RICHARD DE TSCHARNER LA TRANSMISSION DU PATRIMOINE COMMUN La galerie d’Artpassions

La photographie connaît bien des usages, mais elle se révèle à son meilleur lorsque l’artiste fait converger son objectif et sa raison d’être. À l’exemple de Richard de Tscharner, photographe qui partage son émerveillement avec le public en toute authenticité. Plutôt la planète que le monde, plutôt les vestiges que l’éclat d’une modernité aguicheuse ! Tel est le credo de ce photographe humaniste qui retrouve la trace des civilisations lointaines. Il s’approche au plus près de l’éternité d’une nature malmenée. Le temps compte; il fait son œuvre. Pour fixer la souffrance d’un sujet ou d’un paysage torturé, Richard de Tscharner franchit les latitudes: il veut conserver la mémoire de ce qui va disparaître. Une certaine gravité accompagne l’éclat d’une empathie sincère. Après la mise entre parenthèses de sa passion de jeunesse, Richard de Tscharner a dû attendre bien des années et un voyage au Mali en 2003, avec son ami Jean-Baptiste Huynh, pour retrouver le temps de pause et la surface sensible argentique. Comme jeune photographe, il aimait se projeter au loin par de longues focales. Le téléobjectif lui permettait de voir au-delà du présent immédiat. Depuis son retour en photographie, il préfère une vision naturelle et emploie des objectifs larges, voire des appareils panoramiques. C’est pour mieux embrasser les paysages qui s’offrent à lui et situer le sujet dans son environnement. Avec le temps, les expériences de la vie se sont greffées sur une adolescence impatiente, pour le conduire sur les chemins incertains de la découverte. Cette ouverture du...

La photographie connaît bien des usages, mais elle se révèle à son meilleur lorsque l’artiste fait converger son objectif et sa raison d’être. À l’exemple de Richard de Tscharner, photographe qui partage son émerveillement avec le public en toute authenticité.

Plutôt la planète que le monde, plutôt les vestiges que l’éclat d’une modernité aguicheuse ! Tel est le credo de ce photographe humaniste qui retrouve la trace des civilisations lointaines. Il s’approche au plus près de l’éternité d’une nature malmenée. Le temps compte; il fait son œuvre. Pour fixer la souffrance d’un sujet ou d’un paysage torturé, Richard de Tscharner franchit les latitudes: il veut conserver la mémoire de ce qui va disparaître. Une certaine gravité accompagne l’éclat d’une empathie sincère.

Après la mise entre parenthèses de sa passion de jeunesse, Richard de Tscharner a dû attendre bien des années et un voyage au Mali en 2003, avec son ami Jean-Baptiste Huynh, pour retrouver le temps de pause et la surface sensible argentique. Comme jeune photographe, il aimait se projeter au loin par de longues focales. Le téléobjectif lui permettait de voir au-delà du présent immédiat. Depuis son retour en photographie, il préfère une vision naturelle et emploie des objectifs larges, voire des appareils panoramiques. C’est pour mieux embrasser les paysages qui s’offrent à lui et situer le sujet dans son environnement.

Avec le temps, les expériences de la vie se sont greffées sur une adolescence impatiente, pour le conduire sur les chemins incertains de la découverte. Cette ouverture du regard donne du poids à ses images. Au bout du monde: Yémen, Égypte, Soudan, Groenland, la scène est posée. Nous sommes face à une pyramide en demi-teinte sur le site de Dahchour. Autre pyramide, celle de Houni à Meïdoum, le cerne noir d’une ombre se découpe au zénith. Merveilleux contrepoint au large d’Ilulissat: triangle d’un éperon sale et glacé de la banquise. Loin des cartes postales, nous sommes proches d’une vérité en suspens qui révèle l’urgence.

De millénaire en millénaire: l’âge des pierres et des glaces, du sable et des nuages, Richard de Tscharner nous entraîne dans des territoires qui produiront l’émotion. La catastrophe attend son heure. Le grand écart entre les formats carrés et les panoramas permet de mieux arpenter nos consciences.

En 2008, le photographe fait le tour du monde et parcourt seize pays: 108 jours d’admiration de ce que nous n’aurions pas su voir. Oubliée la carcasse d’un camion ancré dans le sable du massif Gilf Kebir. Disparu le souffle des anges au désert libyque. Il est seul, regarde et prélève l’image qu’il nous donnera. L’émotion de la perte et d’un patrimoine en faillite résonne au fort de Nubie. Tant de pierres à ramasser pour jalonner le chemin de l’oubli. La ruine aussi guette les arbres tels que l’olivier millénaire des Pouilles. Il garde ses secrets au creux des racines. Au pays Dogon, la branche morte lance son doigt vers l’horizon pour nous promettre une saison de pluies nourricières. Au Cambodge, un sourire de pierre veille sur la jungle. Au Soudan, un colosse est tombé à moins qu’il n’ait jamais pu se dresser parmi les pierres de la carrière; les sculpteurs, surpris par quelque attaque ennemie, ont quitté le chantier trop tôt. Au sommet de l’Himalaya, un rayon surgit pour éclairer le premier jour et éveiller nos consciences.

Richard de Tscharner nous offre ses photographies de vestiges naturels ou de civilisations égarées dans les couloirs de l’histoire. C’est ce patrimoine universel qu’il nous transmet avec le cœur et un regard ouverts aux choses et au temps. Serait-ce la raison de son émerveillement et de sa discrète sagesse ?

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