Spécialiste de l’image contemporaine et des relations entre art, photographie et cinéma, Sam Stourdzé est commissaire de nombreuses expositions, dont la plus récente est Voir le temps en couleurs, les défis de la photographie au Centre Pompidou-Metz (2024), et auteur de plusieurs ouvrages de référence. Ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome en 2007 dans la section cinéma, Sam Stourdzé a été directeur des Rencontres d’Arles de 2014 à 2020 après avoir dirigé le musée de l’Elysée de Lausanne de 2010 à 2014 et assuré la rédaction en chef du magazine de photographie ELSE. En 2020, il est nommé directeur de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis avec un projet s’articulant autour de l’idée de mobilité, qu’elle soit artistique, sociale ou européenne. Depuis sa nomination, Sam Stourdzé a mis en place plusieurs projets d’envergure, notamment : le Festival de Film de la Villa Médicis, festival de cinéma créé en 2021 ; la Résidence Pro, programme pédagogique ambitieux initié en 2022 afin de valoriser l’excellence des filières d’enseignement professionnel en France ; le Festival des Cabanes qui invite, depuis 2022, architectes, artistes et constructeurs internationaux à investir les jardins historiques de la Villa Médicis ; ou encore « Réenchanter la Villa Médicis », vaste projet de remeublement et réaménagement mettant à l’honneur design contemporain et métiers d’art dans un esprit de dialogue avec le patrimoine de la Villa Médicis. À travers ce programme, ce sont vingt et une chambres et salons qui sont refaites sous la direction artistique de Kim Jones, Silvia Venturini Fendi ou encore India Mahdavi.
Aussi loin que vos souvenirs remontent, quelle a été votre première émotion artistique ?
L’émotion artistique qui fut un véritable choc est arrivée assez tardivement. Vers vingt ans, j’ai découvert un livre mythique, Les Américains du photographe Robert Frank. Ça a été une révélation, un grand coup de poing. Quand j’ai refermé le livre, je savais que je voulais travailler auprès des photographes… C’est ce que j’ai fait pendant vingt ans, comme indépendant puis comme directeur du musée de l’Elysée ou des Rencontres d’Arles.
Quelle est l’importance de l’art dans votre vie ?
Il occupe toute la place. C’est ma vie, mon travail, ma passion. J’aime suivre les artistes, comprendre les ressorts de la création, voir une œuvre, une pensée en train de se mettre en place.
Quel don artistique aimeriez-vous avoir ?
En vrai, j’aurais aimé être chanteur. Chanteur de musique pop. Le problème, c’est que je ne sais vraiment pas chanter et pas danser non plus… peut-être dans une autre vie.
Les artistes ou l’artiste que vous admirez le plus ?
Ça dépend des moments et des découvertes. Depuis quatre ans, je vis à Rome et suis submergé par la puissance de la Renaissance. J’aime les œuvres que l’on découvre au détour d’une église. Le cycle des fresques des martyrs de l’église de Santo Stefano Rotondo me fascine et me terrifie à la fois par la force de sa violence.
Vos œuvres incontournables ?
Molloy de Beckett et notamment le moment où il suce des pierres. Et la photographie de la devanture du photographe de Walker Evans, pour sa mise en abîme.
Comment êtes-vous meublé ? Plutôt épuré ou chargé de souvenirs… ?
Épuré bien sûr avec une prédilection pour le mobilier des années soixante-soixante-dix. Pas de souvenir, ça prend trop de place.
Quelle exposition conseilleriez-vous actuellement ?
Si j’osais, je recommanderais celle dont je suis commissaire actuellement au Centre Pompidou Metz: Voir le temps en couleur. C’est l’histoire des trois grandes conquêtes de la photographie: reproduire l’image, fixer le temps et attraper la couleur. Il y a trois cents œuvres et des prêts exceptionnels en provenance d’une quarantaine de grandes institutions. Si vous passez par Metz…
Propos recueillis par Artpassions