L’empire fondé le Deux-Décembre 1851 est à son déclin. Octobre 1869 présente les symptômes de la fin. L’agitation républicaine flétrit l’État. Le 12, le journal Le Siècle oppose, dans un contexte d’émeute populaire, Napoléon III et Victor Hugo, «placés aux pôles extrêmes du monde politique». Le 11, Hugo composait un poème dont le titre biffé, Impératrice, vise la reine Victoria (1819-1901) qui s’était, depuis 1855, rapprochée de Napoléon. Ce poème ébauché sur trois feuilles ne figure pas à notre connaissance dans les œuvres publiées de Victor Hugo. Évoquant la terrible Guerre de Crimée (en octobre 1854 eut lieu le siège meurtrier de Sébastopol), il rappelle les menées criminelles d’un Empire qui avait conduit du Deux-Décembre à l’embrasement de l’Europe:
Dans son discours au Parlement, le 29 novembre 1854, Hugo avait ainsi expliqué la Guerre de Crimée: «M. Bonaparte commet un crime, érige ce crime en trône et s’assied dessus. Mais à César il faut Pierre.» Il lui faut être sacré empereur: «M. Bonaparte donc résolut de faire un cadeau à M. Mastaï» (le pape Pie IX !). D’où l’affaire des Lieux Saints: appuyé par l’Angleterre, il convainc le sultan, qui possède la Judée, de donner à Rome la clef du Saint-Sépulcre, au détriment des orthodoxes et de Moscou. «Bonaparte a remercié, Nicolas s’est fâché… Depuis tout brûle ! On s’entr’égorge en Orient devant un monceau de ruines…Voilà l’Europe des rois, Ô avenir, quand nous donneras-tu l’Europe des peuples ?»