CHRONORAMA – L’HISTOIRE DU XXe SIÈCLE À TRAVERS LA PHOTOGRAPHIECHRONORAMA – La galerie d’Artpassions

Irving Penn, Lisa Fonssagrives-Penn lying in a field of grass, reading Gertrude Stein’s
Irving Penn, Lisa Fonssagrives-Penn lying in a field of grass, reading Gertrude Stein’s
Plus de 400 clichés des archives du groupe de presse Condé Nast s’égrènent sur les murs du Palazzo Grassi de Venise, entre portraits de stars, reportages sur les grands évènements historiques et images du quotidien, souvent dus aux plus grands noms de la photographie.François Pinault, ou plutôt sa collection et ceux qui la gèrent, ne s’intéressent pas qu’à la peinture, la sculpture et aux installations d’art contemporain. Comme toutes les grandes institutions, la « collection Pinault », c’est maintenant son nom officiel, possède aussi des fonds patrimoniaux, c’est-à-dire des ensembles cohérents préservés pour leur intérêt historique. C’est le cas du fonds d’archives photographique de Condé Nast, en partie acquis en 2021 par la fondation du milliardaire français et dont les trésors sont exposés en ce moment au Palazzo Grassi, à Venise. Loin de l’art le plus contemporain, c’est une remontée dans le temps et l’histoire du XXe siècle qui s’offre au regard du visiteur de cette exposition fleuve. Edward Steichen, Winston Churchill, 1932, Vanity Fair Les chiffres parlent d’eux même puisque celle-ci rassemble 407 photographies de 1910 à 1979 dues à 185 photographes et artistes, présentées chronologiquement par décennie, et issues des différentes publications appartenant au groupe Condé Nast, fondé en 1909 (Vogue, Vanity Fair, House & Garden, Glamour, GQ …).  On y croise l’objectif de photographes et d’artistes célèbres comme Adolf de Meyer, Margaret Bourke-White, Edward Steichen, George Hoyningen-Huene, Horst P. Horst, Lee Miller, Diane Arbus, Irving Penn, Cecil Beaton, Helmut Newton mais aussi d’artistes complètement inconnus du grand public. Sans...

Plus de 400 clichés des archives du groupe de presse Condé Nast s’égrènent sur les murs du Palazzo Grassi de Venise, entre portraits de stars, reportages sur les grands évènements historiques et images du quotidien, souvent dus aux plus grands noms de la photographie.

François Pinault, ou plutôt sa collection et ceux qui la gèrent, ne s’intéressent pas qu’à la peinture, la sculpture et aux installations d’art contemporain. Comme toutes les grandes institutions, la « collection Pinault », c’est maintenant son nom officiel, possède aussi des fonds patrimoniaux, c’est-à-dire des ensembles cohérents préservés pour leur intérêt historique. C’est le cas du fonds d’archives photographique de Condé Nast, en partie acquis en 2021 par la fondation du milliardaire français et dont les trésors sont exposés en ce moment au Palazzo Grassi, à Venise. Loin de l’art le plus contemporain, c’est une remontée dans le temps et l’histoire du XXe siècle qui s’offre au regard du visiteur de cette exposition fleuve.

Edward Steichen, Winston Churchill, 1932, Vanity Fair
Edward Steichen, Winston Churchill, 1932, Vanity Fair

Les chiffres parlent d’eux même puisque celle-ci rassemble 407 photographies de 1910 à 1979 dues à 185 photographes et artistes, présentées chronologiquement par décennie, et issues des différentes publications appartenant au groupe Condé Nast, fondé en 1909 (Vogue, Vanity Fair, House & Garden, Glamour, GQ …).  On y croise l’objectif de photographes et d’artistes célèbres comme Adolf de Meyer, Margaret Bourke-White, Edward Steichen, George Hoyningen-Huene, Horst P. Horst, Lee Miller, Diane Arbus, Irving Penn, Cecil Beaton, Helmut Newton mais aussi d’artistes complètement inconnus du grand public. Sans oublier quelques illustrateurs de renom, tels que Eduardo Garcia Benito, Helen Dryden ou encore George Wolfe Plank.

Cette manne photographique brosse sans le vouloir un portrait en mouvement du XXe siècle. D’un cliché à l’autre, on voit les grands évènements historiques, on perçoit les changements des mœurs et on observe les vedettes d’une époque remplacer celles précédentes, les styles en vogue devenir désuets. Loin de ne regrouper que les portraits des grandes personnalités du temps et des photographies de mode, ce fonds décèle des exemples de photoreportage, de photographie d’architecture, de photographie documentaire et même des natures mortes. Et à côté de chefs-d’œuvre bien connus, l’on y découvre aussi des images inédites, jamais publiées dans les magazines de Condé Nast.

