Art Élysées fête ses dix ans.
Entre le Pavillon Ledoyen et le théâtre du Rond-Point, jouxtant le Petit et le Grand Palais, trois longues structures éphémères happent l’amateur d’art et l’acheteur : à l’intérieur, on découvre les yeux pleins de gourmandise – un peu comme dans la « galerie marchande » qui au cœur du Ritz relie l’Espadon au Bar Hemingway – des dizaines et des dizaines d’œuvres sur des dizaines de stands. Il y en a, comme on dit, pour tous les goûts ; les amateurs de Georges Mathieu, de César ou de Hans Hartung seront servis. Non loin de l’entrée, deux pièces présentées par Opera Gallery me plaisent particulièrement. D’abord Dots obsessions (A. A. A. A.) de Yayoi Kusama, une peinture sur toile sur laquelle des pois colorés fleurissent en grappes, régulièrement mais sans répétitions, sur fond noir ; ensuite ce fusain de Fernando Botero figurant une Trapéziste, une jolie feuille de ce maître de la bonhomie, du pondéreux et de l’impondérable.
J’avance parmi des centaines de sollicitations variées, mille idées, ça bouge ici, ça dégouline là. Tout au bout se trouve le stand d’Art 22 Gallery : face à moi, voici Babel, la Nuit de Eric de Ville, une grande photographie qui me rappelle notre fascination millénaire pour l’imbrication, l’entassement, l’ordre devenant désordre, l’hubris. Sur la cimaise de droite règnent au contraire le calme, le plus léger sourire et l’excentricité (qu’on opposera à l’extravagance) ;
j’y admire deux photographies de Marie Cécile Thijs sur lesquelles je vois s’entremêler Chardin et Greco, les Flandres et l’Angleterre, Collar at table et Collar IV.