LE PÈRE DE LA SCULPTURE MODERNE
Près de trente ans se sont écoulés depuis la dernière expositionBrancusi à Paris… Cette rétrospective crée l’événement, retraçant àpartir de son atelier et de prêts rares la vie et l’oeuvre de ce fils depaysan roumain. Arrivé à Paris en 1904, il a vingt-huit ans, il varévolutionner l’art de la sculpture. Exit le moulage, ConstantinBrancusi taille directement dans la pierre, le bronze, le bois,les polit, s’attache à des formes épurées à l’extrême : losange,cube, cercle, oeuf… et fait surgir un monde qui va flirter avecl’abstraction. Ainsi naissent ses baisers, ses oiseaux de feu, sescoqs stylisés, ses colonnes sans fin, ses muses endormies à l’ovaleparfait. Un répertoire de figures, que pendant quarante ans, ildécline dans des variations infinies. C’est l’essence des chosesqu’il exprime au-delà des apparences ! Une rétrospective exceptionnelle qui emmènele visiteur à la découverte de son univers poétique sous un jour nouveau et aucoeur de l’exposition, la reconstitution de son atelier, matrice historique de toute sacréation. Brancusi, Centre Pompidou, Paris jusqu’au 1er juillet 2024.
UN ÉVÈNEMENT ICONIQUE
Chaque année, en avril, des milliers devisiteurs se retrouvent à Milan autourde l’univers du mobilier et du designd’intérieur. Vitrine de créativité etd’innovations spectaculaires ! En parallèle,dans plusieurs quartiers de la ville, lesmarques et les designers mettent en scèneleurs nouveautés et des installationsoriginales. Deux mille exposants, desécoles du design, des conférences, destables rondes forment cet événement pourappréhender le futur de la création. L’écoresponsabilitéest de plus en plus prônéepar l’utilisation de matériaux réutilisablesque créateurs et industriels recherchentet fabriquent. Depuis sa fondation en1961, ce salon est devenu une vitrined’innovations majeures, de retranscriptiond’un milieu en phase avec son époque touten explorant les nouveautés et le savoir-fairede ce secteur de l’habitat. Un rendez-vousannuel incontournable dans le respect del’environnement où le public se presse à larecherche des marques, objets et conceptsles plus pointus !
LES SECRETS DU DERNIER CARAVAGE
La National Gallery à Londres présente le dernier tableau du Caravage : LeMartyre de Sainte Ursule (1610), prêté par la Gallerie d’Italia à Naples. Lespeintures originales de cet artiste, chargées d’émotion, leur éclairage dramatiqueet leur narration puissante ont eu un impact sur l’art européen et résonnentencore aujourd hui. Ce tableau, réattribué à Caravage en 1980, suite à ladécouverte d’une lettre d’archive (archives de l’État de Naples) décrivant lacommande, permet donc d’explorer la dernière période de sa vie. Cette lettre futenvoyée de Naples où le tableau a été peint, à Gênes chez son commanditaireDoria. Ce tableau qui comprend un autoportrait du Caravage, montre quel’artiste s’est écarté de l’iconographie traditionnelle de Sainte Ursule. Il choisitd’évoquer le moment où la sainte, refusant d’épouser un Hun qui ne partageaitpas sa foi chrétienne, est frappée par celui-ci avec une flèche. Caravage, enautoportrait à droite, regarde la scène. C’est un témoignage poignant sur lethème de la violence et de l’innocence, emblématique des luttes personnelles dumaître. La quintessence donc du récit des dernières années tumultueuses de la viedu Caravage… The Last Caravaggio, National Gallery, Londres jusqu’au 21juillet 2024.
PEINTURES FRANÇAISES DU XIXe SIÈCLE AU MAH
Cette exposition, organisée en collaboration avec l’université de Genève, illustre l’évolution dugoût et des techniques artistiques de cette période et vise à faire connaître un pan importantde ses collections mais aussi les enjeux propres à un projet de valorisation patrimoniale.Deux cent-douze tableaux ont été étudiés dans ce but et font l’objet d’un catalogue raisonnécomplété par un programme de conférences et de visites commentées. Une soixantained’oeuvres ont été accrochées afin que le public puisse découvrir ces tableaux qui sommeillaientdans les réserves ! Tous nés de pinceaux partageant le même langage artistique, actifs enFrance ou d’origine française mais oeuvrant à Genève. La présentation dialogue avec desîlots différents consacrés au métier de peintre et permet de comprendre le processus decréation au fil du contexte historique et du développement des techniques. L’importanteétude réalisée a donné naissance à cette exposition et a permis d’aborder la constitution dela collection, les questions relatives à sa provenance, les statuts de l’oeuvre et les choix desconservations, restaurations. Une histoire patrimoniale de l’art … les coulisses des métiersdu musée ! De bleu, de blanc, de rouge, MAH, Genève jusqu’au 18 août 2024.
