La prochaine édition de la grande foire de Bruxelles s’annonce plus riche que jamais et sera l’occasion de fêter l’un de ses partenaires de choix, la Fondation Roi Baudoin.
Comment visiterai(s)-je la prochaine BRAFA ? L’édition 2026 – la soixante-et-onzième – de la plus ancienne foire d’art d’Europe s’annonce, comme il se doit et comme de coutume, alléchante. Comment organiser sa visite dans ce rassemble-ment de grands noms et de grands professionnels ? Puisque ces rendez-vous se caractérisent par leur qualité dans l’éclectisme (ce qui en fait des sortes de musées on ne peut plus universels, où les quatre continents aussi bien que le design, la peinture, la joaillerie, l’archéologie, la sculpture…, s’entre-mêlent gaiement), puisqu’ils sont aussi – pour les collectionneurs et les amateurs – terrains de chasse, terres de coups-de-cœur, labyrinthes où rôde le Minotaure-Tentation…, puisqu’ils sont ceci et cela, et d’autres choses, allons-y en capri-cieux ! J’isole ainsi (pure arbitraire), dans le menu des œuvres présentées bientôt à Bruxelles, l’Italie. On ne se lasse pas de retrouver le plus souvent possible, après tant d’autres et avant tant d’autres, ce pays béni. Ainsi ira-t-on voir sur le stand de Maurice Verbaet Gallery un Hommage à Fontana par Jef Verheyen, et sur celui de Stéphane Renard Fine Art un Sigismondo Pandolfo Malatesta – ce-lui de Rimini – par Ingres, ou encore sur celui de Beck & Eggeling International Fine Art ce Perfil sobre fondo azul de Manolo Valdès, qui cite de manière à la fois exquise et franche le célèbre portrait berlinois de femme attribué à Antonio Pollaiuolo. Il y aura bien de quoi tracer un hori-zon italien d’un stand à l’autre de la BRAFA, de quoi embarquer, de quoi entendre la cloche du dé-part. Qui ne voudrait repartir avec cette pièce de Fausto Melotti, présentée sur le stand de Pron, Il Meridiano delle campane ? Qui ne l’imagine aisé-ment dans la pénombre argentée d’un portego vénitien ? Le joaillier par excellence de la place Saint Marc, Nardi, sera d’ailleurs présent, tout comme Rosalba Carriera, représentée par une minia-ture figurant Joseph Smith et, moretta à la main, Catherine Tofts (chez Stéphane Renaud Fine Art). Et dans ma tête au moins – mais qui le fera sur ses murs ? –, je placerai côte à côte ces deux toiles qui résument à merveille mon parti-pris présent : ce Caprice architectural de Canaletto, présenté par Harford Fine Art – Lampronti Gallery, où derrière le Palais ducal se dresse le Rédempteur de Palladio, comme surgissant du tombeau, presque aussi haut que le campanile de la Piazza ; et ce Caprice archi-tectural de Viviano Codazzi et Jan Miel, présen-té par Ars Antiqua, où ce sont cette fois les mo-numents antiques de Rome que l’on fantasme et combine, manipule et caresse, autour d’une basi-lique Saint Pierre, d’un dôme michélangelesque qui semble agir comme un immense aimant. Savoureux mémorandums… De tels voyages, cha-cun les fera à sa guise à la BRAFA, en particu-lier peut-être sur le stand d’un des partenaires his-toriques de la foire, la Fondation Roi Baudouin, qui y fêtera ses cinquante ans et exposera quelques très belles pièces de ses collections. Ce sera par exemple ce bracelet Boules des deux côtés d’un car-ré, de Pol Bury, tout récemment acquis, ou ce ha-nap fou du XVIe siècle, en forme de chouette, en argent doré, argent et noix de coco… Melanie Coisne, responsable des Fonds du Patrimoine au sein de la Fondation, a bien voulu répondre à nos questions sur cet « événement dans l’événement » :
Pouvez-vous nous présenter la Fondation Roi Baudouin et ses missions, en particulier culturelles ?
