BALI, L’ENVERS DU DÉCOR…

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Qui ne s’est plongé dans la lecture surannée d’un guide de voyage vantant à coups de clichés « exotiques » Bali, « l’île bénie des dieux »… Les nostalgiques se souviennent peut-être avec délectation des pages enflammées d’Antonin Artaud succombant à l’horlogerie presque « mathématique » des danses balinaises, au hiératisme et à la solennité de ces rituels, comme surgis du fin fond des mémoires, archaïques, sauvages et prodigieusement sophistiqués tout à la fois… Hélas, Bali n’est plus tout à fait cette parenthèse enchantée, cette terre paradisiaque saturée de beauté où tout respirait l’harmonie, la sérénité, le sacré. À Ubud – qui était il y a encore peu La Mecque des artistes et des esthètes – les antiquaires et les galeries de peintures cèdent peu à peu la place aux marchands de pacotilles et de tongs australiennes ! À l‘ombre du palais royal, les représentations du Ramayana et du Mahabharata se métamorphosent en simulacres et en pantomimes destinées à amuser la galerie. Quant aux rizières étagées qui faisaient autrefois le délice des promeneurs et des photographes, elles sont désormais masquées sur des kilomètres par des devantures d’échoppes on ne peut plus disgracieuses… Et pourtant, par l’un de ces instants de grâce d’autant plus miraculeux qu’il est imprévisible, le temps semble soudain suspendu au détour d’une procession ou d’une fête de temple. Un après-midi de juillet, sous des cieux menaçants, à quelques encablures du petit village de Kelating, hommes, femmes et enfants vêtus comme des princes s’apprêtaient à accueillir deux nouveaux prêtres dans leur communauté. La lumière était splendide sur cette plage de sable noir et l’air vibrait de prières, de chants et de piété. Ce jour-là, Bali était bel et bien redevenue « l’île bénie des...

artpassions_berenice_bali_700x380Qui ne s’est plongé dans la lecture surannée d’un guide de voyage vantant à coups de clichés « exotiques » Bali, « l’île bénie des dieux »… Les nostalgiques se souviennent peut-être avec délectation des pages enflammées d’Antonin Artaud succombant à l’horlogerie presque « mathématique » des danses balinaises, au hiératisme et à la solennité de ces rituels, comme surgis du fin fond des mémoires, archaïques, sauvages et prodigieusement sophistiqués tout à la fois…

Hélas, Bali n’est plus tout à fait cette parenthèse enchantée, cette terre paradisiaque saturée de beauté où tout respirait l’harmonie, la sérénité, le sacré.

artpassions_berenice_bali_700x400À Ubud – qui était il y a encore peu La Mecque des artistes et des esthètes – les antiquaires et les galeries de peintures cèdent peu à peu la place aux marchands de pacotilles et de tongs australiennes ! À l‘ombre du palais royal, les représentations du Ramayana et du Mahabharata se métamorphosent en simulacres et en pantomimes destinées à amuser la galerie. Quant aux rizières étagées qui faisaient autrefois le délice des promeneurs et des photographes, elles sont désormais masquées sur des kilomètres par des devantures d’échoppes on ne peut plus disgracieuses…

artpassions_berenice_bali_700x460Et pourtant, par l’un de ces instants de grâce d’autant plus miraculeux qu’il est imprévisible, le temps semble soudain suspendu au détour d’une procession ou d’une fête de temple. Un après-midi de juillet, sous des cieux menaçants, à quelques encablures du petit village de Kelating, hommes, femmes et enfants vêtus comme des princes s’apprêtaient à accueillir deux nouveaux prêtres dans leur communauté. La lumière était splendide sur cette plage de sable noir et l’air vibrait de prières, de chants et de piété. Ce jour-là, Bali était bel et bien redevenue « l’île bénie des dieux », loin des fureurs assassines et du fracas des armes…

Bérénice Geoffroy-Schneiter

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