LE PAYS DU MATIN CALME À LA FONDATION BAUR
Cette exposition propose une plongée inédite à la rencontre de deux artistes sud-coréens. 2024 marque le soixantième anniversaire de la Fondation et des relations diplomatiques de la Corée du Sud et de la Suisse. Des oeuvres anciennes du musée Guimet et de la Fondation Baur se déploient à travers les liens culturels tissés entre objets, matières, teintes et motifs. Dans ce parcours, les regards d’artistes anciens et contemporains se croisent et se retrouvent dans des tableaux de paysages et des objets. À travers leurs différences et ressemblances de cet héritage et la puissance de leurs univers respectifs, le visiteur est orienté vers l’enchantement de la nature et de la fécondité. Des objets d’art de grande qualité d’exécution et d’une perfection décorative guident le cheminement de cette exposition enchanteresse ! Si Loin, si proche : le pays du matin calme, Ji-Young Demol Park, Lee Lee Nam, Fondation Baur, Genève jusqu’au 30 juin 2024.
SIMENON À LA FONDATION JAN MICHALSKI
Journaliste, romancier, grand voyageur et photographe, Georges Simenon ( 1903-1989) a laissé une
empreinte considérable dans le littérature du XXe siècle. Il était l’image d’une silhouette vêtue d’un
imperméable, d’un chapeau en feutre, fumant la pipe, se confondant avec le commissaire Maigret,
personnage qu’il a créé et qui lui a apporté un succès de renommée internationale. Sa carrière a débuté
dès 1921, il signe ses ouvrages de nombreux pseudonymes, des romans populaires surtout. La série des
Maigret débute en 1934 et marque le commencement de sa collaboration chez Gallimard puis avec Les
Presses de la Cité. Romancier intuitif, il travaille selon un rythme régulier et systématique, refusant toute
correction sur ses textes ! L’exposition s’est construite à travers ses confidences, ses photographies, ses
manuscrits, ses tapuscrits et autour d’un cycle d’adaptation cinématographique. Elle invite à rencontrer
l’auteur autant qu’à lire et voir l’oeuvre. Un programme riche d’événements accompagne cette rétrospective qui fera revivre les nombreux genres de l’auteur, pièces mosaïques d’un roman total, formant une grande oeuvre trop souvent éclipsée par « les Maigret ». Les tirages cumulés de ses livres atteignent cinq cent cinquante millions d’exemplaires, traduits dans le monde entier. Un grand écrivain, un romancier de génie ! SIMENON, Fondation Jan Michalski, Montricher, Suisse jusqu’au 29 septembre 2024.
WIM DELVOYE, CARTE BLANCHE AU MAH
Le MAH a invité l’artiste, au fil d’un accrochage, à explorer et interroger notre relation aux oeuvres et aux objets. À travers un jeu de miroir et d’échos surprenant, le visiteur peut côtoyer des trésors de l’histoire de l’art mélangés avec des produits banals du quotidien. Le musée a donné carte blanche à l’artiste belge qui a mis en valeur sa propre collection et ses créations. Il va dynamiter nos certitudes … Avec beaucoup d’humour, il a fait son marché dans les dépôts du MAH pour faire rencontrer le trivial et le sublime. L’exposition s’ouvre sur une variation du thème de la sculpture. Il vandalise des tableaux, fabrique des écrins avec des boîtes d’instruments de musique pour y enfermer des pelles, une mobylette, un seau … Des salles peintes en noir où des pneus sculptés conversent. Une immense sculpture en acier trône dans un espace, réplique de la tour de Bruxelles …Quelques exemples que le visiteur trouvera dans ce parcours. Un cheminement ludique et joyeux, une remise en question ! L’ordre des choses, Wim Delvoye, MAH, Genève jusqu’au 16 juin 2024.
REGARDS ACTUELS SUR UNE ICÔNE
Le Kunsthaus de Zurich tente d’interroger et de poser un regard neuf sur l’oeuvre et l’actualité de Ferdinand Hodler, « artiste national » suisse. Cette exposition rappelle l’importance formelle, culturelle et politique du peintre. Pour cela, les travaux de plus de trente artistes contemporains dialoguent avec une soixantaine de tableaux de l’artiste. L’histoire de l’art reconnaît en lui un novateur qui a connu plusieurs vagues successives. Ses origines humbles et sa prédilection pour les sujets de la vie de tous les jours lui valurent la sympathie des mouvements socialistes. À sa mort en 1918, il était un artiste reconnu. Mais après la Deuxième Guerre mondiale, son oeuvre souffre de désaffection. Les années quatre-vingts lui redonnent sa légitimité, symbole des valeurs traditionnelles. Le Kunsthaus s’appuie sur cette évolution pour le représenter et le placer dans les contextes des débats actuels. Un moyen d’élargir la marge d’interprétation … À propos de Hodler, Kunsthaus, Zurich jusqu’au 30 juin 2024.
