If and Only If (2018) de Anri Sala

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[fvplayer id="1"] Anri Sala If and Only If, 2018 Single channel HD video and discrete 4.0 surround sound installation, color Duration: 9:47 Courtesy: Marian Goodman Gallery, Galerie Chantal Crousel Le film If and Only if (2018) nous propose la lente progressions d’un escargot de jardin en direction du haut de l’archet de l’altiste Gérard Caussé interprétant L’Elégie pour alto seul de Stravinsky. L’artiste adapte la pièce afin de laisser l’escargot cheminer, il l’encourage dans un effort commun. Ecoutons Gérard Caussé : Par delà son écoute intérieure, intime, de la musique… qui entre en résonance avec ses propres vibrations, l’interprète est confronté à l’émission de ce qu’il entend en lui-même. Quel geste trouver pour dire ma musique intérieure ? Globalement la technique du geste est ici questionnée. Ce sera une gestuelle mille fois répétée, alliant une sensibilité parfois exacerbée au geste millimétré dans sa précision, sa finesse, sa finalité. Mais aussi, savoir écouter son propre geste, son inventivité, accepter de le recevoir lorsqu’il révèle une soudaine résonance inattendue. La motricité indéfiniment sollicitée du bras, de la main, de chacun des doigts, de leurs positionnements, vient se conjuguer, et même se fondre avec la sensibilité qui s’affine dans une forme d’indicible. Voici en quelques mots, brossé le subtil tissage, en deçà du langage, de l’alliance, de l’alliage des sensations corporelles avec les plus fines vibrations, celles de l’émotion musicale. Ces mêmes vibrations qui m’habitent en tant que musicien, Anri SALA m’invita à les mettre en résonance avec celles de cet hôte inouï...

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Anri Sala
If and Only If, 2018

Single channel HD video and discrete 4.0 surround sound installation, color
Duration: 9:47
Courtesy: Marian Goodman Gallery, Galerie Chantal Crousel

Le film If and Only if (2018) nous propose la lente progressions d’un escargot de jardin en direction du haut de l’archet de l’altiste Gérard Caussé interprétant L’Elégie pour alto seul de Stravinsky. L’artiste adapte la pièce afin de laisser l’escargot cheminer, il l’encourage dans un effort commun.

Ecoutons Gérard Caussé :

Par delà son écoute intérieure, intime, de la musique… qui entre en résonance avec ses propres vibrations, l’interprète est confronté à l’émission de ce qu’il entend en lui-même.
Quel geste trouver pour dire ma musique intérieure ? Globalement la technique du geste est ici questionnée.
Ce sera une gestuelle mille fois répétée, alliant une sensibilité parfois exacerbée au geste millimétré dans sa précision, sa finesse, sa finalité.
Mais aussi, savoir écouter son propre geste, son inventivité, accepter de le recevoir lorsqu’il révèle une soudaine résonance inattendue.
La motricité indéfiniment sollicitée du bras, de la main, de chacun des doigts, de leurs positionnements, vient se conjuguer, et même se fondre avec la sensibilité qui s’affine dans une forme d’indicible.
Voici en quelques mots, brossé le subtil tissage, en deçà du langage, de l’alliance, de l’alliage des sensations corporelles avec les plus fines vibrations, celles de l’émotion musicale.
Ces mêmes vibrations qui m’habitent en tant que musicien, Anri SALA m’invita à les mettre en résonance avec celles de cet hôte inouï que fut « mon escargot » juché sur mon archet !
Dirai-je que je dus m’identifier au langage corporel de mon escargot ? Récepteur de ses appuis ? ses arrêts ? ses palpations ? ses progressions ? , à l’écoute de ce qu’il m’en faisait pressentir, ressentir ?
Je dus intégrer toute sa mouvance dans ma propre malléabilité instrumentale. Ce fut parfois un compagnonnage acrobatique, m’obligeant à ma découvrir dans une expression inventive, questionnant alors ma réceptivité à l’écoute de mes propres gestes, inhabituels, sollicités, provoqués par « mon escargot ».
Certes, mais pour autant, ce gastéropode fut suffisamment souple pour que cette Élégie si profonde n’en soit pas altérée, je dirais même qu’elle en fut, en quelque sorte, sublimée.
Toutes ces évocations m’ont-elles servi à me tenir en deçà de mon véritable questionnement : mon ébranlement personnel…

Pourquoi cette oeuvre ?

Elle est comme un cri du coeur, celui du déchirement.
Alphonse ONNOU est décédé, merveilleux violoniste fondateur du Quatuor Pro Arte ; son alter-ego, Germain PRÉVOST, l’altiste, se tourne vers STRAVINSKY en quête d’une Élégie, du grec « élégia », ce « Chant de Mort ».
Une écriture en double corde, double voix qui ne cessent de s’entrelacer, qui font surgir un chant d’amour et de
deuil, long, lent, insistant, pénétrant au coeur du drame de la séparation, celle qui rend la présence encore plus absente.
L’escargot est-il là pour signifier un attachement indélébile, fait pour se coller toujours plus…et quand il se déplace, il laisse une trace argentée, signe de sa présence lumineuse…
Sa lenteur serait-elle le témoin d’un temps suspendu ?
Ombre portée de l’autre sur mon archet, de l’autre ? de Qui ?
de qui à jamais perdu et pourtant toujours présent…
Ce « Visiteur du Moi », comme le nommait Alain de MIJOLLA, analysant chez RIIMBAUD, ces présences intérieures qui nous hantent…
toujours présentes, toujours manquantes.

STRAVINSKY revint en Russie après 48 ans d’exil. Que d’ombres portées dans son Élégie, fantômes perdus d’un exil douloureux.

L’élégie en suinte, l’escargot aussi.

Gérard CAUSSÉ

1 The term if and only if signifies in logic a bi-conditional statement, meaning that
both conditions must hold for the statement to be true.

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