60ème BIENNALE DE VENISE
Considérée comme une des plus prestigieuses manifestations artistiques en Europe et dans le monde, c’est aussi unedes plus anciennes ! Rendez-vous incontournable qui a cette année pour thème : « Stranieri Ovunque – ForeignersEverywhere ». Un titre qui trouve ses racines dans une série d’oeuvres créées par le collectif Claire Fontaine. Pour cetteédition, le mot « étranger » réfère à différentes situations : l’artiste queer marginalisé, l’autodidacte, l’artiste populaire, lesartistes autochtones. Adriano Pedrosa, d’origine brésilienne, directeur artistique de cette Biennale, utilise l’expressioncomme le miroir de réalités distinctes rappelant que nous sommes tous et toutes des étrangers dans ce monde. C’estsur le thème de la migration et de l’exil que cette édition se profile. Les artistes choisis par le commissaire sont euxmêmesdes étrangers parfois au parcours d’immigrants, d’exilés ou d’expatriés. La sélection englobe un large éventail detalents émergents aux personnalités établies et réunit plus de trois cents artistes, vitrine qui marque une augmentationsignificative par rapport à 2022, explorant les thèmes de l’identité, de l’appartenance et de la nationalité. L’accentest mis sur différents récits, du contemporain à l’historique, tout en mettant en valeur les expériences nuancéesd’être étranger dans le monde superconnecté d’aujourd’hui. Adriano Pedrosa a réfléchi aux crises mondiales liées àl’immigration, à l’identité et aux barrières érigées par les nations et les cultures, en analysant le concept d’étranger dansdifférents contextes. Il accorde aussi une attention particulière à un projet qui rassemble des oeuvres à l’intersectionde l’art et de l’activisme. La Biennale s’en voit enrichie par son engagement personnel à explorer la dynamique de lacitoyenneté mondiale, préoccupation de notre époque. La ville se transforme en un vaste assortiment de célébrationsartistiques collatérales que le visiteur pourra découvrir à sa guise … Un spectacle artistique d’une richesse immense !Biennale de Venise, à Venise, les Giardini et l’Arsenal jusqu’au 24 novembre 2024.
VERTIGES DE LA SOCIÉTÉ CONTEMPORAINE
L’exposition de la Bourse de commerce met en lumière les paradoxes quibouleversent le monde à travers des oeuvres contemporaines d’artistesde renom ou de jeunes talents. Dans la rotonde monumentale, carteblanche a été donnée à l’artiste sud-coréenne Kimsooja qui va recouvrirle sol d’un miroir sphérique, disposer des tissus servant de baluchons quiquestionnent le mouvement et renvoient au nomadisme. Une invitationau voyage pour le public ! En suivant le parcours défini, le visiteur découvredes oeuvres étonnantes, statue d’Hitler de Cattelan, un ballet de vieillardsen cire disposés sur des fauteuils roulants… loin d’être inoffensifs ! Lespectateur est sans cesse confronté à la vision ambivalente d’un mondequi semble se laisser aller vers sa perte. Il est appelé à déambuler enscrutant le monde et l’humanité à travers des oeuvres de grands maîtres(Jeff Koons, Damien Hirst, Cindy Shermann …), tantôt énigmatiques,tantôt ironiques, poétiques ou violentes. Un art donc en phase avecson temps, engagé ou simplement observateur ou provocateur… oùles artistes se font visionnaires, philosophes, souvent poètes et mêmeenchanteurs ! Une exposition monumentale mettant en valeur des oeuvresde 1980 à nos jours qui éveillent les consciences ! Le monde comme il va,Bourse de commerce, Paris jusqu’au 2 septembre 2024.
SUR L’ÎLE DE PORQUEROLLES
La Fondation Carmignac présente à la Villa éponyme« The Infinite Woman ». Porquerolles était, selon lalégende, une femme, une princesse métamorphosée enîle pour échapper à un terrible assaillant … À partirde cette idée, Alona Pardo, la commissaire, a imaginéune exposition qui interroge les regards posés sur lesfemmes depuis les mythes originels jusqu’à nos jours. Lesfemmes ont été représentées de différentes manières aucours des siècles : fortes, fatales, lascives, démoniaques,mythiques, tentatrices … pour répondre à une visionpatriarcale du monde. Soixante artistes sont ici représentésprovenant de courants et d’horizons artistiques différents.Leur travail s’est orienté vers la déconstruction desreprésentations féminines traditionnelles. En brisantles manières oppressives de voir et d’être vues, cetteexposition libère les conventions occidentales de beauté,réapproprie le désir féminin et offre de nouveaux idéauxcorporels en redéfinissant les féminités. Les visiteursiront à la rencontre de figures tout autant familièresque troublantes. Un cheminement artistique, uneinvitation à redéfinir les normes d’expression à travers unecélébration poétique et décomplexée de la multitude desféminités ! The Infinite Woman, Villa Carmignac, îlede Porquerolles jusqu’au 3 novembre 2024.