arp, Bill, Alberto Giacometti, Richier, Geiser, Rossi, Tinguely, Niki de Saint Phalle sont les acteurs du parcours avec des créations devenues des grands classiques. On pourra également admirer des œuvres de Doris Stauffer, Giger, Roth, des images vidéos de Rist, un amusant concert mis en scène par Delphine Reist. L’exposition guidera le visiteur vers les diverses tendances et nouvelles avant-gardes des années soixante jusqu’à nos jours. La visite suit une chronologie qui permet de mettre en évidence certaines formes d’expression offrant des redécouvertes et des nouveautés. Un concept original de mise en scène métamorphose l’espace : tout est inondé de lumière, les créations interagissent entre elles et entre la salle d’exposition et le public, entre sculpture et environnement. Ces œuvres apportent une contribution à la compréhension de notre monde composite, complexe, parfois même contradictoire. Les artistes semblent en avoir eu conscience. La sculpture suisse depuis 1945, Aargauer Kunsthaus, Aarau du 12 juin au 26 septembre 2021.
HODLER ET LA WIENER WERKSTÄTTE
Le musée expose des peintures, des dessins, des meubles, des pièces de joaillerie-bijouterie et des objets décoratifs datant de l’époque de la Sécession viennoise. Ce sont environ cent soixante objets que l’on peut admirer, rassemblés par Tobias G. Natter, commissaire de l’exposition. Un regard neuf est posé sur Ferdinand Hodler qui doit sa percée internationale à sa participation à l’exposition de la Sécession viennoise de 1904 où il présente toutes ses œuvres majeures. Succès qu’il attendait depuis longtemps… C’est à Vienne qu’il se familiarise avec le « Jugendstil viennois ». Parmi les artistes qu’il rencontre à Vienne, on peut citer Gustav Klimt, artiste qui incarne la couleur, l’érotisme et l’ornementation en prônant une nouvelle définition de l’art et de l’artiste face au public. Toutes ses idées se retrouvent dans la conception de la Wiener Werkstätte fondée en 1903, pilote de l’histoire moderne du design. Outre le mobilier dessiné par Josef Hoffmann, on peut admirer dans l’exposition du Kunsthaus de nombreux objets utilitaires conçus pour l’appartement des Hodler à Genève, dont la décoration avait entièrement été confiée à cet architecte-designer. Ce fut une immense publicité pour la Wiener Werkstätte en Suisse. La production de ces objets sera diversifiée à Zurich, ces derniers étonnent par leur innovation audacieuse qui se place au-dessus de la forme fonctionnelle. L’exposition est un témoignage de ce design innovateur frappant par sa diversité et son charme exceptionnel ! Une autre façon aussi de percevoir Hodler ! Kunsthaus de Zurich, jusqu’au 29 août 2021.
SOUFFLE DE VIE À LA FONDATION OPALE
C’est un défi d’exposer le son, le son originel, celui qui vient de la terre : «Breath of Life » au travers d’une centaine d’œuvres présente la plus grande exposition jamais consacrée au yidaki, une expérience unique de sons vibratoires, de chants et de danses cérémoniels. Fidèle à sa vocation de dévoiler des expressions artistiques contemporaines, notamment numériques, la Fondation place les vecteurs de la tradition aborigène en concordance avec eux. Le didgeridoo, instrument symbolique de l’Australie, appelé aussi yidaki, est unique et complexe en raison de la multitude de ses aspects sonores et visuels et de ses implications artistiques et culturelles. Il est investi d’un pouvoir particulier, il a même une puissance guérisseuse qui transcende l’espace et le temps. Le visiteur en découvrira les possibilités sonores, vibratoires et visuelles, sa fabrication et ses usages. Plusieurs installations multimédias immersives rendront la visite encore plus attractive : notamment une «mapping vidéo » où des cérémonies traditionnelles sont recréées avec des esprits qui s’animent et dansent. Durant l’exposition un cor retentira dans les alpes, témoin par-delà les montagnes et les mers des échanges culturels que les artistes aborigènes perpétuent et partagent avec le monde. Le souffle du yidaki a l’ampleur de l’universalité. Un vrai dialogue entre cultures et peuples ici à travers l’art. À la Fondation Opale à Lens/Crans-Montana du 13 juin 2021 au 17 avril 2022.
