Au nombre des tableaux majeurs conservés à la Fondation Beyeler figurent quelques-unes des œuvres-clés de Vassily Kandinsky datant des années précédant la Première Guerre. En fait partie « Improvisation 10 », considérée à juste titre comme une des icônes de la peinture dite abstraite. Elle occupe une place centrale dans l’exposition « Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter », centrée sur la révolution artistique opérée par un groupe de peintres allemands et russes réunis à Munich entre 1908 et 1912.
L’expressionnisme allemand, après avoir été longtemps négligé au profit du cubisme, du futurisme et du surréalisme, connaît depuis une dizaine d’années une vogue certaine. D’importantes expositions ont été consacrées au mouvement berlinois, « Die Brücke » – à New York en 2009, à Grenoble et Quimper en 2012 (voir Artpassions, n° 18 et n° 29) – ou à celui du « Blaue Reiter », à Baden-Baden en 2009 (Artpassions, n° 19). Mais l’exposition de la Fondation Beyeler est la première en Suisse depuis trente ans.
Cette exposition réunissant près de quatre-vingts œuvres – dont beaucoup ont été prêtées par les musées les plus prestigieux du monde entier – de même fait revivre les moments forts du « Blaue Reiter », de même que les deux organisées sous ce titre à la Moderne Galerie Heinrich Thannhäuser à Munich, en 1911 et 1912, ainsi que la confection et la publication de l’Almanach, en 1912, par Kandinsky et Franz Marc. Ce livre, somptueusement illustré, est une véritable charte non seulement de l’art moderne, mais encore de la musique et de la poésie d’avant-garde, puisqu’on y trouve, à côté des textes de Kandinsky, de Marc, de Macke ou de Roger Allard, des réflexions de Schönberg sur les rapports entre musique et texte, ainsi que la mise en musique de poèmes de Stefan George par Webern et d’Alfred Mombert par Alban Berg.
Robert Kopp
NB
Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter, Fondation Beyeler jusqu’au 22 janvier 2017