L’ART DE LIRE

KAFKA SOUS LE PINCEAU DE BARCELÓ
KAFKA SOUS LE PINCEAU DE BARCELÓ
CONTES POUR LES PETITS ET LES GRANDS… Même drapés de soie et de rubans, les contes de notre enfance sont de formidables réservoirs de monstres difformes et d’ogres effrayants. On y croise des princesses dissimulées sous des haillons, des maris psychopathes aux humeurs assassines, des gamins égarés dans des forêts opaques, des loups aux appétits féroces… Amoureuse de la littérature sous toutes ses formes, l’éditrice Diane de Selliers a relevé un défi de prime abord saugrenu: provoquer de façon livresque les noces de l’art brut et des contes populaires issus de la tradition orale que rassembla, en 1697, l’écrivain français Charles Perrault. Au-delà de la fascination exercée par ses rapprochements visuels, son dernier opus invite ainsi à une passionnante relecture de ce matériau féerique qui fit les délices des surréalistes comme des psychanalystes. Jean Dubuffet ne s’y était d’ailleurs pas trompé, louant « ces petits dieux des contes des fées qui s’anéantissent dès qu’on prononce leur nom». À feuilleter les pages de ce livre aussi troublant que réjouissant, resurgissent soudain les « aimables traumatismes» de notre enfance peuplés de châteaux féeriques et de chimères disgracieuses, de talismans magiques et de maudits sortilèges, de fantasmes inavoués et de craintes enfouies. Exempts de culture académique, cloîtrés parfois dans des prisons ou des hôpitaux psychiatriques, les artistes encore bizarrement qualifiés de « bruts» ont alors fait resurgir de leur subconscient ces visions cauchemardesques ou édéniques, que les collectionneurs ou les conservateurs de musées portent désormais aux nues. Décloisonnant les frontières entre les disciplines,...

CONTES POUR LES PETITS ET LES GRANDS…

Même drapés de soie et de rubans, les contes de notre enfance sont de formidables réservoirs de monstres difformes et d’ogres effrayants. On y croise des princesses dissimulées sous des haillons, des maris psychopathes aux humeurs assassines, des gamins égarés dans des forêts opaques, des loups aux appétits féroces… Amoureuse de la littérature sous toutes ses formes, l’éditrice Diane de Selliers a relevé un défi de prime abord saugrenu: provoquer de façon livresque les noces de l’art brut et des contes populaires issus de la tradition orale que rassembla, en 1697, l’écrivain français Charles Perrault. Au-delà de la fascination exercée par ses rapprochements visuels, son dernier
opus invite ainsi à une passionnante relecture de ce matériau féerique qui fit les délices des surréalistes comme des psychanalystes. Jean Dubuffet ne s’y était d’ailleurs pas trompé, louant « ces petits dieux des contes des fées qui s’anéantissent dès qu’on prononce leur nom». À feuilleter les pages de ce livre aussi troublant que réjouissant, resurgissent soudain les « aimables traumatismes» de notre enfance peuplés de châteaux féeriques et de chimères disgracieuses, de talismans magiques et de maudits sortilèges, de fantasmes inavoués et de craintes enfouies. Exempts de culture académique, cloîtrés parfois dans des prisons ou des hôpitaux psychiatriques, les artistes encore bizarrement qualifiés de « bruts» ont alors fait resurgir de leur subconscient ces visions cauchemardesques ou édéniques, que les collectionneurs ou les conservateurs de musées portent désormais aux nues. Décloisonnant les frontières entre les disciplines, ce livre est une formidable plongée dans l’onirique, en même temps qu’une délicieuse catharsis! Les Contes de Perrault illustrés par l’art brut, textes de Bernadette Bricout et Céline Delavaux, éditions Diane de Selliers, volume relié sous coffret, 374 pages, 24,5x33cm.

