Ramsès II le Magnifique

Pharaon de la démesure, fin diplomate et guerrier redoutable, Ramsès II a laissé à la postérité un souvenir impérissable. La Grande Halle de La Villette, à Paris, célèbre avec éclat son règne grâce aux prêts exceptionnels consentis par les autorités égyptiennes. Par Bérénice Geoffroy-Schneiter Etrange destin que celui de Ramsès II (1279-1214 av. J.-C.), fils de Séthi Ier, qui dès son plus jeune âge fut associé aux affaires de l’Egypte, dut faire face à maintes reprises à de redoutables coalitions de peuplades d’Anatolie et du Proche-Orient, connut un nombre incalculable de concubines, de reines et de grandes épouses royales… qui lui donnèrent une cinquantaine de fils, et un peu plus de filles !  Tout semble en lui se conjuguer au superlatif. Ainsi, son règne de 67 ans est d’une longévité exceptionnelle, ses monuments et ses effigies impressionnent par leur caractère colossal, et son sens de la propagande n’a d’égale que son culte de l’image.  Souvent comparé à Louis XIV ou Frédéric II pour ses exploits et son apparente mégalomanie, Ramsès II est le Pharaon égyptien par excellence, le modèle absolu dont se réclameront tous ses descendants. On imagine sans peine l’émotion de ceux et de celles qui eurent la chance de visiter la mémorable exposition que la grande égyptologue Christiane Desroches Noblecourt consacra en 1976 au plus célèbre des pharaons. « Elle m’a tellement impressionné, adolescent, que je l’ai visitée huit fois. Pour mon plus grand bonheur, Ramsès revient après 47 ans d’absence sur le sol français », se réjouit ainsi Dominique Farout,...

Pharaon de la démesure, fin diplomate et guerrier redoutable, Ramsès II a laissé à la postérité un souvenir impérissable. La Grande Halle de La Villette, à Paris, célèbre avec éclat son règne grâce aux prêts exceptionnels consentis par les autorités égyptiennes.

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter

Etrange destin que celui de Ramsès II (1279-1214 av. J.-C.), fils de Séthi Ier, qui dès son plus jeune âge fut associé aux affaires de l’Egypte, dut faire face à maintes reprises à de redoutables coalitions de peuplades d’Anatolie et du Proche-Orient, connut un nombre incalculable de concubines, de reines et de grandes épouses royales… qui lui donnèrent une cinquantaine de fils, et un peu plus de filles !  Tout semble en lui se conjuguer au superlatif. Ainsi, son règne de 67 ans est d’une longévité exceptionnelle, ses monuments et ses effigies impressionnent par leur caractère colossal, et son sens de la propagande n’a d’égale que son culte de l’image.  Souvent comparé à Louis XIV ou Frédéric II pour ses exploits et son apparente mégalomanie, Ramsès II est le Pharaon égyptien par excellence, le modèle absolu dont se réclameront tous ses descendants. On imagine sans peine l’émotion de ceux et de celles qui eurent la chance de visiter la mémorable exposition que la grande égyptologue Christiane Desroches Noblecourt consacra en 1976 au plus célèbre des pharaons. « Elle m’a tellement impressionné, adolescent, que je l’ai visitée huit fois. Pour mon plus grand bonheur, Ramsès revient après 47 ans d’absence sur le sol français », se réjouit ainsi Dominique Farout, le commissaire scientifique de l’exposition parisienne.

Mais bien de l’eau a coulé sur les rives du Nil depuis la visite en grandes pompes de la momie royale, qui fut accueillie à l’aéroport du Bourget tel un chef d’Etat en exercice pour y être soignée et examinée sous toutes les coutures ! L’on apprit ainsi que le « grand homme » ne mesurait qu’1,72 m, qu’il était apparemment roux clair ou blond roux, et qu’une spondylarthrose lui avait courbé l’échine depuis plus d’une vingtaine d’années. Enfin, 89 espèces de champignons altéraient gravement sa momie au point d’en menacer l’état de conservation. Un comble, lorsque l’on sait combien une promesse de vie éternelle est au cœur de toute la pensée égyptienne ! Une fois ses bandelettes raccommodées et sa désinfection par irradiation gamma au cobalt 60, la dépouille royale du grand Ramsès regagna le sol d’Egypte pour ne plus quitter l’atmosphère stérile d’une vitrine scellée…

