Yan Pei-Ming, le peintre d’Histoires consacré à Florence

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YPM_Les Funérailles de Monna Lisa
Par Olivier Tosseri L’artiste franco-chinois fait l’objet d’une rétrospective à Florence jusqu’au 3 septembre prochain au Palazzo Strozzi. L’une des plus importantes expositions de celui dont un autoportrait vient d’intégrer les collections de la galerie des Offices. (article Web) « L’Art n’est pas une caresse » affirme pourtant l’affable Yan Pei-Ming qui a toujours un cigare à la main et un sourire aux lèvres. Le sien ne nous touche pas, il nous frappe avec ses très larges coups pinceaux. Mais aussi par les dimensions monumentales de ses toiles qui trouvent dans les amples salles du Palazzo Strozzi de Florence un écrin idéal. Ce temple de la Renaissance Italienne accueille la plus grande exposition jamais consacrée à ce grand nom de la peinture figurative contemporaine. L’artiste franco-chinois, né à Shanghai en 1960 et installé en France depuis plus de quatre décennies, aime rappeler qu’il « peint grands formats pour pouvoir entrer physiquement dans ses peintures ». Il conçoit en effet son œuvre comme un corps à corps pictural. Dans sa palette de couleurs restreintes, où dominent le rouge, le noir ou le gris il mêle dans sa peinture épaisse passé et contemporanéité, icônes de la Culture occidentale et symboles de l’Art oriental, vie personnelle et Histoire collective, mémoire et présent. Une succession de courts-circuits qui électrisent le vaste espace abritant la trentaine de tableaux sous les plafonds du Palazzo Strozzi. Ils retracent le parcours de cet artiste qui a commencé à peindre dès l’âge de 15 ans dans une Chine où régnait encore Mao Zedong....

Par Olivier Tosseri

L’artiste franco-chinois fait l’objet d’une rétrospective à Florence jusqu’au 3 septembre prochain au Palazzo Strozzi. L’une des plus importantes expositions de celui dont un autoportrait vient d’intégrer les collections de la galerie des Offices. (article Web)

« L’Art n’est pas une caresse » affirme pourtant l’affable Yan Pei-Ming qui a toujours un cigare à la main et un sourire aux lèvres. Le sien ne nous touche pas, il nous frappe avec ses très larges coups pinceaux. Mais aussi par les dimensions monumentales de ses toiles qui trouvent dans les amples salles du Palazzo Strozzi de Florence un écrin idéal. Ce temple de la Renaissance Italienne accueille la plus grande exposition jamais consacrée à ce grand nom de la peinture figurative contemporaine. L’artiste franco-chinois, né à Shanghai en 1960 et installé en France depuis plus de quatre décennies, aime rappeler qu’il « peint grands formats pour pouvoir entrer physiquement dans ses peintures ». Il conçoit en effet son œuvre comme un corps à corps pictural. Dans sa palette de couleurs restreintes, où dominent le rouge, le noir ou le gris il mêle dans sa peinture épaisse passé et contemporanéité, icônes de la Culture occidentale et symboles de l’Art oriental, vie personnelle et Histoire collective, mémoire et présent. Une succession de courts-circuits qui électrisent le vaste espace abritant la trentaine de tableaux sous les plafonds du Palazzo Strozzi.

