CARAN D’ACHE – UN LABO CRÉATIF À P10
Fleuron du swissmade et catalyseur d’expression artistique, Caran d’Ache n’a pas raté le train de Plateforme 10 à la gare de Lausanne. Dans quatre des quatorze arcades qui font face au Musée des beauxarts et bordent « l’allée culturelle » menant à ceux du Mudac et de
Photo Élysée, la maison genevoise a installé son premier Espace créatif en plein quartier des arts lausannois. Elle y propose résidences d’artistes, ateliers créatifs et expositions inédites qui font la part belle aux talents neufs et leur offrent une visibilité idéale sur l’esplanade des musées. Après la carte blanche tendue à Nicolas Bamert alias l’Original pour sa fresque colorée et joueuse, c’est le tandem Jon Monnard et Matthias Forbach dit Fichtre qui ont mis en lien leurs images, leurs mots et leurs sons dans un vibrant Champ des possibles, la Parisienne Beya Bebaï, son univers onirique et minutieux puis le
graffiteur Rylsee (Cyril Vouilloz) dont l’installation cinétique s’est ralliée au thème du train commun aux trois musées de P10. Jusqu’à mi-octobre, un groupe d’étudiants de la HEAD (Haute école d’art et de design de Genève avec qui Caran d’Ache collabore depuis une
dizaine d’années pour l’organisation de workshops et pour le Prix Caran d’Ache + HEAD) prend le relais suite à un atelier donné par l’illustrateur français Paul Lannes avec les fameux crayons Luminance.
Plateforme 10 – Arcades 8 -11, 16 pl. de la Gare, 1003 Lausanne.
DANS LES YEUX D’ELSA
Le Musée des Arts décoratifs de Paris met à l’honneur l’oeuvre audacieuse d’Elsa Schiaparelli, créatrice italienne dont l’inspiration s’est nourrie de l’avant-garde parisienne des années vingt et trente. Un tourbillon de fantaisies habite cette inventive de mode. Ce sont cinq cent vingt oeuvres, costumes et accessoires qui racontent, dans cette exposition, la hautecouture des années vingt à cinquante et ses liens féconds avec les artistes. Salvador Dali, Jean Cocteau, Meret Oppenheim, Alberto Giacometti, Leonor Fini ne cesseront de nourrir sa création. Cette grande rétrospective met également en lumière
l’héritage du style Schiaparelli, interprété par de célèbres couturiers tels que Saint Laurent, Alaïa, Galliano, Lacroix etc. Un mélange jubilatoire d’élégance et d’extravagance,
d’humour et d’insolence… Pour preuve ses collections hommages aux papillons, au cirque, à la musique, son chapeau chaussure, son iconique robe homard, cette cape « rose
shocking », sa couleur signature ! « Schiap for ever » !
Shocking ! Les Mondes Surréalistes d’Elsa Schiaparelli, Musée des Arts décoratifs, Paris, jusqu’22 janvier 2023.
RENÉ AUBERJONOIS – LOUIS SOUTTER. LES CANDEURS PREMIÈRES
L’exposition rapproche deux artistes phares de la collection du MCBA et s’interroge sur leur quête commune d’un retour aux sources de l’art. Nés tous deux il y a cent cinquante ans, à Morges et à Lausanne, ils sont deux virtuoses du dessin. Soutter, c’est l’abandon des conventions, la fougue expressive. Auberjonois, le combat avec la norme académique, la retenue du geste, le trait médité… Leurs esthétiques semblent donc aux antipodes. Pour
comprendre le soutien qu’Auberjonois apporte à Soutter, isolé du monde et reclus dans sa solitude, l’exposition a puisé dans les riches fonds du MCBA. Elle confronte le destin de ces deux hommes, leur découvre des points communs et rapproche leur oeuvre dans leur quête partagée d’un retour aux sources de l’art. Une analyse intéressante !
À voir au Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, du 14 octobre 2022 au 8 janvier 2023.
AU COEUR DE L’ABSTRACTION
En présentant les oeuvres abstraites de ce Fonds genevois, la Fondation Maeght propose une immersion dans la bouillonnante création des années quarantecinq à quatre-vingts. Tous les courants sont présentés dans cette exposition depuis Pierre Soulages et Hans
Hartung avec l’abstraction lyrique et gestuelle jusqu’au courant « support/surfaces » des années soixante-dix, en passant par l’expressionnisme abstrait de Sam Francis ou la sculpture cinétique de Jean Tinguely. Que de merveilles ! Un magistral cours de l’art abstrait dans un cadre enchanteur…
À voir jusqu’au 2 novembre 2022 à la Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, France.
UNE MAGNIFIQUE DÉCOUVERTE
À l’entrée de la Fondation Cartier, un écran géant accueille les visiteurs. Une petite dame face à une toile monumentale trace de grands traits colorés. On découvre ainsi Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, artiste aborigène australienne, star en son pays
plus connue sous le nom de Sally Gabori… À quatrevingts ans, en 2005, elle débute sa vie d’artiste et ne lâchera ses pinceaux qu’à sa mort en 2015, laissant plus de deux mille toiles derrière elle. Ses peintures sont des abstractions lyriques empreintes de la liberté fougueuse du geste. Elle fait danser les couleurs et raconte l’île de Bentinck, qu’elle et les siens ont quittée en 1948 pour aller à la mission presbytérienne de l’île Mornington
à la suite d’un cyclone. Exil douloureux où elle a dû rompre avec sa culture et ses traditions. C’est dans sa peinture qu’elle les fera ressurgir !
