L’ÉCOLE DES ARTS JOAILLIERS OU LA PASSION DE LA TRANSMISSION

Hôtel de Mercy-Argenteau, escalier et librairie L’Escarboucle © Photos L’École des Arts 1
Hôtel de Mercy-Argenteau, escalier et librairie L’Escarboucle © Photos L’École des Arts 1
Fondée il y a plus d’une dizaine d’années avec le soutien de la prestigieuse Maison Van Cleef & Arpels, l’École des Arts Joailliers s’offre un nouvel écrin sur les Grands Boulevards, au coeur de Paris. Soit l’occasion de poursuivre la diffusion de la culture du bijou non seulement en France, mais aux quatre coins du monde, à travers expositions, cours et conférences de haute volée. Visite en avant-première de ce lieu d’exception… Édifié en 1778 par Firmin Perlin, un talentueux architecte alors en vogue dans le tout-Paris, l’hôtel de Mercy- Argenteau ne doit guère son appellation à son premier propriétaire (un banquier de génie nommé Jean-Joseph de Laborde), mais à son premier occupant qui en obtint l’usufruit : le comte Florimond-Claude de Mercy-Argenteau. Ambassadeur de Marie-Thérèse d’Autriche, ce dernier connut son heure de gloire en arrangeant le mariage du futur Louis XVI avec l’une de ses filles, la tristement célèbre Marie-Antoinette. Par une pirouette dont le destin a parfois le secret, le diplomate n’eut alors de cesse de freiner l’inclination pour le luxe et la toilette de sa jeune compatriote. Hélas, on connaît la suite… Ironie du sort, les historiens rapportent que c’est au comte de Mercy-Argenteau en personne que la reine confia in extremis son coffret à bijoux, avant de prendre la fuite et d’être arrêtée tragiquement à Varennes. Hôtel de Mercy-Argenteau, escalier et librairie L’Escarboucle © Photos L’École des Arts 2 AU GRÉ DES MODES ET DES USAGES Inscrit à l’inventaire des immeubles remarquables de la Ville de...

Fondée il y a plus d’une dizaine d’années avec le soutien de la prestigieuse Maison Van Cleef & Arpels, l’École des Arts Joailliers s’offre un nouvel écrin sur les Grands Boulevards, au coeur de Paris. Soit l’occasion de poursuivre la diffusion de la culture du bijou non seulement en France, mais aux quatre coins du monde, à travers expositions, cours et conférences de haute volée. Visite en avant-première de ce lieu d’exception…

Édifié en 1778 par Firmin Perlin, un talentueux architecte alors en vogue dans le tout-Paris, l’hôtel de Mercy- Argenteau ne doit guère son appellation à son premier propriétaire (un banquier de génie nommé Jean-Joseph de Laborde), mais à son premier occupant qui en obtint l’usufruit : le comte Florimond-Claude de Mercy-Argenteau. Ambassadeur de Marie-Thérèse d’Autriche, ce dernier connut son heure de gloire en arrangeant le mariage du futur Louis XVI avec l’une de ses filles, la tristement célèbre Marie-Antoinette. Par une pirouette dont le destin a parfois le secret, le diplomate n’eut alors de cesse de freiner l’inclination pour le luxe et la toilette de sa jeune compatriote. Hélas, on connaît la suite… Ironie du sort, les historiens rapportent que c’est au comte de Mercy-Argenteau en personne que la reine confia in extremis son coffret à bijoux, avant de prendre la fuite et d’être arrêtée tragiquement à Varennes.

Hôtel de Mercy-Argenteau, escalier et librairie L’Escarboucle © Photos L’École des Arts 2
Hôtel de Mercy-Argenteau, escalier et librairie L’Escarboucle © Photos L’École des Arts 2

AU GRÉ DES MODES ET DES USAGES
Inscrit à l’inventaire des immeubles remarquables de la Ville de Paris, l’édifice affiche désormais sur les Grands Boulevards une élégante façade néoclassique, qui contraste quelque peu avec l’agitation urbaine de ce quartier situé à un vol d’oiseau des grandes enseignes parisiennes.

« L’adresse, boulevard Montmartre, est moins intimidante que la place Vendôme. Par ailleurs, le quartier, s’il est populaire, est associé à la culture et à l’art, avec ses passages couverts, ses théâtres, l’Hôtel Drouot, le Musée Grévin… Ce coin de Paris est aussi lié à la joaillerie. Fabricants et marchands de pierre ne sont pas loin », se réjouit ainsi Nicolas Bos, le Président et CEO de Van Cleef & Arpels.

Hôtel de Mercy-Argenteau, atelier de joaillerie, atelier de gemmologie et salle de cours 1
Hôtel de Mercy-Argenteau, atelier de joaillerie, atelier de gemmologie et salle de cours 1

Certes, s’il a conservé son salon d’apparat et ses admirables boiseries dorées sur fond blanc datant de l’Ancien Régime, le majestueux édifice a subi d’inévitables modifications architecturales au gré des variations du goût et de ses propriétaires successifs. Sur fond de fièvre spéculative et d’urbanisme galopant, l’hôtel particulier est ainsi racheté à la famille Laborde par un certain Nicolas Duchesne, sellier carrossier de son état, qui y ajoutera un niveau et deux étages de combles, et sacrifiera son merveilleux jardin et sa terrasse surélevée pour y édifier un deuxième immeuble de rapport. Les muses continuent néanmoins de hanter ce lieu inspirant, puisque le compositeur italien Rossini y conçoit en 1825 son opéra Le voyage à Reims destiné au couronnement du roi Charles X…

