La galerie d’Artpassions
Depuis 1993, la mythique Maison de café Lavazza édite un calendrier célébrant ses valeurs créatives. Plongée en avant-première dans l’édition 2025.
Apremière vue, l’art du café et celui de la photographie appartiennent à des mondes distincts. Mais à bien y réfléchir, ne reposent-ils pas sur une pareille mystique ? Tout amateur d’expresso sait que la première gorgée ne trompe pas. L’amateur de photo sait que le « clic » décisif ne pardonne pas. « L’art de capturer l’âme d’un instant », selon la photojournaliste américaine Margaret Bourke-White, qui paraphrasait déjà la devise de Roland Barthes : « Ce que la photographie reproduit à l’infini n’a lieu qu’une fois. » Une image réussie résulte d’un inexplicable mélange de géométrie, d’intuition, et de hasard. Autant de paramètres adaptés au plus divin des élixirs, dont chaque grain torréfié, puis moulu, découle d’un voyage depuis les plus pré-cieuses plantations d’Amérique latine… jusqu’à une petite tasse.
L’histoire de Lavazza, dont les trois syllabes expri-ment universellement l’arôme du café, incarne depuis plus d’un siècle ce lien entre boisson et art. Dès 1895, Luigi Lavazza ouvre en effet à Turin une échoppe alimentaire. Mais loin de se conten-ter de vendre des produits rares, il se passionne pour les expérimentations gustatives, mêlant des grains de café de multiples origines, jusqu’à obte-nir la saveur incomparable qui fera sa réputation. Dès le départ s’impose ainsi l’idée de fortune, de poésie – et d’extraction magique. Tant il est vrai qu’un expresso condense, dans le cadre minia-ture de sa tasse, l’identité d’une formule unique. Dans la lignée du fondateur, ce n’est donc guère un hasard si Lavazza propose, depuis 1993, aux plus grands faiseurs d’images de la planète de créer chaque année un calendrier inédit.
La liste est étincelante : Helmut Newton, Elliot Erwitt, l’agence Magnum, Jean-Baptiste Mondino, Erwin Olaf, David LaChapelle, Steve McCurry, Annie Leibovitz… Autant d’yeux fabuleux pour in-venter des univers où la tasse, où les plantations de caféiers font le lien entre époques, peuples, et pays. Car l’essence de Lavazza s’appuie sur la dimension transclasse du café. À tous les degrés de la société, dans tous les métiers, patrons et ouvriers, profes-seurs et élèves sirotent chaque jour un semblable breuvage avec une même délectation. L’édition 2025 du calendrier puise dans des domaines aussi variés que l’art, le sport, la culture, l’innovation et la gastronomie, fêtant la diversité d’un groupe aussi riche que les saveurs d’un café idéal. « Songez, nous dit la Maison, à un bar infini, accueillant toute la communauté de Lavazza ». Entre Kubrick et une Cène 2.0, l’image rêvée promettait d’être grandiose.
La tâche a été confiée au photographe sénégalais Omar Victor Diop dont le travail, centré sur l’auto-portrait, se révèle à la croisée de Pierre et Gilles, pour sa dimension pop, de Cindy Sherman, pour l’hu-mour, et du légendaire portraitiste malien Seydou Keïta, pour l’hommage aux récits et motifs africains – notons que le café a été découvert au IXe siècle sur le continent africain. Dans le passé, Diop avait mixé le tissu Wax et les matières de la mode occidentale, fusionné Dakar et Hollywood. Par son regard, les douze mois du calendrier jaillissent sous la forme de clichés collectifs, sublimés par une diversité d’ori-gines, de cultures, de générations. Le cinéaste Wes Anderson n’est pas éloigné de ces tableaux ludiques, où un barista made in Lavazza voisine avec l’icône Whoopi Goldberg, l’artiste contemporain Omar Hassan avec la rapeuse BigMama, ou le n° 1 du tennis mondial, Jannik Sinner. Sans oublier le chef étoilé Norbert Niederkofler, la footballeuse Sara Gama, ni Omar Victor Diop lui-même, fidèle à son penchant pour l’autoportrait. Face à cette gale-rie colorée, gourmande – et déjà collector –, ne reste plus qu’à commander un bon café, et à ouvrir les écoutilles de nos cinq sens.