Durant ces dernières années, chacun a été contraint de s’adapter, voire de se réinventer. Il s’agissait parfois de faire volte-face pour affronter les revirements qui ont bousculé des routines et des mécanismes
qu’on croyait immuables. Avec précaution, en tenant compte d’impondérables surgis de nulle part, chacun parlait avec des « si », comme si la planète avait échangé ses bottes de géant aérien contre
des pantoufles de barbon. Il a fallu faire contre mauvaise fortune bon coeur pour ne pas perdre pied dans la tourmente. C’est ce qu’a fait la BRAFA, non sans talent. Elle a su maintenir le cap en lançant une Brafa in the Galleries, mariant son image médiatique à la réalité et récemment en osant une édition de juin aux couleurs printanières. L’une et l’autre ont prouvé que rien ne pouvait affecter les forces vives qui animent la hardiesse des organisateurs et l’apport confiant d’indéfectibles participants à ce salon toujours élégant mais jamais guindé.
L’édition 2023, reprend le fil de la tradition. Elle retrouve sa place de choix habituelle au calendrier des activités culturelles à la fin du mois de janvier. Le bref laps de temps entre le dernier et le prochain salon,
loin de décourager les organisateurs, leur a insufflé une énergie nouvelle. L’édition de juin s’est tenue dans un nouveau cadre : Brussels Expo et son imposant complexe de bâtiments datant de la période
Art déco faisant face à l’emblématique Atomium. Si tout changement de lieu sous-entend des contraintes nouvelles auxquelles il faut pallier, il permet aussi de mieux exploiter les ressources cachées d’une
nouvelle implantation.
D’année en année, il s’est avéré que la BRAFA dispose d’une série d’atouts majeurs qui ont forgé ses succès consécutifs. Il y règne, pardelà les impératifs d’excellence qualitative, une atmosphère de décontraction et d’intemporalité. Elle résulte d’une volonté d’éclectisme mûrement réfléchie, de l’agencement d’un parcours simple et clair, de l’équilibre de la présentation et de la diversité des spécialités. À ne pas oublier un contrôle d’authenticité et d’ancienneté des pièces présentées qui ne laisse rien au hasard et qui est entre les mains de sommités internationales. Ce sont des priorités qu’on retrouve dans le journal de bord de ce salon depuis de nombreuses années. Avec parfois des ajustements qui témoignent à quel point le moindre détail prend de l’importance lorsque l’on aspire au meilleur.
La BRAFA est un arbre au tronc solide. J’entends par là que c’est une foire qui a le bonheur de pouvoir compter, bon an mal an, sur une constellation de fidèles qui ont la conviction que c’est un lieu privilégié pour consolider leur position sur le marché de l’art. Il en a résulté une sorte d’esprit de corps, de connivence et de bienêtre partagé. C’est en quelque sorte le patrimoine immatériel de ce salon.
Il y a quelques mois, Arne Quinze avait investi les couloirs de l’exposition avec son allant et sa vitalité explosive. Cette fois, le salon va porter haut et fort les couleurs de l’Art nouveau, fleuron du patrimoine
artistique de la Belgique puisque l’année 2023 lui sera entièrement dédié. La BRAFA a donc choisi d’honorer les raffinements et les arabesques de cette ère nouvelle née à la fin du XIXe siècle. Ce
sera également l’occasion de découvrir d’innombrables joyaux architecturaux qu’on retrouve dans toutes les grandes villes du pays et plus particulièrement à Bruxelles. Ce thème est un clin d’oeil tourné vers
un passé prestigieux tout en soulignant que la Belgique n’a jamais manqué d’occuper l’avant-scène lorsque naissaient des mouvements artistiques innovateurs.
Permettez-moi de ne vous citer ni des oeuvres phares, ni des noms d’exposants de l’édition à venir. La BRAFA est une composition collective qui se présente comme un tout. Elle fait appel à vos émotions,
vos aspirations en tant qu’amoureux de l’art sous ses formes les plus variées et les plus riches. Certains chuchotent même qu’elle use de sortilèges pour captiver ceux qui la fréquentent, tant ils ont chaque
année hâte d’en découvrir la nouvelle édition…