Chez les Espagnols Bagot – archéologie occidentale, observons un trésor de rareté : un sarcophage romain du III ou IVe siècle, en plomb, miraculeusement bien conservé. Comment est-il possible qu’une telle pièce se retrouve, en 2016, sur le marché de l’art ? L’œuvre provient du Chrysler Museum of Art de Norfolk en Virginie, qui l’a récemment mise en vente. Car les musées américains ont le droit de se défaire de leurs œuvres, elles ne sont pas inaliénables – et n’appartiennent donc pas vraiment à la communauté des citoyens. Le Metropolitan, qui n’a pourtant pas besoin d’argent, se dessaisit souvent de pièces mineures, qui ne lui rapportent d’ailleurs pas beaucoup d’argent mais laissent de la place pour les nouvelles acquisitions. C’est uniquement parce qu’il provient d’un musée qu’un tel sarcophage peut se trouver sur le marché. Il est arrivé au Chrysler dès le XIXe siècle, à l’époque où les fouilles n’étaient presque pas réglementées et où la terre inviolée depuis des milliers d’années recelaient force de trésors. Aujourd’hui, si une telle pièce était découverte lors de fouilles, elle serait immédiatement confisquée par l’Etat compétent. C’est donc un unicum sur le marché de l’art : seuls d’autres grands musées en possèdent l’équivalent, notamment le Louvre. Et lui, loi oblige, pour toujours. Tancrède Hertzog