Dans le Valais, au pied des Alpes suisses, à Martigny, entre les murs de la fameuse Fondation Gianadda, se tient jusqu’au 20 novembre une exposition qui retrace l’œuvre tardif d’un des créateurs les plus prolifiques du XXème siècle ; qui affirma avoir mis toute une vie « à dessiner comme un enfant ».
Sur Picasso, que n’aura-t-on pas dit ? A posteriori, il semble que l’artiste espagnol ait été l’objet de tant d’analyses, de commentaires, d’hypothèses, qu’il ne soit plus possible d’ajouter le moindre mot original ou la moindre découverte à son sujet. Même le qualificatif de génie, qu’on associe autant au peintre que celui de chantant à l’accent italien, finit par agir comme un voile, derrière lequel la vérité n’aurait plus d’importance. Picasso est un génie : un point c’est tout. Mais que se passe-t-il ensuite ?
Ensuite, c’est l’homme qui vit, qui aime, qui prend de l’âge, qui souffre. Et pour comprendre cet homme, rien de mieux que les ultimes années de sa vie, où sans se départir de son talent, et sans réduire son impressionnante productivité (qu’il s’agisse de gravure, de peinture, de céramique ou de sculpture), le peintre troquera une part de sa fougue contre une certaine lenteur, et se recentrera sur ses obsessions de toujours : la femme, la nudité de la femme, et plus encore, la femme aimée. Ainsi donc, plutôt que d’ajouter une voix au commentaire informatif, ou de louer une énième fois son génie, penchons-nous sur quelques-unes des pièces du maître présentées à la Fondation Gianadda, en ne nous laissant guider que par l’émotion qui en émane – jusqu’aux histoires, vraies ou fausses, qu’elles nous racontent.
Arthur Dreyfus