CONTES POUR LES PETITS ET LES GRANDS…
CONTES POUR LES PETITS ET LES GRANDS…

À LA RECHERCHE D’UN TEMPS PERDU

«Tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines. Ce sentiment tient à la fragilité de notre nature, à une conformité secrète entre ces monuments détruits et la rapidité de notre existence», écrit Chateaubriand dans Le Génie du christianisme. Nulle œuvre, mieux que les panoramiques de Josef Koudelka, ne traduisent la poésie irréelle, quasi abstraite, de ces blocs de marbre arasés par le temps qui jalonnent le pourtour méditerranéen. Loin de tout exotisme facile ou de tout romantisme échevelé, le photographe français d’origine tchèque a sillonné pendant vingt-huit années les sites archéologiques gréco-romains pour en saisir leur beauté minérale, leur grandiose majesté. Sublimées par des plongées ou contreplongées audacieuses et des noirs et lancs d’une rare puissance dramatique, les ruines de Palmyre, de Pompéi ou de Delphes semblent encore habitées d’un souffle divin. Scandées de citations antiques ou modernes joliment sélectionnées par l’helléniste Alain Schnapp, ces sublimes images restituent en outre l’état d’un patrimoine que les fracas d’une Histoire récente ont parfois mutilé, voire inexorablement détruit… Ruines, Josef Koudelka, Atelier EXB/Bibliothèque nationale de France, textes d’Héloïse Conesa, Bernard Latarget, Alain Schnapp, relié, 31,5x24cm, 170 photographies N&B, 368 pages.

À LA RECHERCHE D’UN TEMPS PERDU
À LA RECHERCHE D’UN TEMPS PERDU

MODIGLIANI, AU-DELÀ DU MYTHE

Une figure de dandy aux yeux de braise, une vie de bohème dans le Paris de Montparnasse sur fond de drogue et d’alcool, et pour couronner le tout une fin tragique dans le plus grand dénuement … Tous ces ingrédients ont longtemps fait écran aux analyses objectives de l’œuvre d’Amadeo Modigliani. Aux antipodes de ces clichés éculés, l’historien de l’art Thierry Dufrêne signe une magnifique monographie sur ce peintre singulier qui traversa, tel un météore, les avant-gardes du début du XXe siècle et inventa un style à nul autre pareil. De ses garçonnes des temps modernes à ses caryatides teintées d’Asie et d’africanisme, en passant par ses nus alanguis et ses sublimes portraits de Jeanne, sa compagne aux prunelles noyées d’azur, chacune de ses créations porte son empreinte. Celle d’un artiste extraordinairement érudit qui, tel un Picasso, sut absorber tous les primitivismes et les modernités pour tracer son chemin. Preuve de la fascination éternelle que Modigliani
exercera sur les générations futures, sa Femme à la cravate noire (1917) s’est glissée dans une scène de Pierrot le fou (1965) de Jean-Luc Godard. Joli hommage du plus pictural des cinéastes… Modigliani, par Thierry Dufrêne, Citadelles & Mazenod, relié sous coffret illustré, 324 pages, 330 illustrations, 29x42cm.

MODIGLIANI, AU-DELÀ DU MYTHE

KAFKA SOUS LE PINCEAU DE BARCELÓ

Les éditions Gallimard ont pris l’heureuse habitude de provoquer des rencontres poétiques entre un grand texte de la littérature et le regard subjectif et inspiré d’un créateur. On se
souvient ainsi de la façon bien élégante dont le couturier Christian Lacroix rehaussa de sa palette chromatique La Princesse de Clèves il y a deux ans. Cette année, c’est au tour du peintre espagnol Miquel Barceló de relever le défi en s’attaquant à ce monument de la littérature fantastique qu’est La Métamorphose de Franz Kafka. «J’ai lu La Métamorphose à l’âge de treize ou quatorze ans d’un trait, la nuit. Peut-être même deux fois de suite, comme j’avais l’habitude de faire parfois. Le jour d’après, en rentrant de l’école, j’ai trouvé
ma mère en train de pleurer en le lisant, alors que je l’avais trouvé drôle et troublant», se souvient bien des années plus tard l’artiste ibérique. Hanté par le souvenir de Gregor Samsa se réveillant «en une énorme bestiole immonde» au sortir de rêves agités, Barceló
habille ce texte surréaliste avant l’heure de gouaches éblouissantes et d’éclaboussures célestes qui dansent au fil des pages. Loin d’être glauque ou dramatique, son regard est celui d’un enfant émerveillé par ce conte teinté de cet humour que l’on prête aux Juifs d’Europe de l’Est. «Je le considère comme une sorte de comique essentiel et moderne», résume avec pertinence le peintre espagnol dont le génie inventif s’en donne ici à cœur joie. La Métamorphose de Franz Kafka, Œuvres originales de Miquel Barceló, Collection Blanche, Gallimard, 160 pages, couverture illustrée, 25×32,5cm.

