L’INVITÉE D’ARTPASSIONS- Sonia Zannettacci

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En 1980, elle ouvre sa galerie dans la vieille ville de Genève pour y montrer le travail d’artistes-amis dont, depuis les années soixante, elle a eu l’occasion de suivre l’évolution, tout naturellement, lors de visites et réunions amicales. Les uns sont associés à la Figuration Narrative, les autres au Nouveau Réalisme ou certains au groupe Panique. Parallèlement à ces peintres du présent, elle expose des photographes du début du XXe siècle ainsi qu’une toute jeune artiste genevoise, Béatrice Helg qui entrera vite dans le cercle des amis. La plupart se trouvent aujourd’hui réunis dans l’exposition « Aux confins du réel » qui s’est ouverte le 4 mars. Comment voyez-vous l’évolution du monde de l’art avec les périodes troubles que nous vivons ? La situation dans laquelle la pandémie nous a plongés est attristante et pénible, d’autant plus que nous dépendons de décisions administratives parfois difficilement compréhensibles. Pourquoi nos musées et nos galeries ont-ils été contraints de fermer leurs portes alors que les fleuristes ont été autorisés à laisser les leurs ouvertes ? En quoi les fleurs sont-elles davantage des produits de première nécessité que les oeuvres d’art ? C’est aberrant mais nous devons accepter ces incohérences en espérant que le respect de toutes les injonctions associées à une vaccination massive amènera la levée des restrictions et le retour à une vie normale, quasi normale serait plus pertinent car il ne suffit pas de rouvrir nos portes pour voir revenir les collectionneurs. Il leur faudra du temps comme à tous pour...

En 1980, elle ouvre sa galerie dans la vieille ville de Genève pour y montrer le travail d’artistes-amis dont, depuis les années soixante, elle a eu l’occasion de suivre l’évolution, tout naturellement, lors de visites et réunions amicales. Les uns sont associés à la Figuration Narrative, les autres au Nouveau Réalisme ou certains au groupe Panique. Parallèlement à ces peintres du présent, elle expose des photographes du début du XXe siècle ainsi qu’une toute jeune artiste genevoise, Béatrice Helg qui entrera vite dans le cercle des amis. La plupart se trouvent aujourd’hui réunis dans l’exposition « Aux confins du réel » qui s’est ouverte le 4 mars.

Comment voyez-vous l’évolution du monde de l’art avec les périodes troubles que nous vivons ?
La situation dans laquelle la pandémie nous a plongés est attristante et pénible, d’autant plus que nous dépendons de décisions administratives parfois difficilement compréhensibles. Pourquoi nos musées et nos galeries ont-ils été contraints de fermer leurs portes alors que les fleuristes ont été autorisés à laisser les leurs ouvertes ? En quoi les fleurs sont-elles davantage des produits de première nécessité que les oeuvres d’art ? C’est aberrant mais nous devons accepter ces incohérences en espérant que le respect de toutes les injonctions associées à une vaccination massive amènera la levée des restrictions et le retour à une vie normale, quasi normale serait plus pertinent car il ne suffit pas de rouvrir nos portes pour voir revenir les collectionneurs. Il leur faudra du temps comme à tous pour reprendre un rythme de vie ordinaire. Mais si nous, galeristes, malgré les difficultés auxquelles nous devons faire face, nous arrivons à résister, nous aurons de beaux jours devant nous. Ayant, par la force des choses, pris conscience qu’il n’est pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour découvrir ce qui, bien souvent, se trouve dans une galerie à deux pas de chez eux où l’accueil est plus chaleureux et satisfaisant que dans la cohue d’une foire, les amateurs et les collectionneurs reviendront plus nombreux que par le passé. Il est vraisemblable que seules les foires les plus grandes perdureront.

Aussi loin que vos souvenirs remontent, quelle a été votre première émotion artistique?
Je ne pourrais pas assurer que ce soit ma première émotion artistique mais je me souviens parfaitement de ma première rencontre avec la Bataille de San Romano (le panneau du Louvre). Déambulant avec mes parents dans les salles du Louvre, je me suis littéralement figée, toute petite, devant cette grande peinture où le rouge domine dans un scintillement d’argent et au centre de laquelle se tient un splendide cheval noir, point d’équilibre entre la rectitude des lances et la rondeur des croupes des chevaux qu’il semble entraîner dans son mouvement. À la réflexion, je crois que c’est le jeu des lances qui m’a subjuguée.

Quel courant artistique vous influence le plus… ?
DADA! Plus que d’influence, il s’agit de convergence, d’affinité avec ce mouvement cosmopolite constitué d’hommes attachés à la liberté, au jeu, à l’humour, laissant libre cours à leur imagination, sans entrave, sans contrainte, qui étaient capables de réaliser avec le plus grand sérieux des actions extravagantes. Poètes, sculpteurs-assembleurs ou peintres, toutes leurs recherches avaient droit de cité, et cela me plaît infiniment.

Vos oeuvres incontournables ?
Les artistes incontournables, ceux qui changent notre regard, qui enrichissent notre expérience du Monde, il serait présomptueux d’en vouloir établir la liste. Chaque siècle porte sa constellation de compositeurs, écrivains, peintres, disruptifs et marquants. Parmi ceux qu’a vu naître le vingtième siècle, je choisis Matisse pour la sérénité et le sentiment de bonheur qui émanent de ses oeuvres quelle qu’en soit la technique : papiers découpés, peintures ou dessins, quel qu’en soit le sujet : un intérieur, une fenêtre ouverte ou même des poissons dans un bocal.

Êtes-vous collectionneuse ? Vos rapports avec les objets d’art?
Oui, je suis collectionneuse. Il m’est difficile de me séparer des objets qui m’entourent ; j’ai tendance à tout conserver. Mon appartement ne connaît pas le vide, ma chambre est un véritable capharnaüm où s’accumulent tableaux, dessins, photos, objets, importants ou non, entre Delacroix et Pikachu pas de préséance. Certains sont accrochés, d’autres appuyés contre un mur, d’autres posés en équilibre dans la bibliothèque, ensemble ils tissent un cocon de souvenirs protecteurs dans lequel je me sens bien.

Un artiste que vous auriez aimé rencontrer?
Rothko.

Quelle exposition conseilleriez-vous actuellement? (hors les vôtres)
J’invite, dès que les musées rouvriront, à profiter de cette période incertaine quant à l’ouverture des frontières, pour aller au Kunstmuseum de Bâle ou au Kunsthaus de Zurich voir ou revoir leurs somptueuses collections permanentes et plus près de chez nous, à aller à la Fondation Baur découvrir la fabuleuse collection de jades qui y est présentée.

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