Dans le monde de l’art, l’entreprise de déménagement est un partenaire indispensable. Une des plus importantes en Suisse est dirigée depuis 2015 par Isabelle Harsch, jeune CEO de l’établissement familial, spécialisé dans le transport et le stockage de biens, fondé par son grandpère, Henri Harsch en 1957. Après des études de droit, elle a rejoint la PME où elle a su imposer son style et son management. D’une curiosité insatiable, elle est toujours à la recherche de processus innovants au service du monde de l’art. Isabelle Harsch et son équipe rassurent les conservateurs de musées, les collectionneurs ou encore les galeristes,
toujours très craintifs lorsqu’il s’agit de manipuler des oeuvres…
Depuis 2015, vous êtes la troisième génération à la tête de l’entreprise familiale, vous avez développé des antennes dans les cantons de Vaud, Zurich et Bâle. Avez-vous d’autres projets ?
J’aimerai intégrer davantage de technologie dans nos métiers. Pas uniquement le digital qui est déjà très présent dans nos processus, mais surtout d’autres avancées comme la réalité augmentée, les exosquelettes ou encore l’IoT (internet des objets). Sur l’IoT, nous faisons
partie d’un groupe, mené par un directeur de musée, et constitué pour étudier les impacts et les apports de cette technologie dans le domaine muséal. Pour les autres sujets, nous avons eu la chance d’entrer en contact avec l’EPLF et nous étudions la possibilité de développer une collaboration dans l’un de ces domaines.
Quel est le mandat le plus exigeant, le plus périlleux que vous ayez réalisé ?
Il y en a tellement ! Il nous arrive rarement d’en parler car nous sommes tenus au secret professionnel pour une majorité d’entre eux, mais je me souviens d’une opération très médiatisée. Nous devions transporter un sarcophage romain vieux de plus de deux mille ans, pesant pas loin de trois tonnes qui avait été exposé à l’Université de Genève (Bastions) avant de le retourner en Turquie. Le sarcophage, d’une valeur inestimable, était encore très bien conservé. Nous pouvions y voir sur les quatre côtés, les douze travaux d’Hercule ; le treizième fut pour nos collaborateurs (rire).
Avez-vous une anecdote à ce sujet ?
Le plus stressant pour les équipes n’était pas la valeur du sarcophage, ni l’opération particulièrement périlleuse, mais les quatre caméras de télévision qui les filmaient sous tous les angles. Je vous laisse imaginer la pression !
Quelle est l’importance de l’art dans votre vie ?
Déjà petite, j’ai eu la chance de grandir dans une famille où l’art était très présent. J’aime toutes les formes d’art : les arts visuels, la musique, le théâtre. L’art m’a donc toujours accompagnée et m’a sans doute permis d’exprimer une sensibilité et aussi de développer ma créativité. J’ai d’ailleurs joué pendant plus de quinze ans de la guitare classique au Conservatoire de Genève. Aujourd’hui, je suis beaucoup en contact avec l’art grâce à notre métier de transporteur et entrepositaire d’oeuvres d’art. J’ai découvert donc un nouvel univers plus pragmatique et stratégique, mais tout aussi captivant ! Travailler en lien avec l’art rend notre quotidien tellement riche et surprenant. Il y a sans cesse des questionnements nouveaux et nous devons être capables de trouver des solutions sur-mesure et adaptées aux situations particulières que l’on rencontre ; et surtout on crée des liens avec des gens passionnés et passionnants.
Le courant artistique avec lequel vous avez le plus d’affinités ?
Ma mère m’a transmis sa passion de l’art antique. Nous avons beaucoup voyagé en Grèce et en Italie à la découverte des trésors archéologiques. J’ai d’ailleurs étudié le grec ancien au collège et je me suis beaucoup intéressée à l’art grec de la période classique. Lors de mon année Erasmus à Berlin, dans le cadre de mon master en droit, j’ai découvert de nouveaux courants, beaucoup plus alternatifs. Berlin est une ville reconnue pour abriter beaucoup d’artistes contemporains et où la créativité n’a pas de limite. J’aime l’art à cause de sa grande diversité ; cette diversité a accompagné les différentes étapes de ma vie. Il m’est donc difficile de choisir un courant particulier.
Quelle est l’oeuvre pour laquelle vous feriez des folies ?
La première fois que j’ai voulu acheter une oeuvre, c’était une oeuvre de l’artiste suisse Markus Raetz. J’ai été conquise par sa façon d’interroger le réel et le regard qu’on porte sur les objets. Il joue avec notre perception pour dire autre chose que ce que l’on voit de prime abord. Il arrive même à faire ressortir une perception complexe d’éléments simples et anodins.
Quelles sont les expositions que vous conseillez pour cette rentrée ?
Je conseillerais une visite à la Fondation Opale dans son magnifique écrin à Lens, où se tient l’exposition BREATH OF LIFE, exposition qui nous fait voyager à travers le son ! L’exposition Abstractions plurielles où l’on peut apprécier des Calder, Soulages et Vasarely au Musée de Pully est aussi à ne pas manquer !