La passion de l’humain

passion_humain_artpassions_47
Le musée de Pully rend hommage à Jean-Claude Givel, dont la collection de peinture suisse et française est d’une très belle unité. Jean-Claude Givel habitait sa collection, dans tous les sens du terme : elle ne décorait pas les murs de sa maison, mais paraissait née avec eux, et participer de leur serein équilibre ; chaque tableau semblait créer sa niche architecturale. On aurait juré que si une main malavisée retirait l’un d’entre eux, la demeure tout entière en serait offusquée, et s’évanouirait comme une fée triste, ou comme l’Odette du Lac des cygnes – qu’on permette cette allusion, en hommage à l’amour que Jean-Claude Givel portait également à la musique et à la danse. Faut-il le dire, ce collectionneur savait tout de ses tableaux : leur histoire, celle des artistes, leur place dans l’histoire de l’art. Il en parlait sans faire cours ni discours : avec une sorte d’affection précise, et le désir de créer chez autrui ce même sentiment d’admirative et intelligente appartenance. Le qualifiera-t-on d’amateur hautement éclairé, de mécène érudit ? Non, c’est à la fois plus simple et plus essentiel : Jean-Claude Givel, par ses choix et passions de collectionneur, nous rappelait une vérité que notre monde oublie, tant elle est élémentaire : l’art n’est pas fait pour les spécialistes, mais pour les humains. Il est fait pour les médecins comme lui, mais aussi pour tous les autres professionnels du monde, et les sans profession ; de même la musique n’est-elle pas faite pour les musicologues, ni la danse pour les critiques de danse,...

Le musée de Pully rend hommage à Jean-Claude Givel, dont la collection de peinture suisse et française est d’une très belle unité.

table_rouge_artpassions_47Jean-Claude Givel habitait sa collection, dans tous les sens du terme : elle ne décorait pas les murs de sa maison, mais paraissait née avec eux, et participer de leur serein équilibre ; chaque tableau semblait créer sa niche architecturale. On aurait juré que si une main malavisée retirait l’un d’entre eux, la demeure tout entière en serait offusquée, et s’évanouirait comme une fée triste, ou comme l’Odette du Lac des cygnes – qu’on permette cette allusion, en hommage à l’amour que Jean-Claude Givel portait également à la musique et à la danse.

Faut-il le dire, ce collectionneur savait tout de ses tableaux : leur histoire, celle des artistes, leur place dans l’histoire de l’art. Il en parlait sans faire cours ni discours : avec une sorte d’affection précise, et le désir de créer chez autrui ce même sentiment d’admirative et intelligente appartenance. Le qualifiera-t-on d’amateur hautement éclairé, de mécène érudit ?

Non, c’est à la fois plus simple et plus essentiel : Jean-Claude Givel, par ses choix et passions de collectionneur, nous rappelait une vérité que notre monde oublie, tant elle est élémentaire : l’art n’est pas fait pour les spécialistes, mais pour les humains. Il est fait pour les médecins comme lui, mais aussi pour tous les autres professionnels du monde, et les sans profession ; de même la musique n’est-elle pas faite pour les musicologues, ni la danse pour les critiques de danse, ni la littérature pour les professeurs de lettres. Du moins pas pour eux seuls, de grâce ! La peinture, avec les autres arts, est cette part du monde qui s’offre à tous les regards, enrichit toutes les existences ; elle n’est pas le repos du travailleur ou la distraction du touriste. Elle accompagne notre vie ; cette vie qu’elle nous offre transformée, transfigurée en elle-même.

Etienne Barilier

Vallotton, Borgeaud, Soutter…/Hommage à Jean-Claude Givel, Musée d’art de Pully, du 1er septembre au 2 octobre 2016

Artpassions Articles

E-Shop

Nos Blogs

Instagram Feed