CHRISTIAN DE PORTZAMPARCLORSQUE L’ART TRAVAILLE LA VILLE

Flagship suisse de Dior à Genève, 2024 © Serge Urvoy
Flagship suisse de Dior à Genève, 2024 © Serge Urvoy
L’immense architecte français a déposé au coeur de Genève un bâtiment à la poésie rare. Le flagship suissede Dior : une émotion spatiale et esthétique qui dynamise la rue du Rhône avec une insolente sagesse. Élancés vers le ciel sur six étages, les pétalesimmaculés d’une fleur monumentaleen résine de fibre de verre enveloppentla boutique Dior, depuis févrierdernier. Une sculpture spectaculaire venue bousculerl’architecture classique de la luxueuse rue duRhône, peu habituée à consacrer des créations artistiquesen son sein. Mais l’espace public, la ville,son paysage, Christian de Portzamparc ne les oubliepas. Dans la maturité de ses cinquante ans depratique, le concepteur de la Cité de la Musiqueà Paris ne renonce ni à l’architecture ni à l’urbain.Ni à la forme libre des volumes qu’il modèle,et qui lui ont valu, en 1994, d’être le premierlauréat du Prix Pritzker, avant d’épater le Tout-Manhattan cinq ans plus tard avec la tour du siègenew-yorkais de LVMH toute en lignes brisées ettrajectoires fuyantes, sur Madison Avenue. Ni à ladynamique de la rue exercée dans des plans d’aménagementouverts à la diversité formelle, à l’événementsingulier qui donne à vivre et à voir, sansprovoquer de rupture incohérente ou de bavardageségocentriques dans le tissu urbain. Une visiontotalement nouvelle de la ville portée dès lesannées soixante-dix par le principe de l’îlot ouvertdont il est l’un des maître à penser. Que l’imaginaire, l’émotion et le rêve puissent seconfondre dans la vie et l’espace quotidien, rien neparaît plus ordinaire à Christian de Portzamparc,homme de passion et de raison, artiste, technicien,constructeur, humaniste, utopiste et habitant. Détenteur...

L’immense architecte français a déposé au coeur de Genève un bâtiment à la poésie rare. Le flagship suissede Dior : une émotion spatiale et esthétique qui dynamise la rue du Rhône avec une insolente sagesse.

Élancés vers le ciel sur six étages, les pétalesimmaculés d’une fleur monumentaleen résine de fibre de verre enveloppentla boutique Dior, depuis févrierdernier. Une sculpture spectaculaire venue bousculerl’architecture classique de la luxueuse rue duRhône, peu habituée à consacrer des créations artistiquesen son sein. Mais l’espace public, la ville,son paysage, Christian de Portzamparc ne les oubliepas. Dans la maturité de ses cinquante ans depratique, le concepteur de la Cité de la Musiqueà Paris ne renonce ni à l’architecture ni à l’urbain.Ni à la forme libre des volumes qu’il modèle,et qui lui ont valu, en 1994, d’être le premierlauréat du Prix Pritzker, avant d’épater le Tout-Manhattan cinq ans plus tard avec la tour du siègenew-yorkais de LVMH toute en lignes brisées ettrajectoires fuyantes, sur Madison Avenue. Ni à ladynamique de la rue exercée dans des plans d’aménagementouverts à la diversité formelle, à l’événementsingulier qui donne à vivre et à voir, sansprovoquer de rupture incohérente ou de bavardageségocentriques dans le tissu urbain. Une visiontotalement nouvelle de la ville portée dès lesannées soixante-dix par le principe de l’îlot ouvertdont il est l’un des maître à penser.

Que l’imaginaire, l’émotion et le rêve puissent seconfondre dans la vie et l’espace quotidien, rien neparaît plus ordinaire à Christian de Portzamparc,homme de passion et de raison, artiste, technicien,constructeur, humaniste, utopiste et habitant.

Détenteur de nombreux prix et titres honorifiques(commandeur des Arts et des Lettres, chevalierde l’ordre de la Légion d’honneur, Prix d’Architecture2022 de l’Académie des beaux-arts, pourne citer que ceux-là), il est l’auteur de grands projetsdont la Philharmonie Luxembourg, le centreculturel de Suzhou en Chine ou encore la Cité desArts de Rio de Janeiro. Interview avec ce virtuoseinfatigable dont l’oeuvre jalonne le monde jusqu’àPékin où, après Séoul en 2015 et Genève, le flagshipde Dior sera livré prochainement.

