H/AND une histoire de mains

Après avoir fait le tour du monde, l’exposition itinérante H/AND de Anne de Vandière s’est arrêtée cette année à Genève. Vous pourrez retrouver ses photographies dans le livre publié par l’association Paris Musées à l’occasion de leur première exposition à la Maison européenne de la photographie à Paris.Anne de Vandière est journaliste. Il y a dix ans, elle créait son propre magazine Est/OuestAvenue dont la thématique tourne autour de la mode, du design, de l’architecture, du cinéma et de l’art contemporain. En 1999, elle décide d’apporter quelque chose de plus à ses interviews traditionnelles et commence à interroger les gens à travers leurs mains. Elle a réalisé ainsi une importante série de photographies des mains de ses interlocuteurs. Pendant cinq années, elle s’est dédiée à ce travail de longue haleine qu’elle définit comme son journal intime, comme son musée imaginaire, comme une galerie de portraits qui s’enrichit de nouvelles rencontres qui se font au fil du temps.Son projet initial, né «sans chronologie, sans parcours préétabli, sans obligation de liste incontournable, sans début ni fin» dit-elle dans la préface de son livre, est devenu une histoire de mains et de mots qui s’est déroulée sur cinq années et qui a donné lieu à de nombreuses expositions à travers le monde et à la publication d’un livre d’art en 2004. La société Hermès séduite, a exposé son œuvre dans diverses villes: Strasbourg, Singapour, Prague, Genève. Prochaines étapes: Bâle, Zurich, Lugano.Le livre présente cent vingt et une photographies de mains en noir et...

Après avoir fait le tour du monde, l’exposition itinérante H/AND de Anne de Vandière s’est arrêtée cette année à Genève. Vous pourrez retrouver ses photographies dans le livre publié par l’association Paris Musées à l’occasion de leur première exposition à la Maison européenne de la photographie à Paris.
Anne de Vandière est journaliste. Il y a dix ans, elle créait son propre magazine Est/OuestAvenue dont la thématique tourne autour de la mode, du design, de l’architecture, du cinéma et de l’art contemporain. En 1999, elle décide d’apporter quelque chose de plus à ses interviews traditionnelles et commence à interroger les gens à travers leurs mains. Elle a réalisé ainsi une importante série de photographies des mains de ses interlocuteurs. Pendant cinq années, elle s’est dédiée à ce travail de longue haleine qu’elle définit comme son journal intime, comme son musée imaginaire, comme une galerie de portraits qui s’enrichit de nouvelles rencontres qui se font au fil du temps.Son projet initial, né «sans chronologie, sans parcours préétabli, sans obligation de liste incontournable, sans début ni fin» dit-elle dans la préface de son livre, est devenu une histoire de mains et de mots qui s’est déroulée sur cinq années et qui a donné lieu à de nombreuses expositions à travers le monde et à la publication d’un livre d’art en 2004. La société Hermès séduite, a exposé son œuvre dans diverses villes: Strasbourg, Singapour, Prague, Genève. Prochaines étapes: Bâle, Zurich, Lugano.Le livre présente cent vingt et une photographies de mains en noir et blanc placées sur un fond noir, blanc ou gris. En vis-à-vis de la photographie se trouve un portrait de la personne photographiée et un texte expliquant le sens que l’intéressé donne à ses propres mains. Cette organisation forme un triptyque (main-portraittexte) identique pour chaque personne qui s’est livrée dans cette galerie singulière et inattendue.On peut se demander pourquoi Anne de Vandière a choisi la main pour représenter une personne et non pas le visage ? Elle répond dans son livre que la main ne triche pas, qu’elle est souvent plus bavarde que le visage de la personne. La main est au centre de toutes les communications. La main est celle que l’on tend, que l’on touche, que l’on caresse, que l’on brandit, elle est le miroir de nos émotions. La main parle et raconte des histoires de vie aux formes multiples et sans concession.Anne de Vandière a donc choisi d’immortaliser «ses rencontres aléatoires, improbables et exceptionnelles» sous forme de photographies de mains. Dans sa galerie de portraits se succèdent des gens de tous horizons, artiste, photographe, danseur, chirurgien, coiffeuse, chapelière, artisans d’Hermès et aussi ses parents et ses enfants. Au-delà de la beauté des photographies et de l’originalité des mises en scènes que chaque interlocuteur a imaginées, le texte est captivant. Le lecteur accède à une partie de l’intimité de ceux qui partagent leur réflexion et leur vécu dans les textes accompagnants les photos. Tandis que certains interviewés se livrent volontiers et racontent des anecdotes cocasses d’autres restent discrets. Par exemple, nous apprenons qu’Albert Jacquard trouve que ses mains ne sont bonnes à rien, qu’elles sont d’une maladresse épouvantable et qu’il ne peut pas même leur faire confiance pour écrire. Annette Messager nous confie que sa mère trouvait ses mains affreuses et qu’elle ne trouverait jamais de mari à cause de cela, c’est peut- être la raison pour laquelle elle se mutilait en passant sous la peau de sa main une aiguille et du fil. Anne de Vandière ne pouvait pas traiter le sujet de la main sans rencontrer Denis Chatelier (premier greffé des deux mains) qui nous livre un témoignage émouvant en racontant comment il a réussi à les accepter dans sa propre chair. Un autre témoignage touchant est celui d’Alexandre François, responsable de l’atelier tactile au musée Rodin, qui, d’une anomalie, une main à six doigts, en a fait une force «Mes six doigts, ma lumière à moi, si je ne sculpte pas, c’est le noir.»On y découvre encore les mains de Jacques Attali, de Jean Nouvel, de l’abbé Pierre, de Agnès B et bien d’autres. Certains aiment leurs mains, d’autres les détestent. Certains y pensent et s’en occupent d’autres les oublient complètement.Pour chaque image, Anne de Vandière a passé près de trente minutes à réaliser les prises de vues et utilisé un jeu de deux pellicules par portrait. Elle n’a pas utilisé d’artifice de studio mais s’est contentée de la lumière du jour ou de l’éclairage ambiant. Le résultat est surprenant, les mains suspendues dans le vide donne vie à une biographie de l’humanité variée par ses représentations et unie par l’unique modèle de la main.Dans cette galerie imaginaire, elle nous présente toutes sortes de mains, fines, jeunes, vieilles, grosses, élégantes, travailleuses, oisives et nous montre qu’il y en a autant que de personnalités différentes et souligne que les gestes qui ont une symbolique puissante sont souvent faits avec les mains. Les images de la petite Paloma en prière, d’Aliénor et Martine qui se tiennent la main et celle de Marie-Liesse Blesse, enseignante, nous rappellent qu’il faudrait toujours utiliser nos mains à bon escient. Aider, donner, partager, caresser, porter, réchauffer, parce que le bonheur passe par les mains, par les nôtres et celles de nos voisins, par les actions de chacun d’entre nous.Anne de Vandière continue son travail de photographe en abordant d’autres sujets. Elle a travaillé sur les larmes, qui sont devenues un nouveau support à son deuxième sujet A/LARMES et les personnes âgées sont l’objet de son prochain projet BORDER LINE

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