Martin Scorsese, l’homo cinematicus

film
Par François-Henri Désérable Jusqu’au 14 février 2016, la Cinémathèque française met à l’honneur Martin Scorsese, avec une rétrospective et une exposition. De quoi délicieusement se plonger dans l’univers si singulier d’un géant du cinéma américain. La littérature a ses monstres sacrés, chaque langue un écrivain qui l’embrasse, l’embrase et finit par l’épouser : on dit de l’espagnol que c’est la langue de Cervantès, de l’italien celle de Dante, de l’allemand celle de Goethe, on dit aussi que l’anglais descend tout droit de Shakespeare, le portugais de Pessoa et le français de Molière. De qui – et non de quoi – le cinéma est-il le nom ? C’est un art encore jeune, le tamis du temps n’a pas fini son travail : nul ne peut se prévaloir de l’incarner au point de savoir si son nom se confondra avec le mot cinéma. Toutefois, pour le cinéma américain d’après-guerre, quelques réalisateurs se détachent : Hitchcock, Minnelli, Coppola, Kubrick, Allen, Spielberg, Eastwood, Tarantino… et Scorsese, Martin Scorsese, indubitablement. La Cinémathèque française, « demeure spirituelle du cinéma » selon le maître lui-même, ne s’y est pas trompée : elle lui consacre une rétrospective intégrale, de Taxi Driver au Loup de Wall Street, en passant par Shutter Island et Les Affranchis, mais aussi une exposition qui revient sur soixante-treize ans de sa vie, dont un demi-siècle passé à forger une œuvre baroque, incandescente, audacieuse, mondialement célèbre et mondialement célébrée.

Par François-Henri Désérable

Jusqu’au 14 février 2016, la Cinémathèque française met à l’honneur Martin Scorsese, avec une rétrospective et une exposition. De quoi délicieusement se plonger dans l’univers si singulier d’un géant du cinéma américain.

La littérature a ses monstres sacrés, chaque langue un écrivain qui l’embrasse, l’embrase et finit par l’épouser : on dit de l’espagnol que c’est la langue de Cervantès, de l’italien celle de Dante, de l’allemand celle de Goethe, on dit aussi que l’anglais descend tout droit de Shakespeare, le portugais de Pessoa et le français de Molière. De qui – et non de quoi – le cinéma est-il le nom ? C’est un art encore jeune, le tamis du temps n’a pas fini son travail : nul ne peut se prévaloir de l’incarner au point de savoir si son nom se confondra avec le mot cinéma. Toutefois, pour le cinéma américain d’après-guerre, quelques réalisateurs se détachent : Hitchcock, Minnelli, Coppola, Kubrick, Allen, Spielberg, Eastwood, Tarantino… et Scorsese, Martin Scorsese, indubitablement.

La Cinémathèque française, « demeure spirituelle du cinéma » selon le maître lui-même, ne s’y est pas trompée : elle lui consacre une rétrospective intégrale, de Taxi Driver au Loup de Wall Street, en passant par Shutter Island et Les Affranchis, mais aussi une exposition qui revient sur soixante-treize ans de sa vie, dont un demi-siècle passé à forger une œuvre baroque, incandescente, audacieuse, mondialement célèbre et mondialement célébrée.

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