Ils retracent le parcours de cet artiste qui a commencé à peindre dès l’âge de 15 ans dans une Chine où régnait encore Mao Zedong. Le jeune profitera de la politique d’ouverture de la Chine de Deng Xiaoping. En 1980, il quitte arrive à Dijon et y réussit le concours de l’École nationale des Beaux-Arts. Pensionnaire à la Villa Médicis en 1993, il rentrera ensuite en France où il partage son temps entre la capitale de la Bourgogne et son atelier à Ivry-sur-Seine. Il y peint avec fougue ses formats impressionnants de personnalités publiques qui ont fait sa renommée. Le grand timonier bien sûr mais aussi le Pape, Bruce Lee ou encore Michael Jackson. Des personnalités qui occupent le devant de la scène publique mais aussi les personnes qui animent sa vie privée : les membres de sa famille ou les anonymes qu’ils croisent. Sans oublier les autoportraits et les paysages mais aussi des scènes issues de l’actualité, de l’histoire de l’art ou de la mythologie. Elles sont comme taillées à la hache sur sa toile en de saisissantes nuances écarlates ou grises. En 2009 il s’attaque à l’effigie la plus célèbre du monde : son immense tableau en cinq parties de quelque 3 mètres de haut, « Les Funérailles de Monna Lisa » est exposé au cœur du Louvre. Son camaïeu de gris et de blanc tranche avec le rouge pourpre du salon Denon où l’œuvre est accrochée voisinant avec la vraie Joconde de Léonard de Vinci. Un véritable sacre après la consécration sur la scène artistique internationale que lui a conféré sa participation à la Biennale de Venise en 2003.  Ça n’allait pourtant pas de soi pour cet artiste dont le travail suscitait le trouble. « En France, le fait de retranscrire un sentiment personnel ou une vision littérale a souvent été tabou ces dernières décennies, or on ne devrait jamais avoir honte d’exprimer ses émotions ! » s’étonnait Yan Pei-Ming qui revendique de « peindre avec beaucoup de sentiments personnels. Quand on parle de sentiment dans la peinture contemporaine on est toujours un peu suspect. C’est comme si on ne devait jamais utiliser l’émotion, le cœur. Je fais exactement le contraire ! La peinture me parle, parle au spectateur, parle de son époque. Je veux être un acteur de mon époque. Les événements qui font l’actualité d’aujourd’hui feront l’Histoire de demain. ».

Aujourd’hui c’est à Florence que le visiteur peut admirer la rétrospective de son œuvre intitulée « Peintre d’histoires ». Son curateur est Arturo Galansino Directeur général de la Fondation Palazzo Strozzi. « Cette peinture est puissante et directe, explique-t-il. Nous voulons à travers cet évènement poursuivre notre mission de créer un dialogue entre le passé et le présent en impliquant des artistes qui savent interpréter notre époque. Yan Pei-Ming réfléchit sur la condition humaine. C’est un peintre d’histoires et pas seulement d’Histoire parce qu’il se penche aussi bien sur des images qui ont marqué notre passé récent que sur des chefs-d ’œuvres de l’Histoire de l’Art avec un récit intime de sa propre existence. Il explore ainsi les potentialités de la peinture et la capacité de ce médium d’être actuel, accessible et d’impliquer tout le monde. »

L’Art de Yan Pei-Ming ne caresse pas le visiteur. Il est ébaubi dès qu’il pénètre dans la première salle par ses coups de pinceaux vigoureux. Ceux du triptyque spectaculaire de 4 mètres de haut inspiré de la crucifixion. Un autoportrait mystique sous le sceau du renoncement de la force et de l’élévation. Yan Pei-Ming se définit comme un « peintre d’assaut » et son énergie matinée de poésie nous assaille dans chacune des huit salles de cette exposition. On croise le regard intense de son père ou de sa mère récemment disparue dans des portraits intimistes ou celui tourmenté du Pape Innocent X de Velazquez qu’il réinterprète. On reste figé devant  son triptyque en trois teintes de l’assassinat de Marat d’après Jacques-Louis David, sa relecture des insurgés espagnols fusillés par les troupes napoléoniennes dans le célèbre tableau Tres de Mayo de Goya mais aussi son interprétation des photos du corps pendu tête en bas de Mussolini après son exécution ou de celui recroquevillé d’Aldo Moro retrouvé à l’issue de sa dramatique prise d’otage.

 « Autant d’images qui grâce à la peinture entre dans l’éternité et communiquent la tragédie qui traverse l’Histoire de l’Homme » explique Yan Pei-Ming qui entre pour sa part à la galerie des Offices de Florence. Un de ses autoportraits a rejoint au début du mois de juillet les collections d’un des plus prestigieux musées au monde. Une reconnaissance qui atténuera peut-être l’angoisse de la mort qui l’étreint. « Croire que la peinture rend immortel me donne la force de continuer à peindre, déclare-t-il. Je me dis que la peinture est éternelle et que la vie est temporaire.  Chaque fois que je fais une exposition, j’ai envie que les visiteurs aient les larmes aux yeux – pour moi, la peinture permet cela. » C’est ce que son Art veut susciter. Pas par une caresse mais par un coup au cœur.

autoportrait

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