BRAFA 2016 : là où peinture ancienne et moderne, archéologie, mobilier et arts extra-européens se rencontrent :
Avec ces cent quarante galeries réunies sous les voûtes d’une ancienne halle industrielle du nord de Bruxelles, la BRAFA, doyenne des foires artistiques, pratique la collusion des genres et des styles. Une galerie spécialisée dans le mobilier design se retrouve à côté d’un expert en peintures flamandes et hollandaises du XVIIe siècle ; une galerie d’art japonais fait face à un marchand spécialisé dans l’archéologie classique et l’étrange dialogue qui s’installe entre le masque de la mosaïque romaine et celui nippon, avec leurs rictus tordus mais si différents, semble être celui empli de surprise de deux civilisations qui n’avaient pas conscience l’une de l’autre et se retrouvent subitement nez à nez, mesurant toute leur altérité.
La saveur de ce salon (le terme est plus gracieux que « foire »), plus qu’en peinture, c’est dans les autres domaines de l’art qu’on la trouve : mobilier, design, objets d’art, archéologie, arts dits premiers, tout cela cohabite dans un joyeux méli-mélo. La peinture moderne figure cependant en bonne place et quelques incursions dans le contemporain sont permises, en accord avec la tendance générale du marché.
Ainsi, chez De Jonckheere – peintures anciennes des écoles du Nord – l’incursion reste timide, et c’est tant mieux, mais elle est bien là : deux portraits de Luther et Melanchthon par Lucas Cranach le Jeune côtoient deux petits Fontana de formats équivalents mais on ne peut plus colorés et laconiques dans leur monochromie acidulée, tranchant ironiquement avec l’assurance et l’austérité luthérienne de la première moitié du XVIe siècle. Tancrède Hertzog