Botticelli mania à Berlin : de Tancrède Hertzog
La Gemäldegalerie démêle les fils du mythe Botticelli, peintre symbole du Quattrocento, de l’idéal occidental de la beauté, de l’Antiquité redécouverte et réappropriée. Une exposition qui sonde la postérité du peintre florentin à travers les siècles, depuis les préraphaélites anglais qui le révéraient jusqu’aux détournements du pop art et des artistes contemporains.
Le chiasme athénien de sa pose légèrement ondoyante, ses hanches généreuses, la chevelure prise dans le souffle d’un vent qui ne souffle pas, le regard détourné et innocent, encore inconscient de sa sublime beauté : la Naissance de Vénus de Botticelli, plus que toutes les déesses peintes par ses successeurs illustres que sont Giorgione, Titien, Rubens ou Rembrandt, est devenue l’icône de la beauté féminine occidentale. La chevelure dorée comme le miel, le teint fragile, la bouche fraîche comme une rose, les traits harmonieux et froids, cette grâce florentine continue, à travers les siècles, de nous obséder. Elle possède encore un pouvoir normatif : sans le savoir, en imitant les stars de cinéma ou de la télé, c’est à elle que les jeunes filles veulent ressembler ; le canon moderne de la beauté féminine occidentale est celui-là.
Ce tableau, sans conteste le plus célèbre de l’art italien avec la Mona Lisa, est, comme sa cousine du musée du Louvre, une œuvre qu’il est aujourd’hui difficile de bien regarder, de regarder vraiment.