Cecil Beaton, Actress Marlene Dietrich, 1932, Vanity Fair
Cecil Beaton, Actress Marlene Dietrich, 1932, Vanity Fair

Les premières unes dans les années 1910, sont encore souvent l’œuvre d’illustrateurs plutôt que de photographes. Helen Dryden ou George Wolfe Plank dessinent des figures féminines étirées et éthérées dans le plus pur style art déco, effigies précieuses qui nous replongent dans l’esprit des fêtes décrites par Fitzgerald.

C’est dans les années 1920 que commence le règne indiscutable de la photographie noir et blanc. Les stars défilent sous l’objectif des plus grands, créant des clichés de légende, comme le portrait de Joséphine Baker de George Hoyningen-Huene (1927) où l’éclatant sourire de la vedette contraste avec le noir de ses lèvres et de ses cheveux peignés en virgule. On croise aussi, pêle-mêle, James Joyce, Charlie Chaplin, Fernand Léger, Jean Cocteau, Aldous Huxley ou Igor Stravinsky. On est loin de n’être que dans l’univers de la mode ou du cinéma (mais rassurez-vous, Fred Astaire et Cary Grant sont bien là !).

George Hoyningen-Huene, Josephine Baker, 1927, Vanity Fair
George Hoyningen-Huene, Josephine Baker, 1927, Vanity Fair

Puis voilà la couleur, dans les années 1930. En juillet 1932, Vogue utilise pour la première fois une image en couleur en une d’un de ses numéros, une photo d’Edward Steichen représentant une baigneuse vue en contre-jour tenant un ballon au-dessus de sa tête, le tout sur un fond bleu nuit. On observe, à cette époque, un retour à une sorte de classicisme dans la composition des images, toutes en pureté et force de la ligne. On voit l’architecture art déco fleurir (Contre-plongée en fisheye au pied de l’Empire State Building de Ralph Steiner, 1935) et l’influence surréaliste devient notable chez certains photographes qui créent des images fantaisistes, comme chez Horst P. Horst.
Les années 1940 sont bien sûr marquées par la Seconde Guerre mondiale, conflit lointain pour l’Amérique jusqu’en 1941 mais soudain si proche quand les kamikazes se jettent sur la flotte du Pacifique ancrée à Pearl Harbor. On croise les héros de la guerre, comme le général de Gaulle immortalisé par Cecil Beaton en 1944, mais aussi les victimes du conflit comme, la même année, cette femme tondue à la Libération qui se pince la lèvre pendant sa séance publique d’humiliation, photographiée par Lee Miller.

Bert Stern, Twiggy wearing a mod minidress by Louis Féraud and leather shoes by François
Bert Stern, Twiggy wearing a mod minidress by Louis Féraud and leather shoes by François

Après-guerre, la photographie a définitivement pris le pas sur l’illustration de mode – dont l’exposition, c’est un de ses mérites, montre bien l’heure de gloire et le déclin progressif. Irving Penn est omniprésent des années 1940 à 1960, photographiant aussi bien Marlene Dietrich, John Kennedy et Duke Ellington que les enfants de Cuzco au Pérou ou une Nature morte new-yorkaise (1948). Le groupe Condé Nast continue à attirer les plus grands comme Robert Doisneau et Diane Arbus, qui épaulent des photographes plus commerciaux mais pas pour autant dénués de talent, à l’instar Bert Stern, véritable machine à portraiturer les vedettes. Puis, dans les années 1970, dernière recrue illustre, Helmut Newton photographie aussi bien Un bar-café dans le village d’Espelette que la mannequin Lisa Taylor à Saint-Tropez. L’exposition se termine à la fin des années 1970, qui marquent peut-être la fin d’une certaine époque de la photographie de mode et de reportage : bientôt arriveront la presse people et le numérique, l’aube d’une autre ère de l’image.

Irving Penn, Lisa Fonssagrives-Penn lying in a field of grass, reading Gertrude Stein’s
Irving Penn, Lisa Fonssagrives-Penn lying in a field of grass, reading Gertrude Stein’s

Un point commun relie tous ces clichés pourtant réalisés pour illustrer des magazines imprimés sur du mauvais papier et rapidement remplacés par le numéro suivant : la qualité artistique. Et le regard artistique appliqué à la vraie vie – des paillettes du star system à la guerre – confère une profondeur presque métaphysique à cette fresque virevoltante de notre XXe siècle.

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