LES FAUVES RÉUNIS À BÂLE
Une exposition « rugissante » consacrée à ceux qui ont secoué le monde de l’art par une maîtrise audacieuse et nouvelle de la couleur. Au début du XXe siècle, un groupe informel, autour de Matisse, Derain et Vlaminck, s’aventure dans une expérimentation révolutionnaire. Des artistes inconnus qualifiés de « Fauves » par les critiques d’art ! En rupture avec les conventions académiques, leur refus de restituer les coloris à l’identique, ils représenteront le premier courant d’avant-garde du siècle dernier. Dans cette grande exposition, la vision conventionnelle de ce courant est parfois remise en question… Une histoire de libertés et d’amitiés, un bref moment du début du XXe siècle à voir avec les yeux d’aujourd’hui. Cent soixante oeuvres à redécouvrir ! Matisse, Derain et leurs amis – L’avant-garde parisienne 1904-1908, Kunstmuseum Bâle jusqu’au 21 janvier 2024.
GABRIELLE CHANEL CÉLÉBRÉE À LONDRES
C’est la première exposition britannique dédiée à l’oeuvre de la célèbre couturière française. Outre de sublimes tenues, cette grande rétrospective met au jour des preuves que la créatrice était un membre avéré de la Résistance française mais des documents inédits prouvent aussi qu’elle a collaboré avec les nazis… L’exposition retrace l’évolution de son style emblématique et l’histoire de sa maison, de l’ouverture de sa première boutique de chapeaux à Paris en 1910 jusqu’à la présentation de sa dernière collection en 1971. Ce sont plus de cent nouvelles pièces dans une nouvelle version de celles exposées à Paris en 2020 que présente le Victoria & Albert Museum de Londres, des looks nouveaux, des accessoires, des objets, des parfums, des bijoux. Cette présentation se penche également sur les liens que la créatrice tissera avec la société britannique, sa romance avec le duc de Westminster et ses relations avec l’industrie manufacturière britannique. De cette visite découlera surtout la personnalité de Gabrielle Chanel qui revêt même une dimension politique ! Mille vies guidées par l’anticonformisme… Source inépuisable pour des générations de créateurs… Gabrielle Chanel, Fashion Manifesto, Victor & Albert Museum, Londres jusqu’au 25 février 2024.
L’ARTISTE ET SON MARCHAND
Cette exposition est une occasion unique de découvrir la relation entre Amadeo Modigliani et Paul Guillaume, son marchand. Elle offre un moment déterminant de la vie de l’artiste, celui où Paul Guillaume entre dans sa vie en 1914, il a encouragé son travail, a fait connaître ses toiles dans les cercles littéraires et artistiques, a joué un rôle déterminant dans la diffusion de son oeuvre. Modigliani immortalisera son galeriste dans une série de portraits restés célèbres. Tous deux partageront des affinités littéraires et artistiques. L’exposition évoque à travers des oeuvres emblématiques les différentes caractéristiques de ces années du début du vingtième siècle, à Paris où dans un contexte littéraire et artistique, l’amitié entre le mécène et l’artiste s’est renforcée suscitant des années de créativité importante ! Amadeo Modigliani. Un peintre et son marchand, musée de l’Orangerie, Paris jusqu’au 15 janvier 2024.
PRIX JAN MICHALSKI
Le Prix Jan Michalski de littérature 2023 a été décerné à Karina Sainz Borgo pour son ouvrage El Tercer País (Lumen, 2021), traduit de l’espagnol en français par Stéphanie Decante, sous le titre Le tiers pays (Gallimard, 2023). L’écrivaine vénézuélienne narre l’histoire d’une amitié inattendue entre deux femmes, réunies à la frontière des mondes par la mort des nourrissons de l’une, sur les routes de l’exil et par le cimetière illégal que protège l’autre, aux confins de la sierra orientale et de la sierra occidentale. Sur cette terre indécise que pétrissent des forces contraires, deux Antigones contemporaines se dressent contre la domination, la brutalité et l’inhumanité. Le jury a salué « l’hybridité créatrice d’un univers romanesque qui puise sa matière au sein de plusieurs traditions littéraires, tels que la tragédie grecque, le réalisme magique de Garcia Márquez et le western américain. Nouée autour d’un cimetière frontalier, l’intrigue se fonde sur la notion d’entre-deux puisqu’en ce lieu ambivalent sont conjugués l’horreur et la beauté du monde, la vie et la mort, le proche et le lointain, le passé, le présent et le futur. La mise en scène de figures féminines fortes, la construction narrative en chapitres denses et brefs, ainsi que la prose à la gravité lyrique apparaissent comme autant d’ingrédients constitutifs d’une oeuvre originale et puissante ».