Mais que les futurs visiteurs de l’exposition de La Grande Halle de La Villette se rassurent ! Si la momie de Ramsès II repose sereinement dans un musée du Caire, de nombreux chefs-d’œuvre feront le voyage, dont ce sublime cercueil sculpté dans du bois de cèdre qui abrita, après moult péripéties, la dépouille du souverain. Comme nous l’apprennent en effet ses inscriptions tracées en hiératique, la momie royale fut déplacée à maintes reprises par les prêtres d’Amon pour être mise à l’abri des pilleurs de tombes qui sévissaient en ces temps troublés de la fin du Nouvel Empire. Il fallut donc attendre 1881 pour que des archéologues mettent au jour la momie royale dissimulée dans les anfractuosités de la falaise de Deir el-Bahari ! Datant probablement de la fin de la XVIIIe dynastie, c’est donc un cercueil de remploi portant le sceau de l’esthétique amarnienne qui sera présenté à l’exposition. Il n’en demeure pas moins qu’on ne peut qu’être saisi d’émotion devant le spectacle de la dernière demeure de ce grand roi d’Egypte figuré comme un Osiris, les bras croisés sur la poitrine, brandissant ces deux insignes royaux que sont le crochet héqa et le fouet nekhakha.

Mais s’il s’illustra avant tout comme un grand conquérant et un fin politique (ses campagnes militaires furent brèves et aboutirent à une stabilisation des frontières de l’Egypte et à une paix durable), Ramsès s’illustra également comme un bâtisseur incomparable. Il couvrit ainsi littéralement l’Egypte et la Nubie de temples et de statues gigantesques clamant à la face de tous la manifestation divine de son pouvoir. Présenté pour la première fois en dehors de l’Egypte, le colosse en calcaire du Musée de Charm el-cheikh immortalise ainsi l’image du Pharaon coiffé du némès et portant la barbe postiche, un poignard glissé dans la ceinture de son pagne pour affirmer son rôle de guerrier et de protecteur de son peuple…

Sous son règne long et prospère, l’art connut également un véritable âge d’or, qui ne cessera de féconder durablement l’inspiration des artistes. Loin de se limiter à la XIXe dynastie, l’exposition parisienne interroge ainsi la postérité et l’aura du grand Ramsès à travers les réalisations créées sous ses successeurs. Fouillée par l’archéologue français Pierre Montet à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, la ville de Tanis fut en effet édifiée à partir de monuments de remploi de l’époque ramesside. Parmi les chefs-d’œuvre exposés à la Grande Halle de La Villette, on ne manquera pas ainsi d’admirer cette splendide aiguière en or découverte dans la tombe de Psousennès Ier (un pharaon de la XXIe dynastie) dont l’élégance et la modernité du design laissent pantois ! C’est un raffinement comparable qui se dégage également de ce masque funéraire en or ayant appartenu au général Oundebeaounded. Mais au-delà de sa facture exquise, ce portrait idéalisé du défunt aux yeux incrustés de pâte de verre était un passeport pour l’au-delà. L’or n’était-il pas la chair des dieux, promesse de vie éternelle ?

Si elle abonde en sculptures colossales et en bijoux précieux mariant l’or, la turquoise, la cornaline ou le lapis-lazuli, l’exposition parisienne regorge aussi de témoignages plus modestes, tel cet éclat de calcaire (ou ostracon) ayant servi de brouillon à un artiste, ou ce carreau de faïence saisissant la beauté atemporelle d’une perche du Nil et d’une fleur de lotus. Aux antipodes des commandes officielles, l’on y sent palpiter davantage encore l’âme de l’ancienne Egypte…

Nota bene : Ramsès & l’or des pharaons, du 7 avril au 6 septembre 2023, Grande Halle de La Villette, Paris.  Billets en vente sur www.expo-ramses.com

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