Henri Michaux et Zao Wou-Ki par Etienne Barilier

Michaux_Ideogrammes
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La révolte ou l’accueil La proximité de deux grands artistes, Henri Michaux et Zao Wou-Ki, aux moyens d’expression parfois très semblables, révèle d’autant mieux leurs différences. Henri Michaux, Zao Wou-Ki : tout rapproche le poète et le peintre. En même temps, peut-être que tout les sépare – ou du moins quelque chose de radical, qui n'empêche pas leur fraternité, mais au contraire en fait le prix : le jour est frère de la nuit. Oui, tout paraît unir les deux artistes, à commencer par leur passion pour les « peintures à l’encre de Chine ». Sous ce titre, l’Institut français d’Athènes exposa conjointement dix encres d’Henri Michaux et neuf lavis de Zao Wou-Ki. C’était en 1981, et ce fut leur seule exposition commune. Mais auparavant, ils avaient voisiné de bien d’autres façons. Leur amitié fut scellée dès 1949 par une série de poèmes de Michaux, contrepoint saisissant et pardoxal à huit lithographies de Zao Wou-Ki . Ce dernier pouvait à peine y croire : arrivé de Chine l’année précédente, il se voyait accueilli, tout jeune, par son aîné de vingt-et-un ans, écrivain reconnu. Durant les trente années suivantes, Michaux écrivit encore trois fois sur son cadet ; c’est plus qu’il n’a fait pour aucun autre peintre. Signe supplémentaire de leur proximité : Zao Wou-Ki donna plusieurs fois à ses tableaux des titres empruntés à des recueils de Michaux : La Nuit remue, Vent et poussière, et lui consacra de somptueux hommages picturaux. Michaux, de son côté, disait que la peinture chinoise était « entrée en lui en profondeur » et...
La révolte ou l’accueil

La proximité de deux grands artistes, Henri Michaux et Zao Wou-Ki, aux moyens d’expression parfois très semblables, révèle d’autant mieux leurs différences.

Henri Michaux, Zao Wou-Ki : tout rapproche le poète et le peintre. En même temps, peut-être que tout les sépare – ou du moins quelque chose de radical, qui n’empêche pas leur fraternité, mais au contraire en fait le prix : le jour est frère de la nuit.

Oui, tout paraît unir les deux artistes, à commencer par leur passion pour les « peintures à l’encre de Chine ». Sous ce titre, l’Institut français d’Athènes exposa conjointement dix encres d’Henri Michaux et neuf lavis de Zao Wou-Ki. C’était en 1981, et ce fut leur seule exposition commune. Mais auparavant, ils avaient voisiné de bien d’autres façons. Leur amitié fut scellée dès 1949 par une série de poèmes de Michaux, contrepoint saisissant et pardoxal à huit lithographies de Zao Wou-Ki . Ce dernier pouvait à peine y croire : arrivé de Chine l’année précédente, il se voyait accueilli, tout jeune, par son aîné de vingt-et-un ans, écrivain reconnu. Durant les trente années suivantes, Michaux écrivit encore trois fois sur son cadet ; c’est plus qu’il n’a fait pour aucun autre peintre.

Signe supplémentaire de leur proximité : Zao Wou-Ki donna plusieurs fois à ses tableaux des titres empruntés à des recueils de Michaux : La Nuit remue, Vent et poussière, et lui consacra de somptueux hommages picturaux. Michaux, de son côté, disait que la peinture chinoise était « entrée en lui en profondeur » et l’avait « converti ». L’un des artisans de cette conversion se nommait Zao Wou-Ki. Lorsqu’il publia Idéogrammes en Chine, le poète y inscrivit cette dédicace : « Hommage à un ami, de tant de façons chinois, et “jade“ de la Chine, et l’introducteur aussi de ces pages brouillonnes ».

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