HUMANITÉ MIRACULEUSE

HUMANITÉ MIRACULEUSE
HUMANITÉ MIRACULEUSE
Artiste unique du cinéma français, Catherine Frot incarne une femme à la rue dans le nouveau film du réalisateur allemand Claus Drexel. Un miracle de sensibilité, un portrait qui redonne foi en l’humanité. Clocharde : elle préfère dire clocharde, plutôt que S.D.F. Parce que les acronymes et autres termes techniques masquent la singularité des destins. Cette réalité, Catherine Frot a choisi de la côtoyer pour nourrir son personnage. En dialoguant avec ces individus oubliés par nos sociétés «modernes», auxquels on ne prête plus attention, qui pourtant ont eu des vies. Des vies comme les nôtres, soudain brisées. À l’instar de cette Christine bouleversante que campe l’actrice, qui ramasse les magazines dans les poubelles, dont on apprend qu’elle fut mère un jour – et même chercheuse en sciences. Que s’est-il passé pour en arriver là ? La finesse du film est de laisser ce passé en suspens, de rappeler que la vie est un puzzle dont on égare parfois les pièces les plus cruciales… HUMANITÉ MIRACULEUSE C’est un beau hasard qui fit naître ce projet: en 2013, Catherine Frot découvre Au bord du monde, documentaire de Claus Drexel sur les sans-abri qui hantent les trottoirs, les métros des grandes villes. Chamboulée par le travail du réalisateur, elle lui propose d’écrire une fiction sur le même thème. Fiction qui, malgré son réalisme poignant, possède d’emblée des accents de conte intemporel : dès les premiers instants, on navigue entre les Mystères de Paris d’Eugène Sue et une ambiance digne...

Artiste unique du cinéma français, Catherine Frot incarne une femme à la rue dans le nouveau film du réalisateur allemand Claus Drexel. Un miracle de sensibilité, un portrait qui redonne foi en l’humanité.

Clocharde : elle préfère dire clocharde, plutôt que S.D.F. Parce que les acronymes et autres termes techniques masquent la singularité des destins. Cette réalité, Catherine Frot a choisi de la côtoyer pour nourrir son personnage. En dialoguant avec ces individus oubliés par nos sociétés «modernes», auxquels on ne prête plus attention, qui pourtant ont eu des vies. Des vies comme les nôtres, soudain brisées. À l’instar de cette Christine bouleversante
que campe l’actrice, qui ramasse les magazines dans les poubelles, dont on apprend qu’elle fut mère un jour – et même chercheuse en sciences. Que s’est-il passé pour en arriver là ? La finesse du film est de laisser ce passé en suspens, de rappeler que la vie est un puzzle dont on égare parfois les pièces les plus cruciales…

HUMANITÉ MIRACULEUSE
HUMANITÉ MIRACULEUSE

C’est un beau hasard qui fit naître ce projet: en 2013, Catherine Frot découvre Au bord du monde, documentaire de Claus Drexel sur les sans-abri qui hantent les trottoirs, les métros des grandes villes. Chamboulée par le travail du réalisateur, elle lui propose d’écrire une fiction sur le même thème. Fiction qui, malgré son réalisme poignant, possède d’emblée des accents de conte intemporel : dès les premiers instants, on navigue entre les Mystères de Paris d’Eugène Sue et une ambiance digne de Tim Burton. Le ciel nocturne est d’un
bleu envoûtant, les étoiles scintillent, la Seine coule paisiblement… et pourtant, sous un pont(sur)vit une ombre aux allures de sorcière. Une silhouette sans nom – sans langage.

Cette silhouette, la comédienne a mis du temps à la dessiner… Arpentant les décors réels de l’histoire, des images d’Andersen à l’esprit (La Petite fille aux allumettes), il s’est agi de composer la dégaine d’une femme que plus personne ne remarque. D’inventer le regard d’une exclue ayant renoncé à sourire, mais à qui la fortune offre une rencontre inattendue. Car un soir de neige, derrière la grille qui lui sert de repaire, notre héroïne voit surgir le regard d’un petit garçon. Il a sept ans. Il est noir. Il est de ceux qu’on nomme migrants.
Et lui aussi a tout perdu. Sauf l’espoir de retrouver sa mère.

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Alors les choses se nouent: en dépit d’un rejet initial, notre « bonne sorcière» va se prendre d’affection pour cet ange tombé du ciel, et l’assister dans sa quête contre vents et marées. On n’en dira pas plus pour préserver le mystère, mais on soulignera l’extraordinaire performance de l’actrice principale, qui réussit à faire rejaillir le feu d’un visage éteint. Sans mot, image par image, cette résurrection ne pouvait être racontée qu’au cinéma… Le talent inné du jeune acteur Mahamadou Yaffa fait le reste: sa partenaire avoue avoir senti, dès la première audition – parmi cent autres candidats –, que ce serait lui.

Catherine Frot s’est fait connaître du grand public en 1997 avec le personnage de Yoyo, dans le classique Un Air de famille. Mais en Suisse, c’est son premier rôle au cinéma qui a marqué les mémoires: celui de Pierrette Dumortier, douce-dingue quittant son helvétique vie bourgeoise pour rejoindre ses enfants en France, avant de tomber amoureuse d’un prêtre et de s’associer avec un antiquaire escroc : La Dilettante, de Pascal Thomas, dégageait déjà un parfum aussi attachant qu’indescriptible. Depuis, les portraits féminins hors-norme se sont succédé. On a ri devant les enquêtes de Prudence Beresford (aux côtés d’André Dussolier), pleuré devant la bonté naïve d’Odette Toulemonde (Éric-Emmanuel Schmitt), rougi devant les humiliations que s’impose Marguerite, cette diva catastrophique inspirée de Florence Foster Jenkins, qui valut à la comédienne son deuxième césar.

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Malgré cela, de film en film, Frot parvient à se renouveler, à nous surprendre, à nous passionner. Sans doute parce que les rôles qu’elle choisit racontent des secrets qu’elle ne révèle à personne, mais qui parlent à chacun. Parce qu’ils transmuent la fragilité de femmes discrètes en trésors d’humanité. Et en lumière. Cela s’appelle: être poète.

Arthur Dreyfus

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