« In fine » de Francesca Piqueras

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Petropavlovsk 6 La Galerie de l’Europe à Paris présente du 24 avril au 6 juin la nouvelle série de Francesca Piqueras, photographe dont le travail sur les structures marines et les architectures navales abandonnées a fait l’objet d’une rétrospective remarquée cet automne, dans le cadre de la programmation “Art Now” du Palazzo Ducale de Massa (Italie). La nouvelle série qu’elle présente à la Galerie de l’Europe est intitulée "in fine", expression latine à prendre ici dans son sens littéral, où la préposition latine "in" signifie "dedans". Ce n’est donc pas "à la fin" que Francesca Piqueras nous invite à plonger le regard, mais bien "dans la fin", "à l’intérieur de la fin", au cœur même du processus de destruction qui conduit jusqu’à la décomposition totale des épaves dont elle a fait son sujet de prédilection. Petropavlovsk 5 Ce projet, qu’elle poursuit avec une remarquable constance depuis plusieurs années, l’a conduite dans un univers bien différent de ceux qu’elle avait jusqu’alors exploré, sur les rives du lac Baïkal et à Petropavlovsk, à l’extrême Est de la Russie (péninsule du Kamchatka). Ici, ce ne sont plus les vagues bleues et vertes qui heurtent les coques délabrées. Sous ces latitudes l’océan se fige en glace, enserrant d’un flot immobile de la blancheur des linceuls les navires à l’abandon. Ces machines puissantes, esclaves d’acier devenus inutiles, sont condamnés à croupir dans le froid et les vapeurs toxiques des fumées noires que crachent des cheminées d’usine datant...
Petropavlovsk 6

La Galerie de l’Europe à Paris présente du 24 avril au 6 juin la nouvelle série de Francesca Piqueras, photographe dont le travail sur les structures marines et les architectures navales abandonnées a fait l’objet d’une rétrospective remarquée cet automne, dans le cadre de la programmation “Art Now” du Palazzo Ducale de Massa (Italie).

La nouvelle série qu’elle présente à la Galerie de l’Europe est intitulée « in fine« , expression latine à prendre ici dans son sens littéral, où la préposition latine « in » signifie « dedans« . Ce n’est donc pas « à la fin » que Francesca Piqueras nous invite à plonger le regard, mais bien « dans la fin« , « à l’intérieur de la fin« , au cœur même du processus de destruction qui conduit jusqu’à la décomposition totale des épaves dont elle a fait son sujet de prédilection.

Petropavlovsk 5

Ce projet, qu’elle poursuit avec une remarquable constance depuis plusieurs années, l’a conduite dans un univers bien différent de ceux qu’elle avait jusqu’alors exploré, sur les rives du lac Baïkal et à Petropavlovsk, à l’extrême Est de la Russie (péninsule du Kamchatka). Ici, ce ne sont plus les vagues bleues et vertes qui heurtent les coques délabrées. Sous ces latitudes l’océan se fige en glace, enserrant d’un flot immobile de la blancheur des linceuls les navires à l’abandon. Ces machines puissantes, esclaves d’acier devenus inutiles, sont condamnés à croupir dans le froid et les vapeurs toxiques des fumées noires que crachent des cheminées d’usine datant de l’ère soviétique.

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Elles agonisent lentement sous les fenêtres de cités brejnéviennes parées de couleurs pastel qui ne parviennent pas à en égayer les murs. Sur ce littoral de tous les extrêmes où les histoires s’entrechoquent – celles de l’orient et de l’occident, du communisme et du capitalisme – les images de Francesca Piqueras saisissent les traces du « Prométhée déchaîné » d’Hans Jonas, qui considère le monde comme simple réservoir de ressources pour alimenter sa puissance technicienne, qui produit toujours plus de déchets que de richesses, détruit plus qu’il ne parvient à construire, broyant jusqu’à ceux qui l’ont fidèlement servi.

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