Béatrice Helg

«Sentir la beauté, c’est donc participer à l’abstraction à travers un agent particulier. En un sens, c’est un reflet de l’infini de la réalité.» Mark RothkoL'icône, pour la religion orthodoxe, est une fenêtre ouverte sur l’invisible. Et c’est l’imagequi nous vient à l’esprit en contemplant les architectures abstraites de Béatrice Helg, qui vibrent d’un silence d’outre-monde. Devant ce vide actif qui tremble, on reste médusé par l’art extrêmement conscient, construit et maîtrisé de la photographe, qui ouvre de toutes parts à l’illimité du rêve.Depuis ses premiers travaux, elle a su conjuguer comme personne matière et théâtralité, ou réel et vision: magnifié par la mise en scène de plus en plus audacieuse de ses compositions, et comme en apesanteur dans le rien, le vil métal soumis à la métamorphose se change, dans l’instant de la prise de vue, en vecteur de lumière, ou en épiphanie. On songe d’abord à la peinture: aux rutilances de Gustave Moreau, aux trompe-l’œil baroques, ou aux abstractions de Rothko; mais s’ajoutent ensuite à la dimension picturale une mystérieuse profondeur de champ, des arrièreplans vertigineux comme hantés par l’inconnaissable – et à la surface de la vision, ces coulées, au premier plan, de rouille et d’or, qui sont comme des lambeaux de rêve en suspension.Puis surgissent de l’étonnante géométrie des «esprits froissés» qu’on dirait échappés de la scène de l’inconscient et qui traversent, anges provisoires portés par un courant d’air, l’espace mallarméen du cadre, contrastant, par leur légèreté aérienne, avec l’opaque présence de ces trous noirs dérobés...

«Sentir la beauté, c’est donc participer à l’abstraction à travers un agent particulier. En un sens, c’est un reflet de l’infini de la réalité.» Mark Rothko
L’icône, pour la religion orthodoxe, est une fenêtre ouverte sur l’invisible. Et c’est l’imagequi nous vient à l’esprit en contemplant les architectures abstraites de Béatrice Helg, qui vibrent d’un silence d’outre-monde. Devant ce vide actif qui tremble, on reste médusé par l’art extrêmement conscient, construit et maîtrisé de la photographe, qui ouvre de toutes parts à l’illimité du rêve.Depuis ses premiers travaux, elle a su conjuguer comme personne matière et théâtralité, ou réel et vision: magnifié par la mise en scène de plus en plus audacieuse de ses compositions, et comme en apesanteur dans le rien, le vil métal soumis à la métamorphose se change, dans l’instant de la prise de vue, en vecteur de lumière, ou en épiphanie. On songe d’abord à la peinture: aux rutilances de Gustave Moreau, aux trompe-l’œil baroques, ou aux abstractions de Rothko; mais s’ajoutent ensuite à la dimension picturale une mystérieuse profondeur de champ, des arrièreplans vertigineux comme hantés par l’inconnaissable – et à la surface de la vision, ces coulées, au premier plan, de rouille et d’or, qui sont comme des lambeaux de rêve en suspension.Puis surgissent de l’étonnante géométrie des «esprits froissés» qu’on dirait échappés de la scène de l’inconscient et qui traversent, anges provisoires portés par un courant d’air, l’espace mallarméen du cadre, contrastant, par leur légèreté aérienne, avec l’opaque présence de ces trous noirs dérobés à la physique expérimentale qui, ailleurs encore, semblent décomposer la lumière à l’entour.Face poétique – face métaphysique: ce sont aussi les deux visages complémentaires du théâtre, dont Béatrice Helg me paraît plus que jamais se rapprocher dans le grandiose «Crépuscule XI» de 2005, pur lieu mental ou scène latente d’où il se pourrait que, sans bruit, vienne de s’éclipser Hamlet…

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