La Fondation Roi Baudouin est une fondation d’uti-lité publique indépendante et pluraliste, créée en 1976. Depuis cinquante ans, sa mission est restée inchangée : construire ensemble une société meil-leure, en veillant à ne laisser personne de côté. Active en Belgique, mais également en Europe et dans le monde, la Fondation agit comme moteur de chan-gement et d’innovation au service de l’intérêt général. Ses programmes s’articulent autour de six piliers : la justice sociale et la pauvreté, la santé ; le patrimoine et la culture ; la démocratie ; le climat, l’environne-ment et la biodiversité ; l’éducation et le développe-ment des talents. Dans le domaine du patrimoine et de la culture, la Fondation œuvre à la sauvegarde, à la valorisation et à la transmission du patrimoine belge, avec une ambition claire : rendre ce patrimoine accessible à un large public et le transmettre aux gé-nérations futures. Aujourd’hui, elle gère cent cin-quante-quatre fonds de mécénats dédiés au patri-moine, aux arts et à la culture, grâce auxquels elle a pu se constituer une collection diversifiée rassem-blant plus de vingt neuf mille œuvres et trente et un fonds d’archives. Toutes ces pièces sont confiées en prêt à long terme à une centaine de musées et insti-tutions, afin de les rendre accessibles au grand public. Mais la Fondation ne se limite pas à préserver le pas-sé, elle stimule aussi la découverte et le dialogue au-tour d’œuvres clés du patrimoine, faisant de celui-ci un véritable levier de cohésion sociale.
Comment, et selon quels critères, vos diffé-rents projets et partenariats sont-ils choisis et menés ?
Nous les sélectionnons selon une démarche rigou-reuse, au service de la préservation et de la transmis-sion du patrimoine. Chaque initiative est évaluée sur plusieurs critères : sa valeur patrimoniale, son po-tentiel de conservation à long terme, son apport à la connaissance, et sa capacité à rendre ce patrimoine accessible à un large public. L’impact sociétal est central. Nous privilégions les projets qui créent du lien, favorisent l’éducation culturelle, soutiennent les talents et contribuent à un patrimoine vivant et partagé. La solidité du projet, la qualité des parte-naires impliqués et la clarté du budget sont aussi dé-terminants. Nous collaborons étroitement avec des experts et des institutions culturelles afin de garan-tir une approche professionnelle et durable. À titre d’exemple, en cas de prêt de longue durée d’une de nos œuvres au sein d’un musée, nous vérifions toujours la volonté et la capacité de l’institution à pouvoir la réceptionner (espace disponible), la pré-server (expertise présente au sein des équipes), l’étu-dier (politique scientifique proactive) et la rendre accessible (expositions, publications, outils éduca-tifs, etc). Nous veillons également à encourager l’innovation et les synergies : dialogues entre artisans et designers, transmission des savoir-faire, soutien aux jeunes talents, nouvelles formes d’accès au pa-trimoine… Notre ambition est de faire émerger des projets exemplaires, qui sauvegardent notre héritage culturel, mais en stimulent aussi la découverte et la réappropriation par le public.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les liens éta-blies de longue date entre la Fondation Roi Baudoin et la BRAFA ?
Cette collaboration revêt une importance parti-culière, car elle renforce notre mission de préser-vation et d’accessibilité du patrimoine. Cela nous permet de mettre en lumière l’engagement des philanthropes qui œuvrent à nos côtés pour pré-server le patrimoine belge au bénéficie des géné-rations futures. La BRAFA offre une plateforme unique pour présenter notre vaste collection, où se côtoient découvertes archéologiques, bijoux, ta-bleaux… Cette collaboration souligne aussi l’im-portance des partenariats entre philanthropes et institutions culturelles, et montre comment des initiatives publiques-privées peuvent contribuer à préserver notre patrimoine.
Que ressentez-vous à quelques semaines de dévoiler votre stand et d’y fêter les cinquante ans de votre institution ?
Un mélange d’excitation, de fierté et d’émotion ! C’est un moment charnière, qui marque à la fois l’aboutissement de plusieurs mois de préparation, mais aussi une étape symbolique dans l’histoire de notre institution. Nous avons voulu faire de cette édition anniversaire bien plus qu’une simple expo-sition. À travers les œuvres présentées, une scéno-graphie soignée et le nouveau « KBF Forum » – un espace qui accueillera concerts, conférences et projec-tions –, nous souhaitons offrir aux visiteurs une vé-ritable immersion dans notre mission et dans ce que la philanthropie peut accomplir pour le patrimoine et la culture. Célébrer un demi-siècle d’engagement partagé au cœur d’un événement aussi prestigieux que la BRAFA est une immense fierté. Mais c’est aussi un moment de gratitude envers les mécènes, les partenaires et toutes celles et ceux qui, depuis cin-quante ans, contribuent à faire de la Fondation Roi Baudouin un acteur de référence au service de l’in-térêt général. Nous espérons que ce stand sera une source d’inspiration et d’enthousiasme pour tous les visiteurs qui le découvriront.


