Christian de Portzamparc Fluide, 2000
Christian de Portzamparc Fluide, 2000

Comment l’architecture et l’urbanisme vousont interpellé ?

« Adolescent, je dessine, je sculpte et je découvredes images – Chandigarh de Le Corbusier, Brasiliade Niemeyer – et je découvre qu’un dessin peutdevenir un lieu. C’est ainsi que je suis entré auxBeaux-Arts à Paris. C’est en ville que j’ai trouvémon espace d’expression. L’architecture commencepar le dessin, avec sa part de rêve. C’étaitmal vu à l’époque répressive du fonctionnalisme.Je n’ai jamais cessé de dessiner ».

Vous entretenez une longue relation avecBernard Arnault, patron de LVMH. Quellessont les visions qui vous rapprochent ?

« Nous nous sommes rencontrés à Paris lors de laremise du Prix Pritzker, en 1994. J’ai conçu ensuitela tour LVMH ä New York qui nous a rapprochés.A suivi la réalisation du Chai de Cheval-Blanc dans le Bordelais, inauguré en 2011. Deuxvagues de béton blanches, à la fois abri et belvédèresur le paysage viticole de Saint-Émilion.J’étais heureux, cela m’a changé de mes projets urbains.Je retiens de Bernard Arnault son goût pourl’art, la musique, la peinture. Sa créativité et cetteprécision pour aller au bout des choses. Il est trèsvisuel. Quand on l’écoute, on comprend que cequ’il crée vient de son goût de la découverte et duplaisir de montrer ce qu’il aime ».

Séoul, Genève, demain Pékin, des coquesblanches, telles des caryatides. Une façon similairede dire Dior, une même façon de créerun symbole dans la ville ?

« J’ai dessiné le flagship Dior de Séoul en totaleliberté de création. La pureté des toiles de couturem’a inspiré. J’ai pensé à l’oeuvre de ChristianDior, à son rapport avec la fluidité. Faite d’un espacecentral en verre habillé de coques verticales,le bâtiment joue avec la lumière. Cette présencequi porte l’esprit de Dior s’adapte à chaque situationurbaine. À Genève, l’étroit édifice respecte l’angle droit de la rue et les hauteurs des bâtis environnants.Il est cadré par une corniche, alors qu’àSéoul, il s’élance vers le ciel. Travailler les entréesde lumière à travers l’enveloppe, leur effet de jour,de nuit, toutes ces questions, on se les pose en dessinantet dessinant encore ».

Flagship de Dior, Séoul, 2015 --- Philharmonie Luxembourg, 2005 --- La Défense Aréna, Paris, 2017
Flagship de Dior, Séoul, 2015 — Philharmonie Luxembourg, 2005 — La Défense Aréna, Paris, 2017

Il y a aussi vos dessins imaginaires et votrepeinture…

« Le dessin d’architecture demande une grandepatience. Il faut attendre des années pour lemoindre projet. J’ai un rapport spontané avec lessens quand je dessine ou quand je peins des architectureset des paysages imaginaires. La galerieKamel Mennour, à Paris, a exposé mes toilesrécentes en 2019. Auparavant, une rétrospectiveau Centre Pompidou avait présenté l’ensemble demon oeuvre ».

Et votre amour de la musique, vous qui avezconçu en mélomane de nombreuses sallesde concert ?

« La musique est importante pour moi, toutes lesmusiques. Je ne l’écoute plus en travaillant, carla musique, on entre totalement dedans. Parmiles bâtiments que je lui ai dédiés, les plus réussissont à mon sens la Cité de la Musique et laPhilharmonie Luxembourg pour son acoustique ».

Quelle est votre définition du mouvement ?

« Le mouvement, c’est la vie. En architecture,le mouvement formel avec ses jeux de lumièreschangeants, ses ouvertures, invite au mouvement,donne envie de se déplacer ».

Votre définition de l’espace ?

« Ma maison, ce n’est pas le sol, ce n’est pas lesmurs, ce n’est pas le toit. Ma maison, c’est le videentre les choses, c’est là que j’habite ». La penséede Lao Tseu rejoint ma définition architecturaleet urbanistique de l’espace : une sculpture du videentre la matière, les choses, les bâtiments. Noussommes des êtres d’espace. Définir les espaces etsculpter la lumière sont toujours au coeur de mespréoccupations ».

Et du temps ?

« La jouissance du temps vient quand on n’aplus besoin de le compter. Cela marche avec lapassion ».

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