Hôtel de Mercy-Argenteau, atelier de joaillerie, atelier de gemmologie et salle de cours 2
Hôtel de Mercy-Argenteau, atelier de joaillerie, atelier de gemmologie et salle de cours 2

Passé sous le Second Empire entre les mains d’une compagnie d’assurances, le bel hôtel et ses somptueuses pièces de réception abritent alors divers clubs de jeux, avant que le directeur du Grand Cercle ne confie en 1891 à l’architecte Henri Fernoux l’aménagement d’une flamboyante salle des fêtes. C’est précisément dans cet écrin prestigieux, dont l’éclairage et les cimaises autoportantes ont été redessinées avec brio par la scénographe, architecte d’intérieur et designer Constance Guisset, que l’École des Arts Joailliers va pouvoir déployer à loisir son ambitieuse programmation d’expositions.

Hôtel de Mercy-Argenteau, atelier de joaillerie, atelier de gemmologie et salle de cours 3
Hôtel de Mercy-Argenteau, atelier de joaillerie, atelier de gemmologie et salle de cours 3

ENCHANTEMENT VISUEL ET ÉRUDITION
Dans ce quartier où abondent les théâtres, on ne pouvait ainsi rêver meilleur sujet pour ouvrir le bal qu’une exposition dédiée aux bijoux de scène de la Comédie-Française ! Car loin de ne porter son dévolu qu’aux grandes heures de Van Cleef & Arpels, l’École des Arts Joailliers ne cesse d’explorer les importants moments de l’histoire de l’art dans lesquels l’art de la parure a atteint des sommets. Réunissant quelque cent vingt pièces et documents prêtés par la maison de Molière (bijoux, accessoires, gouaches, miniatures, tableaux, photographies, portraits d’acteurs et d’actrices dans leurs plus beaux rôles, et même factures de fournisseurs !), l’exposition plongée tour à tour dans la lumière et la semi-pénombre offre ainsi non seulement un enchantement visuel, mais délivre une vraie leçon d’érudition. Parmi ses joyaux brillant de mille feux, l’on ne manquera pas ainsi d’admirer cette couronne de lauriers en métal doré offerte par Napoléon en personne au grand Talma, qui s’était illustré dans le rôle de Néron dans Britannicus. De même, l’on ne peut s’empêcher de s’extasier devant ce diadème orné de camées faits en coquille réalisé pour la célèbre comédienne Rachel, comme devant cette broche signée René Lalique qui appartint à la divine Sarah Bernhardt. Si la plupart des bijoux de scène rivalisaient de virtuosité en dépit de leurs matériaux illusoires, cet exquis joyau était, quant à lui, fait d’or, d’émeraudes et d’émail…

Broche ayant appartenu à Sarah Bernhardt  René Lalique, 1896 Or, émeraudes, émail
Broche ayant appartenu à Sarah Bernhardt René Lalique, 1896 Or, émeraudes, émail

AU SERVICE DE L’ART DU BIJOU
On l’aura compris… Loin d’être frivole, l’art du bijou constitue un extraordinaire laboratoire pour étudier l’histoire des techniques, les fluctuations des modes et des usages. Il est ainsi appréhendé et étudié sous ses différentes facettes par une équipe d’universitaires et de spécialistes intervenant régulièrement à l’École des Arts Joailliers sous forme de cours, d’ateliers et de conférences. S’adressant au néophyte comme à l’amateur éclairé, aux enfants comme aux adultes, cette structure à nulle autre pareille a ainsi accueilli plus de quarante mille élèves provenant d’une quarantaine de pays depuis sa création, le 13 février 2012. De Paris à Tokyo, en passant par Lyon, Shangaï, Dubaï et Hong Kong, l’École ne cesse de surcroît de s’externaliser à travers ses campus permanents ou ses ateliers nomades, diffusant devant un public de plus en plus large la culture joaillière dans ses manifestations les plus diverses.

Diadème de Rachel dans Phèdre de Racine aux perles et camées, 1843 Tôle en argent doré
Diadème de Rachel dans Phèdre de Racine aux perles et camées, 1843 Tôle en argent doré

Riche de quelque six mille documents en consultation libre (imprimés, revues, catalogues de ventes aux enchères…), une bibliothèque prolongera cette approche érudite et sensible tout à la fois. Située, elle aussi, au sein même de l’Hôtel Mercy-Argenteau, une librairie présentera de son côté une sélection pointue d’ouvrages exclusivement dédiés aux arts joailliers. Joliment baptisée « L’Escarboucle » (en référence au nom donné autrefois aux pierres précieuses d’un rouge ardent), ce nouveau lieu devrait combler les amateurs comme les érudits, qui puiseront dans les quelque trois mille titres publiés en français et en langues étrangères matière à « découvrir, apprendre et s’émerveiller », selon les voeux chers à Van Cleef & Arpels.

Couronne de laurier en bronze doré de Rachel, offerte par la ville de Lyon, 1840
Couronne de laurier en bronze doré de Rachel, offerte par la ville de Lyon, 1840
Parure bleue composée d’un collier, de boucles d’oreilles et d’un élément de corsage ayant
Parure bleue composée d’un collier, de boucles d’oreilles et d’un élément de corsage ayant

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