Renaud Capuçon

Renaud Capuçon
Renaud Capuçon
À l’heure où l’épidémie de COVID-19 frappe les esprits et les corps et où la violence des attaques terroristes jalonne le calendrier et sillonne l’Europe de façon quasi hebdomadaire, il semble nécessaire, voire essentiel de retrouver le goût de vivre. Vivre c’est essayer de transposer l’angoisse ou la peur du quotidien en moments lumineux avec ses enfants ou ses proches, c’est s’émerveiller à nouveau d’une heure remplie de soleil ou d’un café générateur. Vivre c’est regarder l’avenir et penser aux horizons nouveaux : c’est cela qui nous manque cruellement en ce moment. En pleine pandémie, alors que nos gouvernements peinent à discerner, il nous est très difficile de nous projeter dans un avenir, aussi proche soit-il. Nous qui aimions tant planifier une pièce de théâtre, nous réjouir d’un concert à venir, d’un dîner entre amis ou de la simple perspective de revoir nos familles, tout cela nous échappe en ces périodes de confinement. Mais il y a la Musique, celle qui nous emporte et nous fait voyager sans bouger de notre siège, chez nous. Celle qui nous émeut et nous bouleverse. Celle qui nous console et nous apaise. C’est souvent celle de Bach: baume bienfaisant et générateur permanent, horloge impeccable sur l’ombre des doutes et sur nos peurs. C’est aussi Schubert et ses longues et tendres phrases mélancoliques qui se mêlent aux sanglots. C’est Strauss et ses  Métamorphoses, œuvre crépusculaire et prophétique qui enveloppe et console à la fois. Mais c’est aussi l’espoir de retrouver très bientôt le chemin des...

À l’heure où l’épidémie de COVID-19 frappe les esprits et les corps et où la violence des attaques terroristes jalonne le calendrier et sillonne l’Europe de façon quasi hebdomadaire, il semble nécessaire, voire essentiel de retrouver le goût de vivre.

Vivre c’est essayer de transposer l’angoisse ou la peur du quotidien en moments lumineux avec ses enfants ou ses proches, c’est s’émerveiller à nouveau d’une heure remplie de soleil ou d’un café générateur. Vivre c’est regarder l’avenir et penser aux horizons nouveaux : c’est cela qui nous manque cruellement en ce moment.

En pleine pandémie, alors que nos gouvernements peinent à discerner, il nous est très difficile de nous projeter dans un avenir, aussi proche soit-il. Nous qui aimions tant planifier une pièce de théâtre, nous réjouir d’un concert à venir, d’un dîner entre amis ou de la simple perspective de revoir nos familles, tout cela nous échappe en ces périodes de confinement.

Mais il y a la Musique, celle qui nous emporte et nous fait voyager sans bouger de notre siège, chez nous. Celle qui nous émeut et nous bouleverse. Celle qui nous console et nous apaise. C’est souvent celle de Bach: baume bienfaisant et générateur permanent, horloge impeccable sur l’ombre des doutes et sur nos peurs. C’est aussi Schubert et ses longues et tendres phrases mélancoliques qui se mêlent aux sanglots. C’est Strauss et ses  Métamorphoses, œuvre crépusculaire et prophétique qui enveloppe et console à la fois.

Mais c’est aussi l’espoir de retrouver très bientôt le chemin des salles de concert, des théâtres, des cinémas, des dîners festifs, des tablées bruyantes et des fêtes endiablées entre amis.

Privés de liberté, privés d’art et de beauté nous avons développé ces derniers mois une soif de revivre ces émotions: celles du partage de l’artiste avec son public, celles de l’immédiateté de l’émotion et du sens même de l’Art.

Alors oui, comme le dit si justement Léonard Bernstein, jouons plus intensément, faisons de la musique de façon plus belle, plus dévouée encore pour combattre la violence.

La musique, la littérature, la peinture, toute forme d’art permet à la vie de s’exprimer et c’est un rempart puissant contre l’obscurantiste et la haine. C’est un énorme vecteur de bien-être et d’émotion en ces temps troubles.

Tant d’artistes ont ainsi combattu les périodes les plus sombres de l’histoire en créant, en résistant par l’identité même de leur Art à toute forme d’agression.e

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le grand chef italien Carlo Maria Giulini, après avoir été enfermé plusieurs mois étreignit longuement un arbre à sa sortie à l’air libre. C’était un hymne à la vie.
Une façon spontanée de se reconnecter à la terre. Tout au long de sa vie de chef d’orchestre il ne cessera d’offrir son art en action de grâce. C’était une façon de dire merci au Tout-Puissant.

À nous aussi, créateurs, interprètes, écrivains, artistes ou simples auditeurs ou spectateurs de nous reconnecter à cette vision simple et belle de la vie: celle d’un arbre qui s’élève avec force dans le ciel pour conjurer la peur et vivre en pleine lumière.

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