L’INVITÉ D’ARTPASSIONS – Laure Schwartz-Arenales

Laure Schwartz-Arenales
Laure Schwartz-Arenales
Nommée en 2018 directrice de la Fondation Baur, Musée des Arts d’Extrême-Orient, Laure Schwartz-Arenales, spécialiste du Japon où elle a vécu, enseigné et publié de nombreux articles, a de grandes ambitions pour le musée genevois : conforter son rayonnement local tout en l’érigeant en pôle à l'international. Son fabuleux parcours dans le domaine artistique lui permet de mener à bien ce dessein. Aussi loin que vos souvenirs remontent, quelle a été votre première émotion artistique? Je n’ai pas conscience d’un «déclic » particulier mais plutôt d’avoir toujours été émue par la beauté, les accords de couleurs; de ce point de vue, à Aix-en-Provence, où j’ai grandi, les sollicitations étaient riches et nombreuses; je baignais dans la lumière de Cézanne et le bleu de la Méditerranée n’était jamais très loin. À Paris, accueillie à Noël chez mes grands-parents, à quelques pas du pont Neuf, je profitais des musées et je me souviens de mon émerveillement au musée Marmottan Monet; enfant, l’affiche de La barque de Monet est longtemps restée accrochée dans ma chambre ainsi que quelques cartes postales, Les Villas à Bordighera, Un coin d’appartement. Le courant artistique avec lequel vous avez le plus d’affinités ? Difficile d’en choisir un… Je dirais les Primitifs italiens; au Japon, les «paysagistes», au sein de la peinture de l’époque de Heian (794-1185) puis de l’école Kanō et jusqu’aux maîtres de l’estampe japonaise, bien représentés à la Fondation Baur, ou du Nihonga. Mais aussi le renouvellement décoratif de l’École Rimpa. En Chine, le courant lettré...

Nommée en 2018 directrice de la Fondation Baur, Musée des Arts d’Extrême-Orient, Laure
Schwartz-Arenales, spécialiste du Japon où elle a vécu, enseigné et publié de nombreux articles, a de grandes ambitions pour le musée genevois : conforter son rayonnement local tout en l’érigeant en pôle à l’international. Son fabuleux parcours dans le domaine artistique lui permet de mener à bien ce dessein.

Aussi loin que vos souvenirs remontent, quelle a été votre première émotion artistique?

Je n’ai pas conscience d’un «déclic » particulier mais plutôt d’avoir toujours été émue par la beauté, les accords de couleurs; de ce point de vue, à Aix-en-Provence, où j’ai grandi, les sollicitations étaient riches et nombreuses; je baignais dans la lumière de Cézanne et le
bleu de la Méditerranée n’était jamais très loin. À Paris, accueillie à Noël chez mes grands-parents, à quelques pas du pont Neuf, je profitais des musées et je me souviens de mon émerveillement au musée Marmottan Monet; enfant, l’affiche de La barque de Monet est longtemps restée accrochée dans ma chambre ainsi que quelques cartes postales, Les Villas à Bordighera, Un coin d’appartement.

Le courant artistique avec lequel vous avez le plus d’affinités ?

Difficile d’en choisir un… Je dirais les Primitifs italiens; au Japon, les «paysagistes», au sein de la peinture de l’époque de Heian (794-1185) puis de l’école Kanō et jusqu’aux maîtres de l’estampe japonaise, bien représentés à la Fondation Baur, ou du Nihonga. Mais aussi le renouvellement décoratif de l’École Rimpa. En Chine, le courant lettré de la dynastie Song (960-1279) qui imprègne tous les champs de la création.

Les artistes que vous admirez le plus ?

Vermeer, Chardin, Fra Angelico, Molière, tant d’autres, anonymes.

Vos œuvres incontournables ?

Dans mon domaine, un chef-d’œuvre de la peinture japonaise sur lequel j’ai beaucoup travaillé, représentant la mort du Buddha (nehan-zu) daté de l’ère Otoku (1086), que l’on peut admirer au musée Reihōkan, sur les hauteurs du Mont Kōya ; plus près d’ici, les mosaïques de Ravenne, les fenêtres ouvertes de Pierre Bonnard, Paul Klee. Un livre: Le baron perché d’Italo Calvino. Les films de Yasujirō Ozu ou dans des registres différents, Jean Ferrat, Mozart.

Êtes-vous collectionneuse? Vos rapports avec les objets d’art

Je ne collectionne pas, sauf les émotions captées au contact des objets d’art… J’ai un attrait pour la peinture que je pratiquais avec délice dans mon enfance; mais tout naturellement, mon regard tend à valoriser les affinités entre les œuvres, aussi bien du point de vue de
leurs techniques que de leurs significations. Autant de circulations que j’encourage à la Fondation Baur; cela va de soi d’ailleurs, dans un musée, le seul en Suisse entièrement dévolu aux arts extrême-orientaux, dont les objets sont donc intimement liés.

Comment êtes-vous meublée: plutôt genre épuré ou chargé de souvenirs ?

Selon les endroits, espaces fluides ou tendrement encombrés de souvenirs… Liserons et glycines esquissés à l’encre, un coffre en paulownia, et jaillissent 20 ans de Japon!

Un artiste que vous auriez aimé rencontrer ?

Une des joies de mon métier est de pouvoir aller à la rencontre des artistes, même très loin dans le temps, de m’approcher de leur travail, de faire entendre leur voix. S’il fallait absolument en choisir un, ce serait probablement un peintre japonais du XIe siècle, ou le laqueur Uzawa Shōgetsu qu’Alfred Baur appréciait particulièrement. Ou encore, l’auteur de l’un de ces sublimes revêtements, craquelé, irisé, «poussière de thé», «peau de pêche», « clair de lune», «noir miroir», céladon, qui font le renom des céramiques chinoises du musée.

Quel don artistique aimeriez-vous avoir ?

La maîtrise d’un instrument de musique.

Quelle exposition conseilleriez-vous actuellement ?

Bien sûr, « Genèse de l’Empire Céleste» à la Fondation Baur ! Les quelque deux cents objets de la collection Sam et Myrna Myers, initiée en Suisse, à Ascona, sont réunis pour la première fois en Europe, dans un cadre muséal; ils permettent de parcourir sur plus de quarante siècles un itinéraire émaillé d’œuvres exceptionnelles, principalement façonnées dans le jade et de découvrir des pans méconnus de la civilisation chinoise.

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