Les collections Barbier-Mueller: une passion centenaire

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[vc_row][vc_column][vc_column_text] Cette année, la Biennale des Antiquaires, à Paris, ne s’est pas contentée d’exposer quelques-unes des pièces les plus rares d’une petite centaine d’exposants, dont un tiers venus des quatre coins du monde, elle a tenu à mettre en avant la figure même du collectionneur, sans laquelle rien ne se fait dans le domaine de l’art. N’est-ce pas lui qui, en dernière instance, apprécie, évalue, chérit, conserve et transmet des objets qu’il choisit parmi mille autres ? Ainsi, la Biennale a tenu à citer comme exemple les collectionneurs par excellence que sont, les Barbier-Mueller, de Genève. Et ceci depuis quatre générations. [/vc_column_text][vc_column_text] La Biennale a fêté les quarante ans du musée Barbier-Mueller en rendant un vibrant hommage à son fondateur, Jean Paul Barbier-Mueller, disparu le 22 décembre 2016, mais aussi à son épouse, Monique Barbier-Mueller, au père de celle-ci, Josef Mueller, à leurs trois fils, Jean Gabriel, Stéphane et Thierry, et à Diane, la fille de Stéphane, vingt-six ans, qui cultive, dans la quatrième génération, la passion familiale des tableaux anciens et modernes, jusqu’au plus contemporains, des sculptures antiques ou renaissance, africaines ou océaniques, des monnaies en or de Vercingétorix à Napoléon III, des armures et des casques de guerre de samouraïs, des éditions rares de Villon, de Ronsard ou de Molière. Car chacun, dans cette famille animée d’une curiosité sans limites, cultive avec bonheur et dans la joie du partage deux ou trois domaines qui pourraient sembler contradictoires au visiteur pressé, mais qui sont profondément complémentaires. Ainsi, dans deux...

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Cette année, la Biennale des Antiquaires, à Paris, ne s’est pas contentée d’exposer quelques-unes des pièces les plus rares d’une petite centaine d’exposants, dont un tiers venus des quatre coins du monde, elle a tenu à mettre en avant la figure même du collectionneur, sans laquelle rien ne se fait dans le domaine de l’art. N’est-ce pas lui qui, en dernière instance, apprécie, évalue, chérit, conserve et transmet des objets qu’il choisit parmi mille autres ? Ainsi, la Biennale a tenu à citer comme exemple les collectionneurs par excellence que sont, les Barbier-Mueller, de Genève. Et ceci depuis quatre générations.

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La Biennale a fêté les quarante ans du musée Barbier-Mueller en rendant un vibrant hommage à son fondateur, Jean Paul Barbier-Mueller, disparu le 22 décembre 2016, mais aussi à son épouse, Monique Barbier-Mueller, au père de celle-ci, Josef Mueller, à leurs trois fils, Jean Gabriel, Stéphane et Thierry, et à Diane, la fille de Stéphane, vingt-six ans, qui cultive, dans la quatrième génération, la passion familiale des tableaux anciens et modernes, jusqu’au plus contemporains, des sculptures antiques ou renaissance, africaines ou océaniques, des monnaies en or de Vercingétorix à Napoléon III, des armures et des casques de guerre de samouraïs, des éditions rares de Villon, de Ronsard ou de Molière. Car chacun, dans cette famille animée d’une curiosité sans limites, cultive avec bonheur et dans la joie du partage deux ou trois domaines qui pourraient sembler contradictoires au visiteur pressé, mais qui sont profondément complémentaires. Ainsi, dans deux vastes salles, situées à chaque extrémité du Grand Palais, étaient placées, pour qu’elles dialoguent entre elles, des pièces rarissimes de six collections désormais connues internationalement auxquelles s’ajoutent les promesses d’une septième, fraîchement éclose. Le catalogue, Les Collections Barbier-Mueller – 110 ans de passion (Editions Glénat) est le premier d’une série qui célébrera ces grands collectionneurs.

Tout avait commencé à Soleure, au tournant du XIXe au XXe siècle, dans une petite ville de dix mille habitants, mais au passé prestigieux, puis qu’elle avait été le siège des ambassades étrangères sous l’Ancien Régime, lorsque le fils unique d’un industriel de machines-outils, Josef Mueller, né en 1887, orphelin de père et de mère à six ans, élevé, ainsi que ses sœurs, par une gouvernante, découvre, chez les parents d’un camarade de classe, la famille du collectionneur Oscar Miller (1862-1934), des toiles de Giovanni Giacometti, Cuno Amiet, de Hodler, mais aussi un Picasso de la période rose, dont il devait d’ailleurs faire l’acquisition plus tard. Soleure, ainsi que d’autres villes suisses à la même époque, dont Winterthur ou Lucerne, témoignait alors un intérêt remarquable à l’art moderne, en faisant construire, dès 1902, un Kunstmuseum, qui, en 1907 déjà, consacrait une exposition aux peintres expressionnistes allemands de la Brücke.