KAFKA SOUS LE PINCEAU DE BARCELÓ

JEAN DUNAND, MAGICIEN DE LA LAQUE

Les collectionneurs et les bibliophiles le savent bien … Les éditions Norma se distinguent par leurs monographies raffinées et érudites consacrées aux grandes figures des arts décoratifs. L’ouvrage ressuscitant le génie protéiforme de Jean Dunand (1877-1942) ne déroge pas à la règle, tant son iconographie somptueuse le dispute à la richesse des informations rassemblées par ses deux auteurs: Félix et Amélie Marcilhac, éminents spécialistes de l’Art déco. On ne sait quelle facette retenir de ce créateur boulimique qui s’illustra avec le même bonheur dans des disciplines aussi éclectiques que la sculpture, la dinanderie, l’orfèvrerie, la reliure ou la décoration. Mais le nom de Jean Dunand demeure indissociable de la laque qu’il porta à la perfection tant sur des vases, de grands
panneaux décoratifs, que des meubles d’une exquise sophistication. Mais l’un des grands moments de sa carrière lui fut offert, à l’aube des années trente, par les chantiers titanesques des paquebots L’Atlantique ou Normandie dans lesquels il laissa libre cours à son imagination féconde. On se prend ainsi à rêver devant ces scènes oniriques peuplées de zèbres, de tigres et d’éléphants dont l’exotisme aimable ouvrait les portes du voyage… Exposé à Paris comme à New York, portraitiste et ami des figures les plus emblématiques de son temps (de Joséphine Baker à Jeanne Lanvin), Jean Dunand apparaît bel et bien comme un acteur essentiel de l’Art déco, à qui cette belle monographie rend un salutaire hommage. Jean Dunand, textes de Félix Marcilhac et Amélie Marcilhac, Éditions Norma, 416 pages, 2000 illustrations, 25×30,5cm.

JEAN DUNAND, MAGICIEN DE LA LAQUE
JEAN DUNAND, MAGICIEN DE LA LAQUE

ÉLOGE DE L’AQUARELLE

Longtemps tenue pour un art mineur, voire reléguée au rang de divertissement pour jeune fille de bonne famille, l’aquarelle a pourtant offert un terrain d’expérimentations plastiques aux plus grands artistes. Prisé pour ses qualités de transparence, de légèreté et de fluidité, cet accord parfait de la couleur et de l’eau s’est ainsi hissé au rang de genre à part entière à partir de la fin du XVIIIe siècle. On peut cependant en déceler des manifestations éclatantes chez des artistes antérieurs à cette époque, tel Albrecht Dürer qui nous a livré des études de fleurs ou d’animaux d’une rare virtuosité. Mais c’est vers la fin du XIXe
siècle, et en France tout particulièrement, que la pratique de l’aquarelle devient l’apanage des avant-gardes. De Cézanne à Kandinsky, en passant par Signac, Klee et Kupka, les artistes succombent à ses infinies nuances, aux confins de l’abstraction. Servi par une iconographie flamboyante, l’ouvrage de Marie-Pierre Salé, conservatrice au département des Arts graphiques du musée du Louvre, est bien davantage qu’un beau livre d’art. C’est une monographie de référence sur un sujet trop longtemps sacrifié. L’Aquarelle, par Marie-Pierre Salé, Citadelles & Mazenod, relié sous jaquette et coffret illustrés, 416 pages, 300 illustrations. 25×31,5cm.

ÉLOGE DE L’AQUARELLE

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