ROBERT DAWSON ET RICHARD SLEE À L’ARIANA
Robert Dawson et Richard Slee posent un regard excentrique sur le monde. Ils puisent depuis longtemps leur inspiration dans l’histoire de la céramique et des arts décoratifs. Travaillant tous deux autour de l’objet trouvé qu’ils détournent, leur discours les mène avec humour sur des voies contrastées. Slee propose des objets aux surfaces vives et luisantes. Dawson explore la texture de l’argile posée sur toile. Ils interrogent sans cesse les évidences et secouent les conventions. L’Ariana présente ici une panoplie d’œuvres, inspirées la plupart des collections du musée, déstabilisantes offrant un point de vue original sur le monde et effaçant les idées préconçues. À ne pas manquer ! Pièces à Problèmes – Robert Dawson et Richard Slee. Un regard excentrique, au musée Ariana, Genève, du 18 juin 2021 au 9 janvier 2022.
LES INTERROGATIONS DE PAUL KLEE
Paul Klee était en quête de nouvelles formes picturales d’expression et s’intéressait à l’origine de l’art. C’est en étudiant et en collectionnant des dessins d’enfants et des œuvres d’art brut qu’il espérait trouver des réponses à ses questions. Dans la lignée de cette recherche artistique, à l’aide des œuvres de l’artiste et de ses documents privés, l’exposition s’interroge sur les problèmes que posent les schémas de pensées idéologiques de la modernité.
Au début du XXe siècle, l’Europe, marquée par des crises politiques et économiques, est la scène de bouleversements sociaux et culturels. Dans cette optique, Paul Klee remet en question tout ce qui a été enseigné et recherche des formes d’expression artistique différentes des conceptions que l’on avait de l’art en Occident. Le groupe du «Cavalier Bleu», les dadaïstes et les surréalistes que Klee fréquente au début du siècle dernier, commencent aussi à collectionner et à étudier les dessins d’enfants, les œuvres de personnes ayant séjourné dans des asiles psychiatriques, l’art préhistorique et extra- européen. Klee confronte toutes ces productions artistiques à ses propres œuvres et reste fasciné par tout ce qui s’écarte des normes. S’appuyant sur l’œuvre de Klee et sur des documents personnels provenant de ses archives, l’exposition jette un regard critique sur les schémas de pensées idéologiques du modernisme. Elle met en lumière la façon dont on se représentait les supposées «origines de l’art», elle représente également un aperçu de la recherche actuelle sur ce sujet soulevant aussi de nouvelles questions qu’il faudra bien résoudre à l’avenir. Paul Klee. Je ne veux rien savoir, au Centre Paul Klee à Berne jusqu’au 29 août 2021.
LA COLLECTION THOMAS WALTHER
Durant les années de l’entre-deux-guerres, les possibilités créatives explorées par la photographie ont été riches et variées. Cette période inventive, tant par des sujets documentaires qu’abstraits ou architecturaux, est saisie dans plus de trois cent cinquante photographies constituant la collection Thomas Walther du Museum of Modern Art de New York. Ce sont des tirages exceptionnels de figures emblématiques et des trésors moins connus… La plupart de ces œuvres ont été réalisées soit dans la rue soit en studio, mettant en scène des portraits, la vie urbaine, sociale, donnant un aperçu unique des objectifs « radicaux » et avant-gardistes de leurs créateurs et faisant de ce médium l’un des outils créatifs les plus importants des arts visuels de notre époque. Une magnifique exposition! Chefs-d’œuvre de la photographie moderne 1900-1940, MASI Lugano, jusqu’au 1er août 2021.