Destiné à reprendre l’industrie paternelle, Josef Mueller fit des études d’ingénieur à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, mais sa passion pour l’art finit par l’emporter et, en 1920, il s’installa à Paris. Il avait rencontré les grands marchands de l’art moderne qu’étaient Paul Durand-Ruel et Ambroise Vollard des années auparavant. Sa collection était riche de plusieurs toiles de Hodler, de Renoir, de Matisse, de Cézanne, de Braque et de Picasso. Il aurait d’ailleurs aimé devenir peintre lui-même et s’était formé, comme sa sœur Gertrud, auprès de Cuno Amiet. Cette dernière, Gertrud Dübi-Mueller, sera elle-même une collectionneuse, une mécène et une photographe remarquable. Hodler a fait près de vingt portraits d’elle ; nombre d’entre eux, ainsi que des toiles de Renoir, Rouault, Utrillo, Braque, Léger, ont été données au Kunstmuseum de Soleure en 1980. La nièce de Gertrud Dübi-Mueller, Monique Barbier-Mueller, vient de consacrer à cette personnalité aussi exceptionnelle que peu connue, en collaboration avec Cäsar Menz, l’ancien directeur des Musées d’art et d’histoire de Genève, une remarquable monographie. Ecrit en allemand, la langue de son enfance, il vient de paraître en français aux éditions Noir sur Blanc.

C’est à Paris, que Josef Mueller se passionne pour les arts premiers et le folklore. Il est vrai que cet intérêt était ancien et que dès son plus jeune âge, il avait acquis des masques utilisés dans certaines vallées suisses pour les rituels de la fin de l’hiver. Et toute sa vie, il est resté sensible à la fonction magique et religieuse de l’art, une fonction que les surréalistes et en particulier son ami Tristan Tzara ont essayé de retrouver dans l’art tribal.

Si Josef Mueller a transmis sa passion pour la peinture moderne à sa fille Monique, il a inoculé son amour pour ce qu’il appelait ses « fétiches » à son gendre, Jean Paul Barbier. A l’origine, ce dernier était davantage intéressé par la poésie du XVIe siècle que par les arts premiers. Il a d’ailleurs continué à collectionner des éditions rares de la Renaissance française et italienne pendant toute sa vie, comme en témoigne à la fois les huit volumes in-folio de Ma bibliothèque poétique (Droz, 1973-2017), son Dictionnaire des poètes français de la seconde moitié du XVIe siècle (1549-1615), dont trois volumes ont paru et trois autres sont encore à paraître (Droz, 2015-2017). Cette passion des éditions rares, Jean Paul Barbier-Mueller a eu la satisfaction de la voir renaître chez sa petite fille Diane, qui a prêté un exemplaire annoté peut-être par Molière lui-même de L’Ecole des femmes.

Sa passion pour l’Afrique et l’Océanie, Jean Paul Barbier la doit à son beau-père. Et lorsqu’il a ajouté son nom au sien, ce fut pour lui rendre hommage, en même temps qu’à son épouse. Le musée, c’est son idée, qu’il a réalisée en dépit des réticences de Monique. S’il s’est imposé sur la scène internationale comme un haut lieu des arts premiers, au même titre que le musée du quai Branly-Jacques Chirac, que les Barbier-Mueller ont d’ailleurs enrichi par des dons spectaculaires, il cherche toujours sa reconnaissance auprès des autorités genevoises. Pour célébrer ses quarante ans, le musée a demandé à Michel Butor, ami de vieille date disparu quelques semaines avant Jean Paul, de choisir une centaine de réceptacles de toutes origines et de toutes périodes, les plus anciens datant de plus de six mille ans, les plus récents de l’époque Art déco et Art nouveau, et de les commenter chacun par un poème (jusqu’au 18 janvier 2018). On y voit ainsi une Aiguière en bronze d’Italie centrale du VIIe siècle av. J.-C. voisiner avec un Bol polychrome maya provenant du Guatemala et une Coupe anthropomorphe daveniyaqona des îles Fidji, de la première moitié du XIXe.

A l’opposé de son mari, Monique se passionne pour l’art contemporain. Elle aime Andy Warhol, Bacon, Jeff Koons, Barcelo, Richter, Brice Marden, Agnès Martin. Une passion que partage Thierry, le plus jeune de ses fils,qui par un achat de jeunesse a acquis un Baselitz et un magnifique Bulatov. Plus classique, Stéphane, le deuxième de ses enfants, a commencé par s’intéresser à la numismatique, avant de se tourner vers les portraits anciens et l’Antiquité (d’où la présence dans l’exposition d’une tête romaine). Jean Gabriel, enfin, l’aîné, qui vit au Texas, s’est spécialisé dans les armes et les armures de samouraï. Sa collection fait désormais partie d’une Fondation qui a organisé des expositions à travers le monde.

Si les sujets de toutes ces collections sont des plus divers, un trait de famille semble être commun aux quatre générations de collectionneurs, le goût du partage, la conviction d’être dépositaires pour un temps de trésors qui appartiennent à l’humanité. Et enfin la conviction, que l’art représente la partie la plus noble de l’homme et que l’art a toujours partie liée avec la religion, la magie, qu’il a une fonction sociale et que son but n’est jamais l’art pour l’art.

Robert Kopp

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