Le Grand Numéro de Chanel

Joel Sternfeld
New York City (#2), 1976
Impression pigmentaire, 96 x 114cm
Collection CHANEL
© 2011 Joel Sternfeld
Joel Sternfeld New York City (#2), 1976 Impression pigmentaire, 96 x 114cm Collection CHANEL © 2011 Joel Sternfeld
Grant Levy-LuceroCHANEL No. 5, 2018Céramique et grès émaillé,68.6 x 33 x 34.3 cmCollection CHANELCourtesy Grant Levy-Lucero etNight Gallery, Los Angeles Chanel et le parfum ? Une longue histoire d’amour : Coco, qui débuta (qui surgit !) dans l’univers de la mode en 1910, débuta dans celui des parfums en 1921 (surgissement bis) ; mais c’est aussi une longue histoire d’humour. On ne soulignera jamais assez que certaines figures essentielles de l’Histoire, car radicales, sont pleines d’espièglerie : Beethoven, Proust, Picasso, et donc aussi – sans même parler de Marcel Duchamp – Gabrielle Chanel. Qui, drôle de fée parfois féroce, fit de bobines de fils enfilées sur un fil (c’est ainsi reliées qu’elles roulent souvent sur les tables des couturières) des colliers pour la pièce de théâtre Œdipe roi de Jean Cocteau, en 1937 ? Elle. Elle encore qui, là-haut, penchée sur la balustrade d’une étoile, large sourire, semble agiter ses mains pour nous faire entrer là, non loin de la Tour Eiffel, dans ce Grand Palais Éphémère où l’on présente, plus éphémère encore, plus rare qu’une comète, unique !, « Le Grand Numéro de CHANEL ». Il souffle ici, entre ces lions à la patte douce, entre ces flacons familiers mais géants et dignes d’une production de l’Opéra Bastille, le même esprit magicien qui nous fait depuis longtemps savourer les films publicitaires de la Maison, ceux du N°5 notamment (oh la joie communicative de Carole Bouquet dirigée tour à tour par Ridley Scott, Bettina Rheims, Gérard Corbiau !…). Nous voici donc sous...
Grant Levy-Lucero
CHANEL No. 5, 2018
Céramique et grès émaillé,
68.6 x 33 x 34.3 cm
Collection CHANEL
Courtesy Grant Levy-Lucero et 
Night Gallery, Los Angeles
Grant Levy-Lucero
CHANEL No. 5, 2018
Céramique et grès émaillé,
68.6 x 33 x 34.3 cm
Collection CHANEL
Courtesy Grant Levy-Lucero et
Night Gallery, Los Angeles

Chanel et le parfum ? Une longue histoire d’amour : Coco, qui débuta (qui surgit !) dans l’univers de la mode en 1910, débuta dans celui des parfums en 1921 (surgissement bis) ; mais c’est aussi une longue histoire d’humour. On ne soulignera jamais assez que certaines figures essentielles de l’Histoire, car radicales, sont pleines d’espièglerie : Beethoven, Proust, Picasso, et donc aussi – sans même parler de Marcel Duchamp – Gabrielle Chanel. Qui, drôle de fée parfois féroce, fit de bobines de fils enfilées sur un fil (c’est ainsi reliées qu’elles roulent souvent sur les tables des couturières) des colliers pour la pièce de théâtre Œdipe roi de Jean Cocteau, en 1937 ? Elle. Elle encore qui, là-haut, penchée sur la balustrade d’une étoile, large sourire, semble agiter ses mains pour nous faire entrer là, non loin de la Tour Eiffel, dans ce Grand Palais Éphémère où l’on présente, plus éphémère encore, plus rare qu’une comète, unique !, « Le Grand Numéro de CHANEL ».

Il souffle ici, entre ces lions à la patte douce, entre ces flacons familiers mais géants et dignes d’une production de l’Opéra Bastille, le même esprit magicien qui nous fait depuis longtemps savourer les films publicitaires de la Maison, ceux du N°5 notamment (oh la joie communicative de Carole Bouquet dirigée tour à tour par Ridley Scott, Bettina Rheims, Gérard Corbiau !…). Nous voici donc sous un chapiteau de cirque, à un carrefour enchanté, sur une scène circulaire, dans un monde riche en surprises et même en surprises des plus riches, à l’instar des fragrances éminemment façonnées de la Maison ; et c’est en elles, à la fois essences et mythes, qu’il s’agit, pour la première fois ou non, de plonger allègrement. On entrera ainsi, on s’évadera successivement dans les espaces consacrés à Bleu de Chanel, Coco Mademoiselle et Chance – mystère, séduction, jeu –, avant d’aller reprendre toute la mesure d’une vie et d’une grammaire d’exception dans l’espace consacré à la gamme Les Exclusifs, soit dix-huit parfums à l’air de famille indéniable (serait-ce le jasmin ?), ancestraux ou récents, qui tous redisent le talent et la liberté de Gabrielle Chanel, l’amoureuse devant l’Éternel, la collectionneuse d’art asiatique, l’amie de Misia Sert, la créatrice de parures qui bousculèrent ces messieurs de la Place Vendôme, l’amie des soleils du Sud… Et bien sûr, last but not least, un tableau de ce spectacle immersif est dédié à l’aîné des fragrances de Chanel, 5. Créé par Ernest Beaux il y a plus de cent ans, ce jus que Mademoiselle avait voulu aussi construit qu’une robe et aussi purement présenté qu’un élixir dans un nécessaire de voyage du XVIIIe siècle – repoussant loin les parfums monofloraux de son temps et leurs contenants compliqués –, ce jus sur l’opulence mystérieuse duquel ont veillé ensuite les autres « nez » de la Maison, Henri Robert, Jacques Polge et aujourd’hui Olivier Polge, est devenu iconique. En témoignent ici (mais combien d’autres œuvres éloquentes aurait-on pu choisir !) cette photographie de John Sternfeld de 1976, New York City (#2), à l’arrière-plan de laquelle Catherine Deneuve et son flacon de N°5 veillent, tel un point fixe dans un quotidien agité ; et cette amphore de Grant Levy Lucero de 2018, Chanel N°5, résumé léger du caractère à la fois éternel et actuel du parfum que la couturière nomma ainsi – espièglerie vous dis-je ! – (mais on dit qu’il y a d’autres explications possibles) car ce fut la cinquième proposition qu’on lui avait… fête. B. D.

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