ACHILLE LAUGÉ SENSIBILITÉ ET RAISON

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Camille Lévêque-Claudet La Fondation de l’Hermitage à Lausanne organise la première rétrospective suisse dédiée au peintre français Achille Laugé (1861-1944). Apeine quelques années après que le néo-impressionnisme s’est constitué pleinement en tant que mouvement et qu’il reçoive son nom (en 1886) sous la plume du critique d’art Félix Fénéon, des voix pointent les limites d’une écriture picturale faite de points, d’une fragmentation systématique et méthodique des touches de pigments purs, dissociant couleur locale et couleur d’éclairage pour les combiner dans un « mélange optique ». L’accent mis sur la théorie, jugée par certains omniprésente, est considéré comme un frein à la virtuosité et à la créativité des peintres. Lorsque Georges Seurat meurt en 1891, seuls Paul Signac et Camille Pissarro survivent à la génération fondatrice du mouvement. Seurat avait fait remarquer que l’originalité du style finirait par souffrir du nombre croissant d’artistes peignant à la manière pointilliste. Le maître prenait conscience que la démarche artistique dont il était l’initiateur, fondée sur divers travaux scientifiques du XIXe siècle, parmi lesquels le contraste simultané des couleurs, découvert par le chimiste Eugène Chevreul – deux points voisins de couleur différente se mélangent au niveau de la perception rétinienne – était sur le point de se déliter. Au même moment, Pissarro tournait le dos au néo-impressionnisme pour mieux revenir à l’impressionnisme. Toutefois, une nouvelle génération d’artistes convaincus de pouvoir donner un nouveau souffle à une formule qui s’épuisait reprenait les rênes du néo-impressionnisme tout en en redéfinissant les règles. Aspirant à plus d’expression et...

Camille Lévêque-Claudet

La Fondation de l’Hermitage à Lausanne organise la première rétrospective suisse dédiée au peintre français Achille Laugé (1861-1944).

Apeine quelques années après que le néo-impressionnisme s’est constitué pleinement en tant que mouvement et qu’il reçoive son nom (en 1886) sous la plume du critique d’art Félix Fénéon, des voix pointent les limites d’une écriture picturale faite de points, d’une fragmentation systématique et méthodique des touches de pigments purs, dissociant couleur locale et couleur d’éclairage pour les combiner dans un « mélange optique ». L’accent mis sur la théorie, jugée par certains omniprésente,

est considéré comme un frein à la virtuosité et à la créativité des peintres. Lorsque Georges Seurat meurt en 1891, seuls Paul Signac et Camille Pissarro survivent à la génération fondatrice du mouvement. Seurat avait fait remarquer que l’originalité du style finirait par souffrir du nombre croissant d’artistes peignant à la manière pointilliste. Le maître prenait conscience que la démarche artistique dont il était l’initiateur, fondée sur divers travaux scientifiques du XIXe siècle, parmi lesquels le contraste simultané des couleurs, découvert par le chimiste Eugène Chevreul – deux points voisins de couleur différente se mélangent au niveau de la perception rétinienne – était sur le point de se déliter. Au même moment, Pissarro tournait le dos au néo-impressionnisme pour mieux revenir à l’impressionnisme. Toutefois, une nouvelle génération d’artistes convaincus de pouvoir donner un nouveau souffle à une formule qui s’épuisait reprenait
les rênes du néo-impressionnisme tout en en redéfinissant les règles. Aspirant à plus d’expression et à la représentation des émotions, ils étaient résolus à ne pas laisser la peinture aux seules sciences mais à la rendre aux arts visuels.

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