À voir jusqu’au 6 novembre 2022, Fondation Cartier, Paris.
ANISH KAPOOR À VENISE
C’est le premier artiste britannique à bénéficier d’une exposition d’envergure au sein d’endroits emblématiques. Une double présentation, l’une à la Gallerie dell’ Accademia et l’autre au Palazzo Manfrin, ce dernier acquis récemment par la Fondation Anish Kapoor. À la Gallerie, l’artiste présente une série explorant le potentiel des nanotechnologies du
carbone. Comment pousser la sculpture jusqu’à l’immatérialité, amener le noir à l’absolu ? Kapoor sait à merveille abolir la frontière entre absence et présence, matière et illusion. Au Palazzo Manfrin, qui vire au rouge sang, il dévoile une série de sculptures. En constant dialogue avec les chefsd’oeuvre des grands maîtres vénitiens, les oeuvres de Kapoor déclenchent une réflexion sur la puissance et la place de l’art contemporain au sein
d’un lieu d’histoire.
À voir à la Gallerie dell’ Accademia et au Palazzo Manfrin, Venise, jusqu’au 9 octobre 2022.
AU MAH, LE TEMPS COURT DANS SES PLUS BEAUX ATOURS
Dix milliards d’années, c’est la durée de vie estimée du soleil dont cinq milliards seraient déjà écoulés ! C’est la rencontre entre le temps des horlogers et le temps artistique. L’occasion de montrer six cents pièces des collections d’horlogerie du musée et des oeuvres d’art contemporaines placées parmi les objets patrimoniaux : une antique horloge à huile du XVIIIe voisine avec une horloge électronique binaire, une horloge de clocher du XVIIIe regarde un mécanisme de Jean Tinguely… Cette accumulation d’objets, certains rivalisant d’élégance, comme ces pendules neuchâteloises, se veut un hommage à la profusion des collections du musée. Des pièces anciennes entrent aussi dans une installation d’artiste vivant. Une paroi tapissée de montres Swatch, une autre de réveille-matin frappe le regard par un effet de masse. Certaines de ces pièces sont des chefs-d’oeuvre tels que l’horloge astronomique de Millenet, le micromètre de B. Oltramare, un planétaire anglais de Georges Adams. En fin de parcours, un juke box surprend les visiteurs, programmé avec uniquement des minutes de silence !
10 milliards d’années, Musée d’art et d’histoire (MAH), Genève jusqu’au 30 octobre 2022.
COMMANDERIE DE PEYRASSOL
La saison artistique 2022 de la Commanderie propose deux nouvelles expositions. L’une orchestrée par Michelangelo Pistoletto, chantre de l’Arte Povera. Au travers de ses « tableauxmiroirs », l’artiste invite à repenser notre propre relation au corps et à celui des autres. La deuxième exposition offre un dialogue entre deux collections : celle du propriétaire, Philippe Austruy qui converse avec celle de la galerie De Jonckheere, spécialisée en peinture flamande et hollandaise. Cinq siècles séparent ces deux collections et pourtant des questions similaires traversent leurs oeuvres. Un écrin bucolique qui marie à merveille art, nature et gastronomie !
À voir jusqu’au 1er novembre 2022, Commanderie de Peyrassol, Flassans-sur-Issole, Var, France.
JEAN-MICHEL OTHONIEL INVESTIT LE « PALAIS IDÉAL » DU FACTEUR CHEVAL
C’est la première fois qu’un artiste contemporain est invité à s’exprimer dans cet endroit.
Avec des oeuvres créées in situ aménageant des fontaines en verre de Murano miroité de bleu indien, l’artiste sculpteur célèbre le rêve du facteur Cheval quand il a conçu ce bâtiment il y a cent dix ans. Ce travail élégant et raffiné se fond dans la construction sans jamais lui voler la vedette. Le ruissèlement de l’eau confère au lieu un peu de magie. Un télescopage très poétique, à voir absolument !
Le rêve de l’eau, Palais idéal du facteur Cheval, Hauterives, France jusqu’au
6 novembre 2022.
MATTHIEU GAFSOU – PHOTOGRAPHE
Le parcours photographique de cet artiste suisse depuis ses débuts est retracé pour la première fois par le Musée d’art de Pully. Né à Lausanne en 1981, il étudie la philosophie, la littérature et l’histoire avant de poursuivre sa formation en photographie. Parallèlement à son travail artistique, il enseigne à l’ECAL (École cantonale d’art à Lausanne). L’exposition s’articule en deux volets, composée d’une part de séries phares de l’artiste, d’images de commandes ainsi que de prises de vues inédites et, d’autre part, de la série « Vivants » achevée ce printemps. Ses premières séries s’inscrivent dans la tradition de la photographie documentaire et de paysages, les travaux suivants abordent des sujets sociaux et le transhumanisme. « Vivants » traite de ses inquiétudes face à la crise écologique. C’est une oeuvre complexe, d’une grande narrativité et d’une grande liberté. Cette exposition importante offre une vision de l’un des photographes majeurs de la scène
artistique suisse.
Le voile du réel, Musée d’art de Pully, Suisse, jusqu’au 11 décembre 2022.
