Le Baroque des Lumières au Petit Palais, à Paris

In Artpassions Web Avril 2017
la Naissance de la Vierge de Jean Restout
Le Baroque des Lumières au Petit Palais, à Paris Saint Jean Baptiste de François Lemoyne Un titre peut en cacher un autre. Que contient le plus célèbre ouvrage d’Heinrich Wölfflin, Principes fondamentaux de l’histoire de l’art ? Il ne s’agit ni d’un manifeste, ni d’un manuel destiné à l’amateur débutant ou au parfait arpenteur de musées, mais de l’un des premiers essais à lire pour comprendre la manière – ou la manière de voir – baroque. Relisons le sous-titre : Le problème de l’évolution du style dans l’art moderne. De même, méfions-nous du beau titre de la belle exposition qui se tient jusqu’au 16 juillet au Petit Palais, à Paris : Le Baroque des Lumières. Ne devinons pas derrière le premier nom cette fusion architecture-sculpture-peinture qui caractérise, par exemple, la chapelle Cornaro de Bernin ; ne voyons pas derrière le second la mise en avant, par quelques lettrés, de l’immanence humaine face aux transcendances politiques et religieuses ; lisons-les davantage en aval : car si, conformément à l’étymologie si souvent proposée, vous associez le mot « baroque » à quelque perle irrégulière, et si vous vous rappelez que les Lumières se proposèrent de combattre les préjugés, alors ce titre vous satisfera. À quelques délicieuses exceptions près (je songe à une reliure de maroquin noir, à l’origine argentée et dorée, à décor de têtes de morts et de larmes, l’enveloppe d’un livre liturgique provenant du trésor de Notre-Dame, pour Des Esseintes), ne sont présentées ici que des œuvres peintes, – mais...

Le Baroque des Lumières au Petit Palais, à Paris

Saint Jean Baptiste
Saint Jean Baptiste de François Lemoyne

Un titre peut en cacher un autre. Que contient le plus célèbre ouvrage d’Heinrich Wölfflin, Principes fondamentaux de l’histoire de l’art ? Il ne s’agit ni d’un manifeste, ni d’un manuel destiné à l’amateur débutant ou au parfait arpenteur de musées, mais de l’un des premiers essais à lire pour comprendre la manière – ou la manière de voir – baroque. Relisons le sous-titre : Le problème de l’évolution du style dans l’art moderne. De même, méfions-nous du beau titre de la belle exposition qui se tient jusqu’au 16 juillet au Petit Palais, à Paris : Le Baroque des Lumières. Ne devinons pas derrière le premier nom cette fusion architecture-sculpture-peinture qui caractérise, par exemple, la chapelle Cornaro de Bernin ; ne voyons pas derrière le second la mise en avant, par quelques lettrés, de l’immanence humaine face aux transcendances politiques et religieuses ; lisons-les davantage en aval : car si, conformément à l’étymologie si souvent proposée, vous associez le mot « baroque » à quelque perle irrégulière, et si vous vous rappelez que les Lumières se proposèrent de combattre les préjugés, alors ce titre vous satisfera. À quelques délicieuses exceptions près (je songe à une reliure de maroquin noir, à l’origine argentée et dorée, à décor de têtes de morts et de larmes, l’enveloppe d’un livre liturgique provenant du trésor de Notre-Dame, pour Des Esseintes), ne sont présentées ici que des œuvres peintes, – mais quelle variété déployée ! Goutez donc la Naissance de la Vierge de Jean Restout avant le Saint Jean Baptiste de François Lemoyne, plus loin le Retour du fils prodigue de Jean-Germain Drouais et, dans la dernière salle, un Christ en croix de David… Ce choix, auquel l’Histoire à la fois destructrice et constructrice présida la première, donne une idée de la production d’une capitale où fleurit, de Nicolas de Largillière à Joseph-Marie Vien et de Watteau à Fragonard, une peinture diverse mais tenue – comme la perle ! – par une technique en tout point admirable ; la peinture assurée d’un siècle qui, n’en déplaise à ceux qui lissent ou tranchent à outrance, ne fut pas seulement celui du cher libertinage et du sublime désenchantement, de l’indispensable Voltaire et de l’indispensable Rousseau, mais qui fut encore attaché à la religion, aux vieux autels à fleurir, à ses nouveaux retables raffinés, parfois même étonnants. Lisons : Chefs-d’œuvre des églises parisiennes au XVIIIe siècle, voici le sous-titre de cette exposition à voir, délectable et didactique.

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