ELLA MAILLART ET SON PARCOURS EXCEPTIONNEL
À travers une sélection de photographies, de documents et d’ouvrages, cette exposition fait redécouvrir cette femme sportive, voyageuse, conférencière et journaliste, née à Genève en 1903, décédée en 1997 à Chandolin. Loin des clichés nostalgiques, cette rétrospective a pour ambition de créer de nouveaux dialogues intergénérationnels et d’envisager l’humain dans sa complexité individuelle et à la fois collective. Deux artistes, grandes voyageuses elles-mêmes, relèvent le défi et déconstruisent les lieux communs tout en montrant la vision d’« unité du monde » d’Ella Maillart. Ella Maillart, Anne-Julie Raccoursier, Pauline Juliet, musée Rath (MAH), Genève jusqu’au 21 avril 2024.
UNE EXPOSITION FLEUVE
Sophie Calle investit le musée Picasso avec une totale carte blanche à l’occasion des cinquante ans de la disparition du peintre. Le lien n’est pas évident entre le grand maître et l’artiste conceptuelle… Elle puise dans la vie et la création de l’artiste des citations, des anecdotes, des obsessions qui résonnent avec les siennes. Un jeu facétieux et impertinent ! Le parcours montre un regard décalé et curieux sur un choix d’oeuvres de Picasso dont l’artiste convoque les images ou la mémoire au travers d’un récit personnel, brouillant les frontières entre l’intime et le public, la réalité et la fiction. L’art comme moyen d’explorer des questions complexes, un outil pour défier et enrichir l’expérience humaine ! À ne pas manquer… « À toi de faire ma mignonne », musée Picasso, Paris jusqu’au 7 janvier 2024.
THÉOPHILE-ALEXANDRE STEINLEN, FABULEUX CHRONIQUEUR
Malgré un format intimiste, cette exposition dévoile toute la diversité de l’artiste disparu il y a cent ans. Les amoureux des chats se réjouiront de déambuler au MCBA mais cette rétrospective, grâce à de nombreux inédits, emmène le visiteur ailleurs. Steinlen a un trait d’observateur, souvent révolté par la vie et ses injustices, par les violences de la guerre. Une oeuvre grave, sombre, noire ne concédant que de rares éclats de lumière… plutôt accusateurs ! L’artiste, né à Lausanne, descendant d’une famille d’illustrateurs, a su inscrire des images fortes dans la bohème parisienne. Illustrateur, lithographe, graveur, peintre, dessinateur, c’est ce Steinlen qui couvre le parcours lausannois. Né à Lausanne en 1859, installé à Paris dès 1881, il rejoint les artistes du cabaret littéraire, le « Chat noir ». Ses dessins amusants ou mordants envahissent les pages des revues enfantines et autres. Il croque aussi avec tendresse ses proches et ses chats. L’exposition expose des oeuvres issues de la donation de Paul et Tina Stohler. Steinlen continue d’émouvoir… Steinlen. Coups de griffe et patte de velours, MCBA, Lausanne jusqu’au 18 février 2024.
UN DES MAÎTRES DE L’ART SUISSE CONTEMPORAIN
C’est la première rétrospective posthume qui est consacrée à Markus Raetz, artiste d’origine bernoise, décédé en 2020. Le Kunstmuseum de Berne dédie cette grande exposition aux travaux et mobiles tridimensionnels de Raetz. Sa perception visuelle et son travail artistique sont basés sur la métamorphose permanente des motifs. Tout le parcours invite à poser un regard original sur l’oeuvre dans son ensemble. Des sections thématiques permettent aux visiteurs d’avancer en mettant en lumière des interconnexions de son oeuvre multidimensionnelle depuis les années soixante. Beaucoup d’objets, pleins d’humour et sophistiqués à la fois agrémentent la visite… On savoure l’intelligence, la tendresse et l’aspect ludique. On passe dans cesse d’une chose à son contraire avant de revenir au point de départ. Une exposition qui fait sourire ! Markus Raetz. Oui Non si no Yes no, Kunstmuseum Berne jusqu’au 25 février 2024.