Vu à Art Paris 2015

Guillaume Durrieu, Sans titre 05
Guillaume Durrieu, Sans titre 05
Par Tancrède Hertzog Tancrède Hertzog Après la Biennale des Antiquaires, la FIAC et Paris Photo cet automne, Art Paris est le quatrième salon d’art international à prendre place sous les hautes voûtes cerclées de fer du Grand Palais de Paris. L’illustre monument de pierre et de verre semble séduire les pontes du marché de l’art. Son imposante présence propice au rêve favoriserait-elle les ventes ? En tout cas, plus d’un marchand d’art londonien s’est plaint ces dernières années que la métropole d’outre-manche ne possède pas de bâtiment équivalent pour y organiser foires et salons… On se bouscule donc pour faire ses ventes au Grand Palais. Pour se démarquer des trois autres évènements susmentionnés qui s’y déroulent également, Art Paris a pris le parti d’occuper non pas les mois de rentrée mais l’autre moment phare du calendrier artistique mondial, la fin du mois de mars et le début du mois d’avril. Cependant, la place est loin d’être totalement libre : Paris Beaux-Arts et Salon du Dessin à Paris, ventes d’avril à Londres, TEFAF à Maastricht, l’actualité artistique est conséquente depuis ces dernières semaines. Mais l’atmosphère majestueuse du Grand Palais fonctionne à chaque fois : Art Paris est un mélange éclectique de toutes les tendances de l’art contemporain, ouvert aux galeries émergentes ou moins célèbres même si l’on y trouve aussi les grands noms du milieu. En chiffres, cela donne 145 galeries proposant au public avide des acheteurs ou curieux des amateurs près de 1 600 œuvres. On y sent...

Par Tancrède Hertzog

Tancrède Hertzog
Tancrède Hertzog

Après la Biennale des Antiquaires, la FIAC et Paris Photo cet automne, Art Paris est le quatrième salon d’art international à prendre place sous les hautes voûtes cerclées de fer du Grand Palais de Paris. L’illustre monument de pierre et de verre semble séduire les pontes du marché de l’art. Son imposante présence propice au rêve favoriserait-elle les ventes ? En tout cas, plus d’un marchand d’art londonien s’est plaint ces dernières années que la métropole d’outre-manche ne possède pas de bâtiment équivalent pour y organiser foires et salons…

On se bouscule donc pour faire ses ventes au Grand Palais. Pour se démarquer des trois autres évènements susmentionnés qui s’y déroulent également, Art Paris a pris le parti d’occuper non pas les mois de rentrée mais l’autre moment phare du calendrier artistique mondial, la fin du mois de mars et le début du mois d’avril. Cependant, la place est loin d’être totalement libre : Paris Beaux-Arts et Salon du Dessin à Paris, ventes d’avril à Londres, TEFAF à Maastricht, l’actualité artistique est conséquente depuis ces dernières semaines.

Mais l’atmosphère majestueuse du Grand Palais fonctionne à chaque fois : Art Paris est un mélange éclectique de toutes les tendances de l’art contemporain, ouvert aux galeries émergentes ou moins célèbres même si l’on y trouve aussi les grands noms du milieu.

En chiffres, cela donne 145 galeries proposant au public avide des acheteurs ou curieux des amateurs près de 1 600 œuvres.

On y sent bien les dernières tendances d’un marché de l’art qui affiche toujours, année après année, une insolente bonne santé : surfant sur cette vague, Art Paris a décidé, pour son édition 2015, de mettre en avant l’Asie du Sud-Est, ce nouvel eldorado de la croissance dont le développement économique a amené son flot de nouveaux riches, de néo-collectionneurs et, plus intéressant, d’artistes contemporains.

Li Hongbo, Homère, 2014, galerie A. Benamou - V. Maxé
Li Hongbo, Homère, 2014, galerie A. Benamou – V. Maxé

A la galerie A. Benamou – V. Maxé, l’un d’eux, le Chinois Li Hongbo semble de prime abord un artiste néoclassique, égaré dans cette halle du tout-nouveau : il a posé au milieu de la galerie un buste de Homère en tous points identique aux portraits antiques du poète grec. Le décalage, l’originalité qui fait souvent le cachet contemporain n’est pas ici dans la forme : à y regarder de plus près, on aperçoit que ce buste blanc est fait d’une matière qui était inconnue aux Grecs comme aux sculpteurs néoclassiques. Une sorte de pâte feuilletée caoutchouteuse qui s’étire tel un accordéon quand on la soulève : d’un coup, le pauvre Homère stoïquement campé sur son piédouche se trouve happé, décomposé et éparpillé ; à la manière des figures de certains tableaux de Bacon dont on a l’impression qu’elles sont brouillées, qu’elles se répandent dans l’espace, le visage de notre poète se décompose soudain comme s’il était attiré par une faille spatio-temporelle qui voudrait le rappeler du Grand Palais à la Grèce d’il y a trois mille ans.

Jim Dine, Balloons, A True Story, 2014, galerie Daniel Templon
Jim Dine, Balloons, A True Story, 2014, galerie Daniel Templon

A la galerie parisienne de Daniel Templon, l’Américain Jim Dine fait de la peinture colorée mais brute aves ses Balloons peints l’année dernière. C’est de l’abstraction colorée terreuse et fanée, des ballons de baudruche à la surface râpeuse, qui n’ont jamais pu voler et qui bouchent presque complètement la surface d’une toile carrée : un étalage de peinture estompée bien maîtrisé par un vieux maître du pop art américain.

En France, on semble encore apprécier les non-couleurs, cette sobriété toute parisienne en blanc et noir qui répond bien, il faut l’admettre, à la grisaille ambiante, du ciel comme de l’économie : voici un jeune émule de Soulages. Guillaume Durrieu, né en 1980, ne manie que les nuances de gris, qu’il applique en d’amples barres droites sur ses toiles. Celles-ci deviennent intéressantes quand il les peints un peu désaxées, ce qui donne sa meilleure œuvre, où elles s’agencent comme un assemblage grossier de planches de bois. Fortes de cet équilibre un peu précaire, leur disposition concentrique sur la toile crée une belle profondeur qui attire l’œil dans cette espèce de cabane ou de cage de bois, dont on apprécie, malgré sa monochromie, une véritable qualité dans la modulation des tons, qui se dégradent du noir au gris-blanc au fur et à mesure que la brosse du peintre se rapproche du centre lumineux. On y verrait presque de la couleur.

Guillaume Durrieu, Sans titre 05, 2013, galerie Rabouan Moussion
Guillaume Durrieu, Sans titre 05, 2013, galerie Rabouan Moussion

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