Du 16 mars au 9 septembre 2018, le Musée Ariana met en scène une soixantaine de terres cuites dont la générosité plastique des formes et la sobriété chantante des décors nous ramènent aux gestes du quotidien des potières africaines dans les années 1990 alors que l’artiste français Camille Virot parcourait, avec 11 céramistes européens, les villages d’Afrique de l’Ouest.
Entre 1991 et 1995, onze céramistes européens, réunis à l’initiative de l’artiste français Camille Virot, ont vécu dans les villages d’Afrique de l’Ouest – au Mali, Burkina, Niger, Cameroun, Nigeria… Observant les potières à l’œuvre, et parfois travaillant à leurs côtés, ils ont rapporté une centaine de poteries d’usage quotidien. Ces poteries ont été sélectionnées selon une appréciation esthétique des céramistes dont l’objectif était avant tout de montrer un savoir-faire contemporain dans le façonnage, la décoration et la cuisson d’objets usuels.
Plusieurs heures de films, des interviews, des notes et des dessins pris sur le vif, des outils et de nombreuses photographies détaillent cette aventure collective ainsi que les grandes étapes de fabrication des objets, de l’extraction de la terre à la cuisson. Au-delà de la production, la céramique se révèle aussi être une identité sociale transmise de génération en génération, le marqueur du quotidien de ces femmes dont les créations occupent une place essentielle dans la vie domestique.
« Les pots présentés ici sont de tous les jours. Ils ont été choisis un à un avec émotion, sans objectivité documentaire. Ils sont tous chargés du poids de la rencontre. Nous avons pris l’engagement de les montrer, car ils sont un Manifeste : sortis de leur contexte, loin des éclats de rire et des lumières ensablées, ils disent encore par leur présence plastique ce que fut le temps de création, acharnement quotidien à survivre, symbiose entre sens et matière, parfaite gestion des moyens et des nécessités. En effet, la céramique africaine est un rare exemple de céramique usuelle qui, dans sa fabrication, ait gardé très fortement la relation charnelle. Ces pots sont beaux comme des plantes, fruits d’une force vitale harmonisée à bras le corps… » (Camille Virot)