Bertrand Chamayou – L’INVITÉ D’ARTPASSIONS

Bertrand Chamayou
Bertrand Chamayou
Nous avons rencontré Bertrand Chamayou lors de sa venue au Festival des Sommets Musicaux de Gstaad 2024. Incontournable de la scène musicale, imaginatif, doté d’une maîtrise et d’une approche artistique remarquable, ce pianiste qui se produit dans les salles les plus prestigieuses et qui a gagné à cinq reprises les Victoires de la musique classique de France, est attiré par toutes les formes d’art… Aussi loin que vos souvenirs remontent, quelle a été votre première émotion artistique ? La découverte des Sonates de Beethoven à l’âge de six ans environ. Mon père n’était pas pianiste mais il avait appris à égrener les premières notes de la Sonate au Clair de lune. Voyant que cela me captivait, il m’a offert mon premier disque, les trois sonates les plus célèbres (le Clair de lune, la Pathétique, l’Appassionata) interprétées par Wilhelm Backhaus. J’ai écouté ce disque en boucle et ai commencé le piano un an plus tard. Au Noël suivant, mon oncle m’a offert un tome des sonates, me disant que si je parvenais à en jouer une, il m’offrait le tome suivant. Cela a été mon premier défi. Avec quel art avez-vous le plus d’affinité à part le vôtre bien sûr ? Probablement l’architecture. Comme en musique, je suis attiré par les notions de proportion, d’équilibre, de construction. J’aime aussi l’idée qu’une réalisation soit régie par des contraintes. La fonctionnalité inhérente à l’architecture peut offrir un terrain de jeu extraordinairement fertile pour l’imagination d’un créateur. Quelle est l’importance des arts plastiques dans...

Nous avons rencontré Bertrand Chamayou lors de sa venue au Festival des Sommets Musicaux de Gstaad 2024. Incontournable de la scène musicale, imaginatif, doté d’une maîtrise et d’une approche artistique remarquable, ce pianiste qui se produit dans les salles les plus prestigieuses et qui a gagné à cinq reprises les Victoires de la musique classique de France, est attiré par toutes les formes d’art…

Aussi loin que vos souvenirs remontent, quelle a été votre première émotion artistique ?

La découverte des Sonates de Beethoven à l’âge de six ans environ. Mon père n’était pas pianiste mais il avait appris à égrener les premières notes de la Sonate au Clair de lune. Voyant que cela me captivait, il m’a offert mon premier disque, les trois sonates les plus célèbres (le Clair de lune, la Pathétique, l’Appassionata) interprétées par Wilhelm Backhaus. J’ai écouté ce disque en boucle et ai commencé le piano un an plus tard. Au Noël suivant, mon oncle m’a offert un tome des sonates, me disant que si je parvenais à en jouer une, il m’offrait le tome suivant. Cela a été mon premier défi.

Avec quel art avez-vous le plus d’affinité à part le vôtre bien sûr ?

Probablement l’architecture. Comme en musique, je suis attiré par les notions de proportion, d’équilibre, de construction. J’aime aussi l’idée qu’une réalisation soit régie par des contraintes. La fonctionnalité inhérente à l’architecture peut offrir un terrain de jeu extraordinairement fertile pour l’imagination d’un créateur.

Quelle est l’importance des arts plastiques dans votre vie ?

J’ai grandi entouré d’oeuvres d’arts, principalement de peintures. Ma mère a toujours été une grande amatrice d’art, et était (est toujours) un peu collectionneuse. Beaucoup d’abstraction lyrique et un peu de surréalisme. À la maison, il y avait des tableaux d’André Masson, de Raoul Ubac, Simon Hantaï, Hans Hartung, Gérard Schneider, André Marfaing, Karskaya… C’est un univers qui m’a évidemment beaucoup marqué, et j’ai toujours puisé dans ces sources d’inspirations pour nourrir mon propre travail, de manière indirecte. D’une façon un peu plus directe, j’ai consacré cette année deux albums à des compositeurs proches des arts plastiques, en cela qu’ils ont été tous deux des influences majeures de grands courants esthétiques du XXe siècle : Erik Satie et John Cage. Le travail autour de Cage en particulier est celui qui s’éloigne le plus de la musique à proprement parler pour embrasser une démarche artistique au sens large, un peu à la manière de certains plasticiens qui ne se réalisent plus seulement au travers d’une spécialité, mais par le biais de différents vecteurs d’expression.

Les artistes ou l’artiste que vous admirez le plus ?

Marcel Duchamp et Karlheinz Stockhausen.

Vos oeuvres incontournables ?

Les Sonates de Beethoven ; L’Orfeo de Monteverdi ; Le Sacre du printemps et les Noces de Stravinsky ; Déserts d’Edgar Varèse ; Le Retable d’Issenheim de Matthias Grünewald ; Le Christ voilé de Giuseppe Sanmartino ; Les Haïkus de Basho

Comment êtes-vous meublé ? Plutôt épuré ou chargé de souvenirs… ?

Chez moi c’est un curieux mélange, ça fait penser alternativement à un loft new-yorkais ou à un petit palais toscan mais c’est bien à Paris. C’est une réunion de trois niveaux très différents : au sous-sol, des caves voûtées en pierre, au rez-de-chaussée, un ancien atelier de gravure avec sol en béton, poulies et ferronneries, au premier étage, d’anciens appartements haussmanniens, avec parquet et moulures qui abritaient des bureaux. J’aime l’idée un peu japonaise, si bien décrite dans l’Éloge de l’Ombre, d’un lieu qui puisse accueillir les fluctuations de la lumière et la poésie du vieillissement des surfaces et des matériaux, mais je n’ai pas pu m’empêcher de charger l’espace de souvenirs ou d’objets symboliques. Mobilier et luminaires oscillent entre objets design (Tom Dixon, Ingo Maurer, Castellani & Smith…) et objets chinés. Quelques tableaux mais pas trop (André Masson, Bernar Venet, Jorge Camacho…).

Quelle exposition conseilleriez-vous actuellement ?

L’expo Edith Dekyndt à la Bourse de Commerce. Comme je le disais plus haut j’aime les artistes qui s’expriment via différents vecteurs et dont la pensée est mobile, et en ce qui me concerne, j’aime aussi les opportunités de collaboration que cela peut induire, comme cela a été le cas, par exemple, avec Anri Sala au travers de l’oeuvreperformance Ravel Ravel Revisited.

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