BLUSH
Marta Zgierska
Marta Zgierska a commencé son activité artistique en 2012, après avoir obtenu son diplôme en photographie à l’École nationale de cinéma de Lodz et une maîtrise en théâtre et journalisme à l’Université Marie Curie-Sklodowska de Lublin.
Sa série la plus connue, intitulée Post (2013-2016), renvoie à son expérience personnelle suite à un grave accident de voiture en 2013, suivi de plusieurs mois de psychothérapie et de réhabilitation. Ce travail lui a valu le prestigieux Prix HSBC pour la Photographie en 2016 et a fait l’objet de nombreuses grandes expositions internationales. La série Post, imprégnée de rêves et d’obsessions dans une atmosphère de silence suspendu, invente un langage visuel et une esthétique, devenue la signature de l’artiste.
Le corps de Marta Zgierska est souvent le point de départ de l’action créatrice et matière première dans sa pratique artistique, à travers des étapes performatives qui lui permettent de faire converger à la fois la mémoire de l’expérience traumatique, le caractère du médium photographique et la confrontation avec la réalité.
Ses séries suivantes sont créées à partir de prises de vue effectuées lors de performances longues et exténuantes, impliquant l’application de différents matériaux sur son propre visage ou sur son corps.
Ces matériaux, tels que le plâtre, le tissu, les masques de beauté et la cire chaude, chargés de contenu sémantique, génèrent des autoportraits non conventionnels sous la forme de masques isolés dans la théâtralité de la mise en scène. Loin des masques tragiques grecs ou de l’expressivité du XIXe siècle, les masques de Marta Zgierska prennent vie dans la paradoxale ambiguïté entre puissance et fragilité.
La série Afterbeauty (2018) est réalisée à partir de masques de beauté après leur utilisation. La performance est poussée à l’extrême par un processus de répétition et un rituel de superposition de couches sur la peau, répétés jusqu’aux limites du physiquement supportable, jusqu’à devenir nuisibles pour la peau. Le résultat photographique est l’image d’une matière colorée à première vue abstraite.
Les masques Afterbeauty, comme des enveloppes de chair, dont l’ambiguïté est renforcée par l’agrandissement de l’échelle, amènent le spectateur vers une pure expérience esthétique et questionnent la notion de beauté féminine.
A travers la série Votive Figure (2019), Marta Zgierska se réfère à la tradition de l’offrande religieuse faite dans l’accomplissement d’un voeu ou dans la quête de guérison ou de protection. Dans la culture populaire religieuse, ces représentations prennent souvent la forme de reproductions modélisées de parties du corps ou d’organes blessés et la cire commémore l’aide spirituelle dans un domaine particulier – perte de la vue, fertilité, membres arthritiques. Ce contexte traditionnel est utilisé par Marta Zgierska dans son récit. En couvrant son propre corps d’une coquille de cire, l’artiste renverse les modèles religieux en devenant elle-même une figure de dévotion et en suggérant un sacrifice de son corps à un Dieu nouveau : la Beauté. L’artiste explore ainsi les canons de la beauté et remet en cause la pression que la société contemporaine exerce sur l’image de la femme.
Zgierska utilise intentionnellement un langage visuel esthétisant associé à l’industrie cosmétique et aux formes contemporaines de communication telles qu’Instagram, afin de désorienter le spectateur. Par le contraste entre l’aspect esthétique de ses œuvres et le processus physique, pénible, et brut, caché sous un beau revêtement, elle nous invite à réfléchir sur la superficialité de la perception humaine moderne.
26 septembre – 17 novembre 2019
Gowen Contemporary 4, rue Jean-Calvin, 1204 Genève / Tél: 079 330 17 54
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