La capitale lombarde accueille le traditionnel salon du meuble, rendez-vous incontournable pour les créateurs et les architectes du monde entier. Mais aussi des esthètes.
Milan reste la capitale mondiale du Design. Un titre qu’elle revendique en vertu du Salon du Meuble, le plus grand et le plus célèbre rendez-vous international pour ce secteur phare du Made in Italy. Il a une nouvelle fois illuminé la Semaine du Design qui s’est déroulée du 18 au 23 avril dernier retrouvant ses traditionnelles dates printanières après deux ans de pandémie. L’heure était donc à l’effervescence chez les éditeurs, architectes et créateurs se bousculant dans les allées du parc des expositions de Fiera Milano pour admirer les produits de plus de 2.000 marques. Mais aussi auprès du public avec le retour des acheteurs chinois. « Nous avons eu une très forte demande de leur part. Les meubles made in Italy exercent un grand attrait sur eux, s’est félicitée Maria Porro, présidente du Salone del Mobile. C’est un symbole de statut social, synonyme de prestige et d’élégance ». La filière du meuble en Italie a ainsi connu l’an dernier une croissance à deux chiffres avec des recettes qui ont bondi de 11% à 29 milliards d’euros. Une ébullition qui n’est pas que financière. Elle animait également les différents quartiers de la ville où étaient disséminés les showrooms et les installations du Fuorisalone qui investissaient des lieux parfois inédits de la capitale lombarde au charme discret. Plus de 800 événements étaient organisés avec d’innombrables expositions dans un tourbillon festifs autour du design ou de la mode.
Le Salone del Mobile était donc placée sous le signe de l’audace et de l’esthétisme de créateurs qui ne renoncent jamais à l’innovation même lorsqu’ils réinterprètent des icênes de leurs disciplines. L’un des buts du salon est de cueillir et d’offrir « l’air du temps » de ce que se fait de mieux en matière de design. Jamais expression n’aura été plus adéquate en cette époque de sortie de pandémie et d’intérêt accru pour la transition verte.
C’est donc tout naturellement que le design écologique s’est trouvé à l’honneur de cette 61ème édition. Le secteur a intégré « l’importance accordée à la durabilité, des matériaux aux processus de production, qui est désormais obligatoire pour tenter de sauver la planète, car la planète B n’existe pas», insiste Maria Porro. Une prise de conscience qui concerne évidemment le mobilier d’extérieur qui suscite un engouement qui n’a cessé de croître dans le sillage de la pandémie. Les créateurs ont une nouvelle fois rivalisé pour prouver qu’il est tout aussi élégant que la décoration d’intérieur avec laquelle il dialogue harmonieusement. Un dialogue évidemment de couleurs. Les teintes neutres qui dominaient ces dernières années cèdent le pas à des tons plus tranchés du bleu au jaune sans oublier une large gamme de verts dans un art maîtrisé de les entrechoquer. A une époque ou confort doit absolument rimer avec réconfort c’est sans surprise la rondeur des courbes et le galbe des lignes qui étaient privilégiés pour démontrer que la maison doit être le plus beau et doux refuge qui soit.
Objets Hermès
Fauteuil Ancelle
On doit à la designer danoise Cecilie Manz, ce fauteuil dont la charpente puissante ne nuit en rien à son élégance. La tradition scandinave de la solidité et de l’épure est sublimée par une feuille de cuir qui allège l’assise bien qu’elle soit solide. Un contraste harmonieux et ergonomique avec le bois massif pour conférer à ce fauteuil une allure architecturée. Il a fallu quatre ans pour le concevoir ce qui en fait un objet complexe derrière un design d’une époustouflante simplicité.
Patine, Boîtes bombées
Cette ligne d’objets est une ode au cuir et au bronze à l’image des harnais originels de la maison. Deux matériaux bruts et primitifs qui sont exaltés avec un extrême raffinement. La simplicité des formes ne fait que renforcer la puissance qui se dégage de ces boites patinées à la main. Une magnifique patine vibrante venant du Japon où les boites sont réalisées. Un savoir-faire unique dont seuls les artisans de l’archipel ont le secret utilisant de la cire et les poudrant avec du sable. Le cuir est ajouté en France dans les selleries Hermès. Avec ces pièces parfaites le design confine à la poésie.
CORDÉLIE — ARÇON Tapis
Les tapis sont un classique d’Hermès qui privilégie souvent cette écriture textile pour exprimer son esprit équestre. Cheval d’arçons, barres d’obstacles, parcours hippique ou tête de cheval sont dessinés par Pierre Charpin. Si le graphisme et les coloris sont emblématiques de la Maison, la technique utilisée est exceptionnelle. Il s’agit de la « cordélie », qui permet de créer de la matérialité́ par l’utilisation d’une cordelette de coton. Une broderie réalisée à la main dans la droite ligne d’un artisanat d’ultrta-luxe.
Objets d’autres marques
Divan Figure pour Wittman
Le divan Figure dessiné par Luca Nichetto pour la marque autrichienne Wittman n’est pas seulement un objet de mobilier mais de design à l’esthétique originale et à la forte personnalité. Un véritable joyau tridimensionnel inspiré par le travail du célèbre architecte et designer Josef Hoffmann. Il symbolise la stratification qui caractérise les produits présentés au salon où la recherche historique se conjugue à l’ergonomie et à l’élégance. L’épure des lignes masquent avec sobriété une complexité technique qui fait de ce divan une œuvre d’art totale. Luca Nichetto a ainsi repris des techniques utilisées dans l’industrie nautique pour ce divan qui invite à s’étendre et prendre le large.
Chaise Adel pour Calligaris
La marque italienne Calligaris fête son premier centenaire. Elle a commencé son aventure en 1923 à Manzano dans la province d’Udine. Les designers Gabriel et Oscar Burattilui rendent hommage en mettant la longue tradition de l’entreprise dans cette version exclusive de la nouvelle chaise Adel. Le souci du détail fusionne avec le raffinement des proportions dans ce modèle où le dossier est réalisé en paille de Vienne rappelant les premières chaises cannées signées Calligaris il y a tout juste un siècle. Une réinterprétation réussie du passé pour concevoir un produit très contemporain.
Table basse Xilo pour De Castelli
Le studio Delineo s’est inspiré de l’esthétique raffinée et sinueuse Art Nouveau. Cette table basse est une véritable sculpture en métal. Sa structure est constituée d’épaisses plaques de laiton, arrondies aux extrémités et de longueurs différentes. Elles sont pliées et juxtaposées irrégulièrement pour créer un mouvement rythmé. Chaque élément présente des empreintes distinctives qui lui sont propres et se dissolvent dans un délicat dégradé de traces qui contrastent avec la superficie lice du métal. Un travail qui témoigne du grand savoir-faire artisanal de l’entreprise toujours attentive à une recherche continu sur les matériaux.