CONSCIENCES ÉCOLOGIQUES
Évoquer le travail de l’Argentin Tomás Saraceno, basé à Berlin c’est parler de sciences, d’architecture, de ses connexions avec l’univers, de ses préoccupations climatiques. Choisir les pièces à exposer, la scénographie, ont demandé beaucoup de travail avant de les imaginer dans cet espace. Le deux sculptures qui flottent à l’entrée pour accueillir les visiteurs « Pneuma » et « Foam », explorent un urbaniste futuriste. « Aerocene Pacha », projet de vol aérien alternatif, exprime toute la complexité de ce sujet par la présence de dizaines de certificats de records… Saraceno est également émerveillé par les araignées et leurs toiles. Il considère que l’être humain habite leur planète et pas le contraire ! Ces insectes sont le signe de l’infini, une métaphore de notre monde interconnecté. Il sait capter la beauté de la nature qu’il transmet d’une manière cosmique. Cette sensibilité à l’humanité et ce lien métaphysique à l’art font de lui un immense artiste représentant majeur de l’art environnemental. Une autre façon de voir et d’habiter le monde … Life of Webs, Tomás Saraceno, Espace Muraille, Genève jusqu’au 13 avril 2024.
IMMENSITÉ DES CIEUX
Cette exposition présente une sélection d’oeuvres récentes de l’artiste francocolombien Carlos Nariño. Reconnu comme spécialiste des paysages et pour ses oeuvres de grande taille, il capture avec émotion et force le ciel. Au moyen d’une technique picturale d’exception et un sens de la composition, il s’empare du mouvement des nuages, des effets de lumières et de l’atmosphère des cieux. Tout est délicatement estompé et invite le spectateur à rêver et à s’évader. On a souvent comparé ses toiles à celles des maîtres comme Turner, Boudin, Monet, Corot … Une vraie expérience artistique et beaucoup d’émotions à travers ces paysages célestes ! Peindre le ciel, Carlos Nariño, Millennium Art Gallery, Crissier, Lausanne jusqu’au 19 avril 2024.
ARTISTE EXISTENTIALISTE ET POPULAIRE
L’exposition Bernard Buffet (1928-1999) est à voir dans les salles de la collection de la Fondation Im Obersteg au Kunstmuseum de Bâle. Des films, des photographies et d’autres documents, aux côtés de ses fascinantes peintures, témoignent de sa carrière artistique et de la culture parisienne d’après-guerre. Un artiste parfois controversé ! Il s’est souvent intéressé à la face sombre de l’existence : la mort, la faim et la répulsion, thèmes de prédilection de ses natures mortes austères et de ses personnages émaciés et pâles. Pierre Bergé, son collaborateur et compagnon de l’époque, lui ouvre les portes du marketing et des événements du monde artistique. Une notoriété fulgurante lui permet de faire fortune mais cet engouement s’essouffle rapidement, sa peinture tombe en discrédit. Aujourd’hui c’est un regard neuf qui est posé sur son oeuvre au style pictural formel et stéréotypé où coexistent de manière insolite glamour et pop, confession et convention … Bernard Buffet, Artiste existentialiste et populaire, Kunstmuseum Bâle jusqu’au 14 avril 2024.
UN EXPÉRIMENTATEUR INLASSABLE
Après Paris, la grande rétrospective du peintre français d’origine russe, Nicolas de Staël (1914-1955), fait un arrêt à Lausanne. Cent cinq oeuvres sont rassemblées à la Fondation de l’Hermitage dont plus de soixante jamais vues en Suisse. Avec deux fois moins de tableaux qu’à Paris, cette exposition suit la « quête picturale du peintre à travers l’aventure existentielle de l’homme », elle est découpée en onze parties à voir de bas en haut dans le bel écrin de la Fondation. Elle se focalise sur l’oeuvre, sur le travail du peintre, un exercice de regard et de choix exclusivement, donc moins sur l’homme lui-même. Le visiteur va découvrir un parcours chronologique, les évolutions successives de l’artiste depuis ses premiers pas figuratifs et ses toiles sombres matiérées jusqu’à ses tableaux peints à la veille de sa mort en 1955, qui gagnent en fluidité et intensité de couleurs. Il n’a cessé de se renouveler, de se réinventer pour mieux imposer ses vues imaginaires du monde réel. Le mystère d’un homme désespéré et artiste flamboyant à la fois ! Nicolas de Staël, Fondation de l’Hermitage, Lausanne jusqu’au 9 juin 2024.